Respect, écoute, attention, les clefs de la bientraitance ?

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En soins palliatifs, auprès de patients déments, aux urgences ou tout simplement au quotidien, la bientraitance était à l’affiche de la journée de formation proposée aux agents des établissements pour personne âgée du centre d’action sociale de la ville de Paris, le 11 juin, quelques jours avant la journée mondiale de sensibilisation à la maltraitance des personnes âgées, ce 15 juin.

©Lucie Déraillot
De gauche à droite : Roselyne Vasseur, Anne Marie Béguin et le Dr Jean-Marie Gomas

« Mais pourquoi ton déambulateur n’est pas là ? s’écrie la fille d’une résidente en visite. Il y a quelqu’un pour me répondre ? »

Des soignants débarquent, agacés, et finissent par aller chercher le dit déambulateur, laissé à l’écart pour que la vieille dame cesse de se promener dans l’établissement…

Cette situation maintes fois rapportée dans les Ehpad et autres services prenant en charge des personnes âgées, était jouée par la troupe Naje lors de la journée inter-résidence du Centre d’action sociale de la ville de Paris (CASVP), jeudi 11 juin. Les agents présents, pour ce séminaire consacré à la bientraitance, étaient ensuite invités à monter sur scène pour proposer un autre positionnement professionnel et réinventer le scénario.

Une entrée en matière riche en émotions, et même en rires, avant d’aborder la thématique de manière plus classique, sous l’égide de Roselyne Vasseur, sous-directrice des services aux personnes âgées de la ville de Paris. « La relation à l’autre dans les maladies graves cela commence par soutenir le regard, maintenir le lien, résumait ensuite le Dr Jean-Marie Gomas, responsable du centre douleur chronique soins palliatifs de l’hôpital Sainte-Perrine (AP-HP, Paris). Le regard c’est le premier et dernier vecteur dans la relation qui montre au patient que vous le regardez et le respectez. »

Des limites à ne pas dépasser

Ecouter le patient est également essentiel, même si cela ne signifie pas qu’il faut obéir à chacune de ses demandes. « Là je vous étonne, observe le Dr Gomas, mais vous ne pouvez pas tout faire. Souvenez-vous des 5 règles de Wong. » Des règles qui reconnaissent que l’avis d’un malade dément peut être sollicité sur certains points, que les règles définies par un patient avant sa maladie ne sont pas nécessairement applicables une fois qu’il a été changé par celle-ci ou que ce qui mettrait en danger l’environnement est interdit. Des règles qui précisent également que la vie en collectivité consiste à respecter la liberté d’autrui et même celle de l’entourage du patient, qui doit être protégé par les soignants.

« Le malade est vivant jusqu’au bout avec des désirs, des plaisirs, des potentialités, des communications, rappelle Jean-Marie Gomas. Même le malade dément, si on sait l’écouter le lui laisser le temps. »

L’écoute est aussi importante en matière de prévention de l’incontinence. Anne Marie Béguin, infirmière spécialiste clinique à l’hôpital Corentin Celton (AP-HP, Issy-les-Moulineaux), rapportait un autre type de situation : celle du patient âgé admis aux urgences mais que l’on n’aide pas à uriner lorsqu’il en manifeste le besoin.

« Des gens continents se retrouvent avec une protection, parce qu’on a pas écouté leur demande et qu’ils ont uriné sous eux… », poursuit-elle. L’IDE a rappelé l’importance de respecter les besoins fondamentaux du patient tels que l’alimentation, la déambulation, pour maintenir son autonomie.

« Il est important de penser au devenir de cette personne qui ne restera pas hospitalisée en permanence. Une personne qui arrive aux urgences continente et en repart dépendante de protections (par ailleurs très chères et non prise en charge par la sécurité sociale), c’est inadmissible. »

La journée s’est conclue sur une note plus poétique avec la présentation des activités de socio-esthétique mises en place dans des établissements parisiens par l’association Des soins et des liens. « Le soin esthétique peut donner envie de bien vieillir et restaurer la personne dans son image, assure Anne Zavan présidente de l’association. Car la bientraitance, cela commence par soi-même, se regarder, se sourire, s’apprécier dans le miroir. »

Lucie Déraillot

Voir les commentaires (79)

  • Pour qu'il y ait bientraitance, il faut d'abord qu'il y ait du personnel en nombre suffisant !!!

  • et la bientraitance des agents ça tout le monde s'en fout et surtout ceux qui osent parler de bientraitance

    • totalement d'accord. C'est plus facile d'occulter le problème de fond (le manque de personnel) !!!

  • Parlons en de la bientraitance ... Comment voulez vous qu'elle y soit quand vous voyez que dans tous les ehpad et hôpitaux ils restreignent au maximum le personnel (arrêts de travail non remplacés , départs non remplacés, diminution de personnel en poste ...) , parlons en de tout ça de l'humanitude etc etc qu'on aimerait bien appliquer mais en nous enlevant du personnel et en nous rajoutant du travail en plus comment voulez vous être bien traitants envers nos pauvres patients qui déboursent une somme astronomique par mois ! La maltraitance vient de vous qui délivrez pas le budget pour embaucher plus de personnel ... Mais vous n'en voyez que par les budgets, les chiffres , le rendements ... Vous avez l'air d'oublier que l'on s'occupe d'êtres humains !!!!!

    • Les directions des structures hospitalières s'indignent du fort taux d'absentéisme ....
      Ca ne doit pas être très dur de ramasser un stylo Mont Blanc qui tombe .......... ils peuvent aussi avoir la rhinite d'été par un air climatisé un peu trop frais penda

  • Donner nous du personnel, tous les établissements de soins en manque cruellement!!!Nos conditions de travail sont aujourd'hui hui inadmissibles !!! Et pourtant nous aimons notre métier....

  • Et le personnel on en parle ARS qui serre les budgets plus+++++ de prise en charge et moins de personnel burn out on oubli le patient GMP PMP que des chiffres réviser vos copies et donnez nous les moyens de nous occuper de nos aînées

  • qu ils commencent par mettre du monde pour travailler et y aura un peu moins de maltraitance ce n est pas qu'une question de formation!par ce que pour l'instant on peut parler de maltraitance sur le personnel de soins

  • avec quel personnel on est toujours en effectif reduit,arretons de se voiler la face on va droit au mur!