Pratique avancée : les actions du CNP IPA

Laure Martin
10 novembre 2025

Créé en 2020, le Conseil national professionnel des infirmiers en pratique avancée (IPA) est le plus récent des CNP infirmiers. Les réflexions autour de l’évolution de la pratique avancée y sont nombreuses. Le point avec sa présidente, Julie Devictor.

Dans quel contexte le CNP IPA a-t-il été créé ?

Julie Devictor, présidente du CNP IPA

Julie Devictor, présidente du CNP IPA. © M.S / ActuSoins

Le CNP est né au début de l’année 2020, ce qui s’explique parce que le diplôme des IPA a été créé par décret en juillet 2018 et que les premiers infirmiers en pratique avancée ont exercé en 2019.

Assez rapidement, nous avons pensé qu’il fallait organiser une représentation de ce nouveau métier dans le paysage de la santé. Sur une soixantaine d’IPA diplômés, nous sommes une bonne vingtaine à avoir participé à la création de l’Union nationale des IPA (UNIPA), le syndicat des IPA.

Dans le même temps, un groupe de travail au sein de l’Association nationale française des infirmières et infirmiers diplômés et étudiants (Anfiide), le GIC-REPASI, travaillait sur la pratique avancée. L’ANFIIDE étant déjà membre du CNP infirmier, elle ne pouvait pas l’être du CNP IPA.

Nous avons donc souhaité que le GIC-REPASI devienne une association à part entière, pour ainsi disposer d’une seconde structure afin de créer le CNP IPA. C’est ainsi que l’Association nationale française des IPA (ANFIPA) est née, fondatrice, avec l’UNIPA, du CNP IPA. Depuis, le Conseil scientifique des infirmiers de pratique avancée (COSIPA) et l’Inter-ARIPA, qui rassemble les associations régionales des IPA, ont rejoint le CNP.

Sur quoi ont d’abord porté vos travaux ?

Dès la création du CNP, nous avons eu un important travail à mener, car les IPA représentaient un nouveau métier, tout était à construire. D’ailleurs, rapidement, nous avons été confrontés aux premières limites liées au cadre d’exercice des IPA tel que prévu par la loi, par rapport à des éléments qui n’avaient pas été anticipés. C’était le cas, par exemple, du modèle économique, inexistant : cela a fermé la porte à l’exercice libéral puisque les IPA ne pouvaient pas facturer leurs soins.

Un important travail a également été mené concernant la reconnaissance, par le système informatique de l’Assurance maladie, d’un nouveau métier prescripteur. À l’époque, nous n’avions pas de numéro RPPS, mais un numéro ADELI. Rien ne permettait donc de distinguer les IPA prescripteurs des infirmiers en soins généraux. De fait, les délivrances rattachées à nos prescriptions étaient particulièrement complexes à obtenir pour les patients. Ces deux sujets ont notamment été gérés par l’UNIPA.

Le CNP a pu identifier et évoquer les limites à l’exercice lors du comité de suivi annuel de la mise en place de la pratique avancée. Nous avons également été particulièrement sollicités par la DGOS pour travailler sur l’évolution du cadre juridique de l’exercice, sur l’élaboration de la liste des prescriptions autorisées, sur celle concernant la primo-prescription.

En parallèle de ces missions, les membres fondateurs du CNP ont mené un lobbying important afin de se faire connaître et se rendre visibles auprès des politiques, des députés, des sénateurs. Encore aujourd’hui, dès lors que le ministre de la Santé change, nous devons de nouveau créer des liens avec son cabinet. Aujourd’hui, nous sommes davantage identifiés dans le paysage de la santé, mais à l’origine, même des personnes importantes dans le système de santé ignoraient ce qu’étaient les IPA.

Quelles sont les missions sur lesquelles vous travaillez actuellement ?

L’une de nos missions consiste à travailler sur le développement professionnel continu (DPC). Nous avons d’ailleurs été sollicités par l’Agence nationale du DPC (ANDPC) pour déterminer les axes prioritaires de la formation continue de la profession. Mais aujourd’hui, ce dossier est en stand-by en raison des travaux sur la certification. Nous ne savons pas encore si les deux dispositifs vont être maintenus ou si l’un va intégrer l’autre. D’ailleurs, nous n’avons pas été relancés par l’ANDPC pour le moment dans le cadre des plans triennaux du DPC. Cependant, nous avons déjà remis notre référentiel pour la certification à la DGOS.

Nous sommes également sollicités par la Haute Autorité de santé (HAS) afin de partager notre expertise dans le cadre de groupes de travail ou de relecture. Nous sommes également mobilisés par des sociétés savantes pour des réflexions spécifiques autour du renforcement de la formation des IPA dans certains domaines.

Nous aimerions désormais avancer sur le sujet de la formation des IPA. Etant donné que le cadre juridique a évolué en termes d’exercice, de missions et de responsabilités, il faudrait probablement réviser en partie le référentiel de formation. D’autant plus que nous avons aujourd’hui davantage de recul qu’il y a sept ans.

Propos recueillis par Laure Martin

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