Avenir de la profession infirmière : Entretien exclusif avec Nora Berra

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Universitarisation des études infirmières, salaires, Ordre infirmier, coopération entre professionnels de santé…La secrétaire d’Etat chargée de la Santé répond aux questions d’ActuSoins : 

Nora Berra, secrétaire d’Etat chargée de la Santé – © Furound CC

ActuSoins : Les premiers diplômés de la toute nouvelle licence en soins infirmiers sortiront en 2012. La réingénierie des spécialités est en cours. Quel bilan d’étape ?

Nora Berra : Nous allons bientôt accueillir dans les services une nouvelle promotion d’infirmiers et d’infirmières qui ont bénéficié de la nouvelle formation, reconnue au niveau licence, comme s’y était engagé le Président de la République.

Je sais que cette nouvelle formation a nécessité un investissement et des efforts de tous : je pense aux directeurs d’instituts bien sûr, mais aussi à leurs collègues infirmiers qui ont accueilli et accompagné ces étudiants dans les différents services.

Je sais que cela n’a pas été toujours facile, et je veux remercier ici tous ceux qui ont contribué à ce changement important. Je reste convaincue qu’il fallait mettre en place la nouvelle formation dès 2009, c’est une réforme qu’attendaient les infirmiers depuis longtemps, et je suis satisfaite de  voir ces jeunes infirmiers exercer leur métier.

Vous l’avez dit, la réingénierie ne s’arrête pas aux infirmiers diplômés d’Etat. Les formations d’infirmier spécialisé, et les autres formations paramédicales, sont aussi concernées par ce processus.

C’est un travail assez long, et qui rencontre parfois des obstacles car il nécessite de faire des choix, d’autant qu’il s’agit bien de refondre les formations en se concentrant sur les compétences requises, et non de les rallonger. Mais c’est aussi un travail très intéressant : à cette occasion, c’est chaque métier qui est réinterrogé sur son champ d’exercice et sur ses relations avec les autres métiers.

C’est d’ailleurs à cette occasion que nous avons décidé de poser sur la table le sujet du champ d’exercice des IBODE. Vous le savez, nous venons de saisir la Fédération des Spécialités Médicales sur la perspective d’une exclusivité d’exercice pour les infirmiers de bloc diplômés d’Etat. C’est important, car bien plus qu’un niveau d’études, qui je crois a pris trop de poids dans notre pays, ce qui compte c’est le champ d’exercice de chacun. Elle est là l’identité d’un métier.

J’attends beaucoup de cette démarche, qui est très utile et très complémentaire à la démarche de réingénierie des études.

Quid de la création d’autres Masters infirmiers ? Est-ce envisagé ? A quel terme ?

Des masters infirmiers il y en a déjà : je pense à ceux qui sont portés par l’Université d’Aix-Marseille en lien avec l’Ecole des hautes études en santé publique. Il est très probable que d’autres Masters seront créés par les universités, et que progressivement tous les professionnels paramédicaux pourront, s’ils le souhaitent, bénéficier de telles formations complémentaires–là où jusqu’à présent ils accédaient à des DU, des DIU.

Ce n’est donc pas la création de Masters qui est en question, puisque les universités sont d’ores et déjà libres de le faire.

Mais vous voulez sûrement parler du niveau universitaire des formations paramédicales en cours de réingiénierie, c’est-à-dire quel niveau d’études proposer, à l’avenir, aux personnes qui  voudront exercer ces métiers. Car c’est bien cela ce dont on parle : le socle de formation minimale pour exercer nos métiers réglementés sans forcément rallonger les études

Mais rien n’empêche ensuite, comme je l’ai dit, qu’au cours de sa carrière on puisse envisager des formations complémentaires, de type master, en fonction du projet professionnel de chacun.

Parallèlement, comme dans les autres filières médicales ou paramédicales, nous lançons le Développement Personnel Continu qui va permettre d’actualiser l’état de ses connaissances ou de ses pratiques. L’objectif est d’être performant tout au long de sa vie professionnelle en tenant compte des avancées de la recherche, des avancées cliniques, ou de prise en charge. Le DPC a ainsi toute sa place devant l’evolution inéuctable des metiers. 

L’encadrement des étudiants du nouveau programme de formation en stage pose parfois  problème, avec notamment un tutorat lourd complexe à mettre en œuvre dans les services par les professionnels diplômés. Des solutions ou modifications éventuelles sont-elles envisagées?

Dans beaucoup d’endroits les choses se règlent, il faut bien laisser le temps à chacun de s’approprier les nouvelles méthodes, les nouveaux outils. Ensuite, s’il faut faire évoluer des choses, bien sûr je suis prête à regarder, mais attention à ne pas changer sans arrêt les repères des gens.

Quel est votre positionnement face à l’Ordre infirmier, qui peine à rassembler les professionnels ?

Je me suis déjà beaucoup exprimée à ce sujet. L’Ordre infirmier a été créé par et pour les professionnels infirmiers, c’était une demande que les associations infirmières formulaient depuis longtemps.

Des erreurs ont été faites, et l’Ordre doit aujourd’hui se redresser. Des décisions difficiles et courageuses ont été prises par le Conseil National. La restructuration de l’Ordre est donc en cours.

Maintenant plus que jamais c’est aux infirmiers de décider de son devenir.

Seule la moitié des infirmières de la fonction publique hospitalière ont fait le choix du passage en catégorie A. Comment expliquez-vous ce choix ?

Je l’explique très simplement : nous leur avons proposé un choix équilibré. Nous avons toujours dit que chacun, chacune devait faire son propre choix, en fonction de ses besoins, de ses projets de vie. C’est donc bien normal que le résultat soit lui-même aussi équilibré.

La loi HPST permet de mettre en œuvre des coopérations entre professionnels de santé, à l’échelon régional, qui peuvent être étendues au plan national. Les infirmières sont particulièrement concernées. Quel avenir pour ces initiatives?

Pour le moment, il y a encore assez peu de protocoles validés par la HAS, mais depuis plusieurs mois, nous voyons que cela se développe, et je m’en félicite.

Il nous faut un peu de recul avant de généraliser les protocoles locaux comme vous le savez. En tout cas, ce système est très intéressant, très réaliste surtout car il part du terrain.

Beaucoup nous disent que c’est compliqué de faire aboutir un protocole. C’est vrai. Il y a de nombreuses étapes à franchir avant de pouvoir déroger aux décrets de compétences des uns et des autres, ce qui est normal et je dirais même plutôt rassurant.

Mais je veux quand même faire évoluer cette procédure, afin que parallèlement aux initiatives locales, des protocoles utiles en matière de santé publique puissent avoir une lisibilité nationale.

Je souhaite par conséquent que soit expérimenté un système d’appel à projets : chaque année, le ministère de la santé fera appel à des équipes volontaires pour élaborer des protocoles de coopération d’intérêt national. Cette procédure d’appel à projets sera finalisée prochainement en lien notamment avec la HAS et la FSM.

Que répondez-vous aux IDE inquiets de voir leurs responsabilités s’accroitre sans reconnaissance financière associée ?

La meilleure reconnaissance d’un professionnel est d’abord une reconnaissance de ses compétences. D’elle découle la confiance qui permet qu’un médecin est enclin à entrer dans une démarche de coopération. La délégation de tâches valorise incontestablement l’exercice professionnel.

Ces tâches sont déjà plus ou moins assurées par les infirmiers mais elles le sont dans le plus pur anonymat et surtout dans une insécurité notamment juridique. Ces coopérations permettront une vraie valeur ajoutee par la reconnaissance et le respect du savoir-faire des professionnels.

Je veux  faire confiance aux professionnels car ils connaissent leurs limites. Ils savent travailler en équipe et passer le relais, quand c’est nécessaire.

Lier les compétences à l’augmentation des rémunérations c’est légitime bien sûr, mais cela peut aussi freiner le développement du métier. Il ne s’agit pas d’alourdir les responsabilités des infirmiers : il s’agit de leur permettre d’exercer pleinement l’ensemble de leurs compétences. Un métier mature, c’est un métier qui évolue en permanence, qui s’interroge, se développe et s’adapte pour tracer des perspectives pour l’avenir. Indéniablement le métier infirmier est de ceux-ci.

Comment voyez-vous la profession infirmière dans les années à venir ?

Les métiers médicaux et paramédicaux sont amenés à évoluer car nous serons confrontés à de nouveaux défis : allongement de la durée avec la prise en charge de nouvelles situations cliniques, progrès thérapeutique et nouveaux outils technologiques issus de la recherche et l’innovation.

La société évolue et les aspirations des personnes évoluent également.

Auparavant, on choisissait un métier et on l’exerçait toute sa vie. Aujourd’hui, on est plus à l’ecoute de ses envies et la carrière professionnelle n’ est plus une trajectoire rectiligne.

Les pouvoirs publiques doivent être à l’écoute de ces nouvelles aspirations pour rendre possible les passerelles entre différents métiers. C’est ce que nous avons fait, par exemple, pour permettre à une infirmière qui aspirerait à exercer le métier de médecin de le devenir. L’augmentation du numérus clausus pour cette année prévoit sur les 500 places, 300 places réservées aux passerelles. En l’espèce, vous noterez que l’universitarisation a l’avantage de permettre les équivalences et donc de faciliter les passerelles.

Les modes d’exercice évoluent également : l’exercice regroupé avec les maisons de santé pluridisciplinaires qui correspondent aux attentes des professionnels de ne plus travailler de façon isolée. L’exercice pluridisciplinaire, quant à lui,  est facilité par l’adoption du nouveau statut des SISA (société interprofessionnelle de soins ambulatoires).

Nous le constatons déjà : le développement des maisons de santé pluridisciplinaires permet d’organiser, dans le secteur libéral, une réponse de qualité à un besoin de soin, grâce à une plus grande proximité entre les acteurs. Je suis persuadée que cette proximité va les conduire à imaginer de nouvelles formes de coopération entre eux, et que les professionnels paramédicaux tireront grand bénéfice de ce nouveau mode d’exercice.

Je pense que nous sommes dans une période de transition qui laisse à espérer des perspectives de carrières très diverses. Ce qu’il faut c’est d’apporter de la souplesse dans notre système, en créant les conditions qui permettent à chaque professionnel de s’épanouir, et les infirmiers sont concernés au premier chef.

Propos recueillis par Thomas Duvernoy

Voir les commentaires (39)

  • Nora t es trop forte tu devrais faire de la politique! je suis pour la reconduite aux frontieres du reel

  • le caducée infirmier aux armes de RESILIENCE a été commandé et nous sera livré dans les jours qui viennent ...

    il sera envoyé gratuitement aux adhérents et à celles et ceux d'entre vous qui, sans adhérer, nous soutiennent financièrement dans la lutte contre l'ordre infirmier ... car nous sommes convoqués au tribunal de Paris, demain mardi 20 mars 2012 à 13h30 au motif "d'injures publiques" ...

    pour les autres personnes qui souhaiteraient le recevoir, il suffit d'adresser le chèque de 10 euros pour financer la bataille et autres frais de procédure contre l'ordre infirmier à : RESILIENCE - 13 rue de Molsheim - 67000 Strasbourg.

  • 200 bonhomes ont deplacé 1 president moult pretendants à la fonction supreme 400 000 ide 700 000 asd je ne connais pas les chiffres pour kine manip radio et j'en passe BEN tout ça c'est un pet d'lapin dans un des à coudre voilà pourquoi depuis 25 ans environ on se fou de notre gueulle et franchement je serai à leur place ...enfin j me comprends!! soyons serieux ! le milieux soignant est un ectoplasme decerebré à encephalogramme plat plat plat c'est pour ça que nos politiques nous respectent à coup de masterisation à categorie A avec degats colateraux comme disait coluche quand on voit c qu'on voit on a raison d'penser c'qu'on pense aleez lundi on y retourne OUHAIiiiiiiiii!!!!!

  • LES ORDRES MEME GRATUITS J EN VEUX PAS LES ORDRES MEME GRATUITS J EN VEUX PAS
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    • Vous avez du faire beaucoup de "lignes" quand vous étiez à l'école, à moins que vous ne vous appliquiez la méthode Coué?
      Relisez l'article de Mme Berra, il y avait d'autres choses plus interressantes.
      Salutations

  • 400 000 infirmieres qui s'ignorent .1 pouvoir qui signore n'existe pas .ON nous veut un ordre pour nous mettre aux ordres. Ceci dit c'est comme à la guerre "ce qui est respectable sera respecté le reste sera foulé aux pieds" gl shwartzckof pensons nous etre respectable pour qu'on soit respectes s
    1 soignant=1vote lançons le mouvement pour federer le mecontentement un tartufier de gauche ressemble etrangement à 1 tartufier de droite et je sais de quoi je parle donner leur les clefs ils vous refons la barraque à l'identique alors one wo man one vote les soignants sont resistants jusq'à l'intolerrable il ne sert à rien de maudire la nuit ACTION REACTION INFIRME HIER

  • me berra vous servez pas à grand chose, une potiche du gouvernement même pas reconnu régionalement (l'investiture de l'ump vous glisse sous le nez) hormis passer la pommade interview inutile