Professeure de santé publique et praticienne hospitalière et responsable médicale à la direction qualité du CHU de Toulouse, Virginie Gardette est à l’origine du dispositif « Seconde victime » déployé depuis juillet 2022. Il permet aux soignants ayant de près ou de loin été impactés par un événement indésirable lors de la prise en charge d’un patient, d’être accompagnés par un pair-ressource. Comment est née l’idée de créer ce dispositif ? En tant que coordonnatrice de la gestion des risques associés aux soins, j’ai l’habitude d’analyser, avec les équipes, les événements indésirables survenant chez leurs patients. Certains sont des aléas, mais d’autres peuvent survenir dans le cadre d’une prise en charge suboptimale, parce que l’erreur est humaine et peut être favorisée par l’environnement de travail. Dans le cadre de ces analyses, nous cherchons à comprendre la succession de dysfonctionnements qui en est à l’origine, pour éviter qu’ils ne se reproduisent. La première victime de l’événement indésirable est toujours, bien entendu, le patient. Cependant, je me suis rendu compte que certains professionnels étaient fortement éprouvés par ces évènements. La littérature scientifique a bien décrit ce phénomène avec le concept de « seconde victime ». Ce terme est utilisé pour désigner un professionnel éprouvant de la responsabilité après un événement indésirable, occasionnant un sentiment d’échec et de remise en question. Ceci peut survenir quels que soient le métier, l’âge, l’expérience, la sévérité des dommages pour le patient, et qu’il y ait dysfonctionnement ou non dans la prise en charge. Comment se manifeste cette détresse ? Un événement indésirable peut conduire à un stress aigu avec des répercussions potentielles pour la santé du professionnel et la sécurité des soins. Lorsque le professionnel réalise que l’événement indésirable se produit, des manifestations physiques peuvent survenir : tachycardie, hypertension artérielle, parasitage du cours de la pensée, voire sidération. Par la […]
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