Infirmière, elle s’est reconvertie en aromathérapeute

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Nadine Fornet, infirmière, est formatrice en aromathérapie. Rien ne la disposait au départ pour cette reconversion. Diplômée à l’IFSI de Cahors en 2000, elle a travaillé dix ans en psychiatrie et addictologie à l’Institut Saint Sauveur d’Albi, avant de s’installer à La Réunion. Et c’est sur cette île que son cheminement professionnel a pris une nouvelle direction. Rencontre.

Nadine Fornet, infirmière D.E., s’est formée à l’aromathérapie en milieu médical. © DR

Il suffit parfois de peu, d’une rencontre, d’un voyage pour poser le premier pas vers une autre direction. Pour Nadine, cela s’est joué pendant ses études d’infirmière, à Cahors. « Je suis partie en vacances à Sion, en Suisse, et j’ai rencontré là-bas une dame entourée de fioles. Elle était herboriste. Elle avait une collection incroyable et je me suis dit que je voulais la même. C’est chez elle que j’ai acheté ma première bougie d’aromathérapie. »

Nadine décide alors de s’intéresser aux huiles essentielles. Et intègre parallèlement son premier poste. « Je travaillais en addictologie, et j’ai décidé d’utiliser les huiles essentielles déjà pour camoufler des effluves pas très agréables qui sont le lot des services d’addictologie. J’étais persuadée qu’on pouvait obtenir des résultats avec l’aromathérapie. Je mettais quelques gouttes de menthe poivrée et de citron sur un mouchoir en papier posé sur un radiateur. »

Un manque de reconnaissance

Nadine partage ses connaissances avec quelques collègues infirmières qui souffraient de quelques symptômes. « Mais je n’ai pas pu aller plus loin ». Eh oui, foin d’études cliniques à lancer sur les bénéfices ! « Quand on n’est pas pharmacien praticien hospitalier, on n’est guère légitime », s’amuse-t-elle, évoquant au passage les travaux reconnus en aromathérapie d’un pharmacien du CHU de Nantes. « Lui a réussi à faire entrer l’aromathérapie à l’hôpital, mais il est pharmacien. »

Une pédagogue-née

Parallèlement à sa passion des huiles essentielles, Nadine se forme en thérapies comportementales et cognitives et obtient un D.U. à l’université de Toulouse en 2010. C’est à ce moment-là que, pour des raisons personnelles, elle décide de s’installer à La Réunion où elle travaille pour SAOME (Santé Addiction Outremer) et passe en 2013, un D.U. d’addictologie à l’Université de La Réunion, puis une certification internationale de Permaculture en 2014.

A ce moment-là, elle décide de se lancer en indépendante comme formatrice en thérapies psycho-comportementales dans les entreprises. « En fait, je suis une pédagogue-née, j’aime transmettre. Cette évolution professionnelle m’a permis de dégager du temps pour me former », explique-t-elle. Se former… encore ?

Et en effet, dès l’année suivante, en 2015, Nadine a l’occasion de s’inscrire à une formation professionnelle médicale en aromathérapie, sous la direction du Dr Christine Perez, une pointure dans son domaine.

Elle crée alors Alstromérine, son institut de formation en aromathérapie. En 2016, elle obtient un certificat de formation professionnelle en phyto-aromathérapie, avec mention bien, un parcours ayant reçu l’agrément du Haut Comité de la formation pharmaceutique continue. Excusez du peu.

Un plus pour les professionnels de santé

Ses huiles essentielles, elle les choisit  auprès d’une entreprise artisanale réputée à La Réunion et dans une filière bio à Madagascar, à visée humanitaire.

Depuis quatre ans, Nadine est très investie dans la formation de tout public. « A La Réunion, les thérapies alternatives sont la médecine de première intention. « On ne peut pas faire n’importe quoi avec les HE, explique-t-elle. Autant l’aromathérapie peut être un outil formidable pour soigner des symptômes, autant elle peut être toxique si on ne sait pas s’en servir, si on ne tient pas compte de l’interaction avec certains médicaments ! ».

Nadine n’en démord pas : l’utilisation scientifique – elle appuie sur le mot – des huiles essentielles dans un but thérapeutique est un plus pour les professionnels de santé. « C’est dans ce but que je me suis formée, car je voulais rester dans les clous de ma profession. »

Néanmoins, elle en convient, dans ses formations, elle ne fait pas de clinique. « Je ne cherche pas à être le médecin que je ne suis pas », se défend-elle. « Je tente de faire comprendre aux gens comment fonctionnent les HE, dans un cadre flou, car la définition légale des HE n’existe pas. C’est l’utilisation qu’on en fait qui oriente vers le cadre réglementaire : en désinfection, c’est la réglementation des produits biocide, en beauté, celle des cosmétiques, en cuisine, celle de l’agroalimentaire  et pour les HE à usage médicamenteux, celle des produits de pharmacie-santé». Il faut jongler !

Retour à l’addictologie

Et elle, elle les utilise comment, les huiles essentielles ? « C’est très français de « manger » les HE, sur un comprimé neutre ou un sucre, les anglosaxons, eux, les inhalent. En massage, c’est efficace car les HE pénètrent vite la barrière cutanée. Mais la meilleure utilisation, c’est l’olfatif », conclut-elle, très convaincue.

Des projets ? Plein… même si elle a pour principe d’aller là où la pousse le vent, dans le respect de ses convictions. Mais elle devrait aussi revenir ponctuellement à ses premières amours professionnelles, l’addictologie, en coordonnant en juillet prochain un projet de prévention des addictions en milieu scolaire. Sans doute que les HE ne seront pas oubliées dans son programme…

Mireille Legait

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