Un rapport accablant sur les pratiques dans le centre psychothérapique de Bourg-en-Bresse (Ain)

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Le rapport de la contrôleure générale des lieux de privation de liberté fait état d’un recours à l’isolement et à la contention utilisé dans des proportions « jamais observées jusqu’alors », en « violation grave des droits fondamentaux » des patients.

C’est « l’effarement » qui a saisi les contrôleurs venus visiter le centre, du 11 au 15 janvier, note Le Point. L’équipe de contrôleurs a dressé une longue liste de « restrictions disproportionnées » des libertés.

Ils ont constaté « un accès limité à la cour intérieure pour la majorité des patients, à deux fois une demi-heure par jour » dans une des unités, « l’interdiction de fumer plus de quatre cigarettes par jour », des « placards fermés à clé dans les chambres sans que les patients n’en détiennent les clés » ou encore le « maintien de certains patients dans leur chambre fermée jour et nuit ».

La Croix évoque un « rapport sidérant. Le récit de violences ordinaires, presque banalisées, contre des personnes atteintes de pathologies psychiatriques »,  des « prescriptions d’enfermement et de contention » qui sont renouvelées parfois « pendant plusieurs mois » et, dans certains cas, « sans examen systématique du patient ».

« Il s’agit des violations les plus graves des droits fondamentaux constatées par les contrôleurs qui ont déjà visité 40, % des établissements psychiatriques de France », a déclaré Mme Hazan lors d’une conférence de presse consacrée à ce centre de Bourg-en-Bresse, le seul établissement de soins psychiatriques du département.

« On a constaté le cas d’une jeune femme qui était depuis un an en chambre d’isolement, les quatre membres attachés, mais qui par contre était autorisée à rentrer chez elle tous les week-ends où elle vivait normalement, allait chez le coiffeur », a relaté Mme Azan, qui a fait du contrôle des établissements psychiatriques la priorité de son mandat, relate Le Point.

Des contentions « jusqu’à 23 h par jour » qui durent « des mois »

Pour une capacité de 412 lits, le centre compte 46 chambres d’isolement, dont en moyenne 35 sont occupées quotidiennement. Certains patients y sont attachés à un fauteuil ou à leur lit « jusqu’à 23 heures par jour ». « Cela peut durer plusieurs mois, c’est du jamais-vu », a dit Adeline Hazan. Concernant une patiente, « chacun des soignants […] interrogé sur le début de cette mesure a répondu n’avoir jamais vu cette personne ailleurs que dans la chambre d’isolement », indique le rapport.

Seules certaines de ces 46 chambres sont équipées d’un bouton d’appel, « dont beaucoup ne fonctionnent pas », et les malades n’ont d’autre recours que de crier ou taper sur les portes pour appeler, ou pour ceux qui sont attachés d’attendre le passage d’un infirmier pour boire ou accéder au bassin (toilettes). Des espaces nus équipés d’un seul lit central permettant la contention, d’un lavabo et d’un WC ».

Selon La Croix, le rapport indique qu' » aucun espace n’est à l’abri du regard extérieur. Les douches, une pour deux chambres, sont des cabines sans porte ni rideau, imposant aux patients de se laver sous la surveillance directe des soignants (…) En principe réservée aux crises, cette unité accueillait, lors du contrôle, 10 patients au long cours, dont 3 étaient présents depuis la date de son ouverture en 2010″.

« On n’a pas l’impression d’être des barbares »

Le directeur du centre psychothérapique Pascal Vassalo a assuré à l’AFP qu’il travaillait avec l’agence régionale de santé à « un plan d’action pour remédier à certains dysfonctionnements ». « On trouve que le rapport est très sévère. On ne reconnaît pas le fonctionnement de notre établissement », a-t-il dit, ajoutant que le centre ne lui semblait « pas très différent des autres ».

« On n’a pas l’impression d’être des barbares », mais « on reconnaît que nos pratiques médicales nécessitent des améliorations », a concédé à l’AFP Jean-Claude Michalon, président de l’association lyonnaise qui gère le centre de l’Ain. « On n’a jamais été alerté d’abus », s’est aussi défendu le directeur du centre, arguant que jusqu’à la loi santé de janvier dernier, qui encadre strictement le recours à l’isolement et à la contention, « il n’y avait pas de réglementation sur les pratiques de soins intensifs ».

La nouvelle loi oblige les établissements à tenir « un registre avec le nom du médecin qui a pris la décision, le motif, la durée avec un recensement par établissement du nombre de mesures prises chaque année« , a précisé Adeline Hazan.

« Comment se fait-il que personne n’ait été au courant de cette situation ? Je n’ai pas de réponse. Mais si nous n’y étions pas allés, cette situation aurait perduré », a affirmé Adeline au Point, plaidant pour la création d’un « observatoire national ».

Il s’agit de la sixième recommandation en urgence de la CGLPL(Contrôleur général des lieux de privation de liberté) , la première concernant la psychiatrie depuis la création de l’institution en 2008.

Rédaction ActuSoins avec AFP, La Croix, Le Point

Voir les commentaires (66)

  • Il faudrait voire a ne pas confondre isolement et contention, ensuite pour les malades en pyjamas, et les refus de téléphone ou autre cela n'est pas une règle absolue mais lies a des facteurs diverses. Ensuite tous les CHS ne fonctionne pas de la même manière, les commentaires prouvent u e totale ignorance et des stéréotypes dangereux pour une profession telle qu'infirmiere. Ne jugez pas la psychiatrie sur un seu! CHS comme il vaut mieux éviter de juger l'onco en France par rapport a un seul service.
    Restez ouverts et informez-vous!!!!!!!
    L'isolement peut être le seul moyen d'aider un patient a se recentrer sur lui grâce entre autre a l'Hypo stimulation et a la présence des murs. Les contentions c'est autre chose si on les utilisé ce n'est plus une mise en ISO mais sous contention, la c'est auto agressivité.

  • Vraiment certains commentaires sont simplistes. facile de parler traitement équilibré, de faire des jeux mais encore faut il être assez nombreux. Et que le patient soit accessible ce qui n'est pas forcément le cas lorsqu'il est en phase aiguë parce qu'il est en rupture de traitement.

  • Chère Mme Perez... Mes bras ne sont pas trop courts et n'ont jamais eu pour vocation de faire des papouilles au médecin... Quant à être jalouse... Ma pauvre quand je vois dans l'état où vous êtes... Pas plus... Ma carrière est belle et riche de rencontres, de développement de compétences, de recherches et tout cela au service des étudiants et de la science infirmière... la réalité de terrain, je la connais aussi bien que vous... J'y vais tous les jours dans les grandes ou petites structures...Car de plus.... Je suis une infirmière qui respecte son métier, ses valeurs et les patients... Même les plus difficiles... Et y compris les détenus... Heureusement, qu'il existe des soignants très bien partout et surtout ne présagez pas de ce que peuvent faire les vieux IDE.... Ils pourraient bien vous surprendre... Bon courage à vous...

    • Oui des tas de formatrices viennent finir classe sup dans les unités! Et c'est une véritable richesse! Elle nous informe de leur secrets pour être pro, toujours à l'écoute des patients, les premières à déléguer les tâches trop effectuées! Pensez y. ..

  • Le fait d'avoir été physiquement et dangereusement menacé amène parfois à une certaine réflexion.

  • Non, c'était l'époque de l'anti- psychiatrie. La camisole chimique c'étaits dans les années 60 . C'est l'institution qui génère l'agressivité ....