A Bora Bora, une « évasan » à hauts risques

Une équipe du centre hospitalier du Taaone, appelée par la régulation du Samu, s’installe dans l’avion cargo de l’armée (un inconfortable casa). Ils sont spécialement formés pour les évasans. © Gregory Boissy

La Polynésie française est un territoire qui compte 118 îles. Toutes ne sont pas équipées d’hôpital, de dispensaires. Certaines n’ont même pas de médecin à demeure. En cas d’urgence, et lorsque cela est possible, une évacuation sanitaire est organisée, comme ici à Bora Bora.

Alors que les évacuations sanitaires de patients Covid se poursuivent en métropole pour désengorger les hôpitaux, celles-ci font partie du quotidien du SAMU et du SMUR polynésiens. Pour la seule année 2019, 3 457 évasans d’urgence et 30 562 évasans programmées ont été enregistrées.

Il faut dire que l’offre de soin, à l’image du territoire, est fragmentée. Ou plutôt elle est concentrée, principalement à Tahiti. La Polynésie compte 118 îles, 76 d’entre elles sont habitées et 47 possèdent un aérodrome. Il n’y a pas d’établissements hospitaliers dans toutes les îles, ni dispensaires ou même médecin. En cas d’urgence, une évasan est déclenchée à n’importe quelle heure, à conditions que les conditions le permettent. En effet, certaines îles sont très éloignées. Nuku Hiva par exemple aux Marquises est à 1 300 kilomètres. Cette île possède un aérodrome et un petit hôpital qui prend en charge certaines urgences de l’archipel. Mais Rapa, à 4 466kilomètres de Tahiti, ne possède ni l’un, ni l’autre. Le 15 mars dernier, Les forces armées de Polynésie ont été mobilisées pour rapatrier d’urgence un enfant de 21 mois. Un hélicoptère est parti sur zone, il a atterri après 6 h 30 de vol et deux escales de ravitaillement.

Pour assurer les évasans, une équipe composée d’un médecin et d’un infirmier se tient prête au centre hospitalier du Taaone et part dans l’heure, transportée selon les cas, par l’armée, la compagnie aérienne locale Air Tahiti ou bien un hélicoptère de la compagnie aérienne Air Tahiti Nui. Carine Domelier, infirmière, revient sur une évacuation d’urgence organisée pour récupérer deux jeunes accidentés de la route à Bora Bora.

Photos Gregory Boissy et textes Delphine Barrais

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter Actusoins

Cet article est paru dans ActuSoins Magazine

Il est à présent en accès libre. 

ActuSoins vit grâce à ses abonnés et garantit une information indépendante et objective.

Pour contribuer à soutenir ActuSoins, tout en recevant un magazine complet (plus de 70 pages d’informations professionnelles, de reportages et d’enquêtes exclusives) tous les trimestres, nous vous invitons donc à vous abonner. 

Pour s’ abonner au magazine (14,90 €/ an pour les professionnels, 9,90 € pour les étudiants), c’est ICI

Abonnez-vous au magazine Actusoins pour 14€90/an

Une équipe du centre hospitalier du Taaone, appelée par la régulation du Samu, s’installe dans l’avion cargo de l’armée (un inconfortable casa). Ils sont spécialement formés pour les évasans. © Gregory Boissy more
Direction Bora Bora, à moins d’une heure de vol. Carine Domelier profite du trajet pour s’enquérir des dernières évolutions. Un garçon et une fille de moins de vingt ans ont été victimes d’un accident de la route en scooter. Ils sont polytraumatisés. « On devait se préparer à intuber, car il est rare qu’ils le fassent dans les îles, l’état de la jeune fille était très préoccupant. » © Gregory Boissymore
L’aérodrome de Bora Bora est situé sur un ilot. Il faut alors prendre une navette maritime pour rejoindre l’île principale, ce qui allonge d’autant plus le temps d’intervention. Sur le quai de Vaitupa (village principal de Bora Bora), l’ambulance des pompiers attend l’équipe. © Gregory Boissymore
Le médecin de Bora Bora a déjà posé un premier diagnostic. L’équipe évasan prend le relais. Il n’y a pas d’équipements (radio, scanner), seuls les signes cliniques permettent d’affiner le diagnostic et de suivre l’évolution de l’état des patients. © Gregory Boissymore
Dans la salle du dispensaire où ont été installées les deux victimes, la famille est présente. Quand c’est possible certains membres sont autorisés à se rendre eux aussi à Tahiti (un accompagnateur par victime). Les pompiers aident les infirmiers et le médecin à installer les jeunes gens dans une coquille pour le transport. © Gregory Boissymore
Le pronostic vital des deux jeunes gens est engagé. Il faut faire vite, rependre la voiture, le bateau puis l’avion pour aller à Tahiti. © Gregory Boissy
En vol, l’hôpital est contacté pour préparer l’arrivée des victimes : scanner, réanimateur, chirurgien se tiennent prêts. © Gregory Boissy
À bord du casa, il y a peu de place pour accueillir les équipes de soin, le matériel, les victimes. Pour cette évasan, le temps est clément. Il y a peu de turbulence il vole a bon rythme, mais parfois pour le confort de tous, l’avion est obligé de descendre à basse altitude. © Gregory Boissymore
À l’aéroport, une ambulance attend. Le personnel de l’armée et de l’hôpital sont mobilisés. Ils joignent leurs efforts pour gagner du temps. Cette évacuation sanitaire aura duré près de quatre heures. © Gregory Boissy more