La loi « Neuder » visant à améliorer l’accès aux soins par la territorialisation et la formation, promulguée le 27 juin dernier, prévoit la création de passerelles « afin que les professionnels paramédicaux puissent reprendre des études adaptées et accompagnées de médecine ». Les infirmiers sont clairement visés.

Il ne s’agit pas à proprement parler d’une création puisque la possibilité pour un infirmier ou une infirmière de s’engager dans les études de médecine (mais aussi pharmacie, maïeutique et odontologie) sans les commencer en première année date de 2017. Déjà, à l’époque, il permettait aux infirmiers ayant deux ans de pratique professionnelle (condition supprimée depuis) de candidater pour intégrer les études de médecine en deuxième ou troisième année.
Difficile de connaître le nombre d’infirmiers qui ont bénéficié de cette passerelle : chaque université ouvre le nombre de places qu’elle veut, en fonction de ses capacités. L’université Paris Cité en a ouvert 38 en médecine cette année. Celle de Tours en a ouvert 17, celle de Brest 10… Et encore, sur les quelques dizaines de « paramédicaux » par an qui empruntent ces passerelles, seule une partie est issue de la filière infirmière.
« Reconnaître la pleine compétence »
Dans l’exposé des motifs de la proposition de loi qu’il a déposée en octobre 2023 tandis qu’il n’était pas encore ministre de la Santé mais député, Yannick Neuder exposait que « face à la pénurie de médecins, notamment de médecins généralistes, il convient de reconnaître la pleine compétence des professionnels paramédicaux qui apportent beaucoup à notre système de soins » et leur « expérience incontestable » et leur faciliter l’accès aux études de médecine. Sylvaine Mazière-Tauran, présidente de l’Ordre national des infirmiers (Oni), ne l’interprète pas autrement : elle y voit une « reconnaissance des compétences que les infirmières développent dans leur filière comme un atout pour les études médicales ».
En ces temps de pénurie de médecins et de sauve-qui-peut généralisé face aux difficulté d’accès aux soins, il s’agit donc d’attirer vers les études de médecine le maximum de personnes intéressées ou gravitant dans le monde du soin. Pour que ce transfert ne se limite pas aux quelques poignées de paramédicaux transfuges d’aujourd’hui, il faudra que les modalités d’accès et d’accompagnement des étudiants deviennent plus attractives, souligne la présidente de l’Oni. « C’est un engagement dans des études longues, fait-elle remarquer. Pour des professionnels qui ont déjà fait trois ans études, s’engager dans sept années supplémentaires minimum, voire quitter une situation où on gagne sa vie pour retrouver le statut d’étudiant, avec toutes ses difficultés, ce n’est pas à la portée de tout le monde. » Selon elle, il faudra mettre en place « des conditions financières » qui aideront les infirmiers candidats de manière significative mais aussi des critères d’accès harmonisés car « les dispositifs et modalités d’admission sont très variables suivant les universités ». Ces points – accélérateurs de motivation et freins – seront probablement évoqués dans le rapport que le gouvernement doit remettra au parlement sur l’effectivité de l’accès des auxiliaires médicaux aux études de médecine.
Rapprochement des filières
Pour Sylvaine Mazière-Tauran, « ce mouvement pourra s’amplifier quand la formation infirmière sera véritablement universitarisée et intégrée dans les universités de santé. Certaines veulent garder leur faculté de médecine mais la majeure partie créent des grandes universités de santé où chaque filière a sa place et où les passerelles peuvent se mettre en place plus facilement. Cela va dans le sens que nous défendons depuis plusieurs années. » Notamment avec des enseignements communs aux filières, adaptés aux passages de l’une à l’autre.
Le fait de vouloir attirer des infirmiers vers les études médicales pose toutefois la question de la « fuite » d’une partie de ces professionnels vers le monde médical dans un contexte où les infirmiers risquent de manquer à l’horizon 2050. « Une collègue cadre de santé en Ifsi a souligné qu’un étudiant qui partira vers d’autres études aurait peut-être été un futur professeur des universités en sciences infirmières ou une future spécialiste de tel ou tel sujet, remarque-t-elle. C’est un risque mais on ne peut pas empêcher les étudiants de suivre leurs envies. »
Selon elle, ces passerelles ne devraient pas attirer un grand nombre d’infirmiers. Elle évoque le cas de ceux qui auraient souhaité, dès le départ, faire des études de médecine, mais qui y ont renoncé – par exemple en raison de freins sociaux. La mise en place de ces nouvelles passerelles pourrait les inciter à bifurquer. « Et puis si on ne veut pas qu’il y ait une fuite, rappelle-t-elle, il faut améliorer les conditions d’exercice et l’attractivité de la profession. »
Géraldine Langlois
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