Eviter la perte d’autonomie des personnes âgées pendant une hospitalisation : une question d’organisation

La Haute Autorité de Santé (HAS) a publié deux documents pour aider les équipes hospitalières à mieux s’organiser afin de bien prendre en charge les personnes âgées hospitalisées et prévenir la perte d’autonomie liée à l’hospitalisation.

En France, près de 3 millions de personnes âgées de 70 ans et plus sont hospitalisées une ou plusieurs fois chaque année. Cela représente 29% des séjours hospitaliers en services de soins aigus, soit près de 5,4 millions de séjours. L’hospitalisation constitue une étape critique qui les expose à un risque de perte d’autonomie.

Réduire la dépendance iatrogène liée à l’hospitalisation

« La perte d’autonomie liée à l’hospitalisation est en partie évitable si on adapte les soins et l’environnement hospitalier aux besoins spécifiques des patients âgés« , explique la HAS. 

Lors d’une hospitalisation, une personne âgée peut perdre ses capacités à réaliser seule certaines activités de base de la vie quotidienne comme se lever, marcher, s’habiller, manger.

« Cette perte d’autonomie qui survient durant l’hospitalisation peut être due à plusieurs facteurs intriqués : certains sont liés au patient (sa pathologie et son état de santé avant l’hospitalisation) ; d’autres sont liés aux modalités de soins et à l’environnement hospitaliers. A propos de ces derniers, on parle de dépendance iatrogène liée à l’hospitalisation, un phénomène en grande partie évitable qui concerne près de 10 % des personnes hospitalisées.« 

Le travail de la HAS, mené en coproduction avec le CNPG (Conseil national des professionnels de gériatrie), s’appuie sur l’analyse de la littérature pour préconiser la mise en place d’actions d’amélioration dans les services hospitaliers recevant des personnes âgées. Concrètement, il s’agit de dépister, de prévenir, suivre et de traiter les 6 causes principales de dépendance iatrogène liée à l’hospitalisation : le syndrome d’immobilisation, la confusion aiguë, la dénutrition, les chutes, l’incontinence urinaire et les effets indésirables des médicaments. Des actions simples et de bon sens sont recommandées, telles que favoriser la mobilité du patient, éviter les périodes de jeûne injustifiées, réévaluer l’utilité des différents traitements médicamenteux…

« Ces recommandations remettent parfois en cause des pratiques réalisées en routine, et nécessitent d’accompagner le personnel dans un changement des pratiques à tous les niveaux de l’organisation hospitalière administrative, médicale et paramédicale« , explique la HAS.

La fracture de la hanche : opérer rapidement avec une organisation orthogériatrique pour améliorer le pronostic

L’autre recommandation de la HAS, plus spécifique, a pour objet l’amélioration de la prise en charge des personnes âgées hospitalisées pour une fracture de la hanche. Objectif : aider les établissements à s’organiser et les professionnels à adapter leurs pratiques pour diminuer la perte d’autonomie des personnes âgées hospitalisées.

« La fracture de la hanche au sein de la population âgée est fréquente avec 50 000 cas par an chez les femmes et 16 000 chez les hommes… Elle est cause de perte d’autonomie, d’entrée en institution, de complications et de décès :10 à 30% des patients deviennent dépendants, 25 % entrent en Ehpad[1] et 20 à 24 % décèdent dans l’année« , souligne la HAS. 

En pratique, c’est la mise en place d’une organisation orthogériatrique au sein de l’hôpital qui est préconisée, afin de répondre aux besoins spécifiques de ces patients âgés hospitalisés et permettre de réduire le délai opératoire à moins de 48 heures, ce délai constituant l’un des principaux facteurs de surmortalité. La HAS recommande aussi une mobilisation et une rééducation précoces, poursuivies à domicile, et la prévention d’une seconde fracture de la hanche par un traitement de l’ostéoporose et des actions d’amélioration pour réduire les risques de chute. 

La HAS entend poursuivre ses travaux en direction de cette population fragile qui fait partie de ses priorités stratégiques. Elle publiera, dans le courant de l’année 2018, un guide parcours pour améliorer la prise en charge diagnostique et thérapeutique des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer et un guide de consultation et de prescription d’activité physique et sportive pour les personnes âgées et pour les patients atteints d’une maladie chronique.

Rédaction ActuSoins

En savoir plus : les fiches de la HAS

Prévenir la dépendance iatrogène liée à l’hospitalisation chez les personnes âgées

Orthogériatrie et fracture de hanche

Voir les commentaires (59)

  • Lol ou pas....c est complètement contradictoire avec l orientation de notre ministre qui mise sur l hospitalisation ambulatoire

  • Des plublications de documents pour aider qui, quoi ? les équipes sont des personnes responsables et diplômées, comme vous à l'HAS ! l'organisation ça nous connait, on a seulement besoin d'un peu de recrutement supplémentaire !

  • Je pense que le milieu hospitalier est déjà bien organisé ce qu'il faudrait mettre plus de bras surtout moi j'ai travaillé 43 ans à l'hôpital je sais qu'est-ce que c'est nous sommes pas des robots moi je suis retraitée

  • Mieux s'organiser avec rien, chapeau bas la HAS. Commencez par faire du ménage dans la superposition de cadres supérieurs, cadres de pôles, directeurs des soins. Une seule strate suffit à ce niveau de décision . Et ce sera beaucoup plus fonctionnel.

  • Hahaha , il suffisait d y penser... et pourquoi pas publier trois documents pour aider les équipes hospitalières à guérir le cancer à distance ?? En tout cas on voit que vous savez où vous allez: hôpital maison de retraite !