Où en est la revalorisation des salaires concernant les IPA ?
Olivier Véran, que nous avons rencontré le 19 avril, nous a confirmé que nous sommes concernés par les revalorisations. Il est prévu que les IPA soient revalorisés à la hauteur de la grille des infirmiers spécialisés. Cela ne nous satisfait pas car cela correspond à une augmentation infime.
Les grilles des infirmiers en soins généraux de deuxième grade sont strictement identiques aux grilles des IPA de classe normale alors qu’on est formés deux années de plus et qu’on est entièrement responsables des suivis qu’on assure. Or comme il faut huit ans aux IPA pour atteindre la classe supérieure, cela signifie que les infirmiers expérimentés et déjà en classe supérieure qui vont devenir IPA n’auront aucune revalorisation de leur grille indiciaire pendant huit ans…
Olivier Véran nous a dit que nous aurions une prime qui ne nous décevrait pas et une NBI, que nous n’avons pas pour l’instant.
Cela reste insuffisant car ce n’est pas pérenne. A diplôme académique supérieur et responsabilités supérieures, les IPA devraient avoir des grilles indiciaires supérieures.
Selon les pays, la différence de salaires entre infirmiers en soins généraux et IPA est de 40 à 100%. Pour nous ce serait moins de 10%…
Quel état des lieux de la pratique avancée avez-vous évoqué avec le ministre ?
Nous avons beaucoup parlé de la pratique avancée en soins primaires. Il ne peut pas y en avoir car les IPA ne peuvent pas vivre de leur activité dans ce cadre.
C’est un métier prescripteur mais cela fait deux ans que le système d’information de la CNAM n’a toujours pas prévu de numéro de prescripteur pour les IPA.
Ce qui fait que nos prescriptions sont refusées par les pharmaciens ou les radiologues, par exemple, ou que les patients ne sont pas remboursés. Olivier Véran a immédiatement appelé le directeur général de la CNAM, Thomas Fatome, qui lui a dit que ses services étaient sur le pont. Certains d’entre nous sont diplômés depuis quasiment deux ans et il est vraiment temps qu’on ait les moyens d’exercer !
C’est clairement préjudiciable au développement de la pratique avancée.
Quelle place se profile par ailleurs pour les IPA dans le premier recours ?
Le renforcement du rôle de premier recours des IPA est acté dans la mesure 6 du Ségur mais il n’a pas du tout été évoqué dans loi Rist (visant à améliorer le système de santé par la confiance et la simplification, NDLR).
Nous nous en sommes émus auprès d’Olivier Véran car cela pose problème sur le terrain. Le système actuel, avec un adressage exclusif par les médecins avec qui on a signé protocole d’organisation, et le fait que nous n’ayons pas le droit d’initier de prescription, ne nous permet pas d’exercer de manière efficace, notamment dans le champ de la prévention.
Il faut que nous puissions accéder à certaines prescriptions médicales comme les soins infirmiers, de rééducation ou les bons de transport. Le problème se posera aussi pour les futures IPA « urgence » qui pourront prendre en charge des patients seules, pour une plaie par exemple, mais pas prescrire l’ablation des fils…
C’est normal que chacun ait ses missions mais il est temps d’adapter le cadre législatif et réglementaire aux besoins de santé et au champ d’exercice et de compétence des professionnels non médicaux. Il faut changer la loi qui prévoit que les auxiliaires médicaux en pratique avancée ne peuvent qu’adapter ou renouveler les prescriptions médicales.
Il y a une crainte de surprescription mais il est prouvé que les IPA ne prescrivent pas plus que médecins.
Où en sont par ailleurs les travaux sur les IPA « urgence » ?
Le référentiel est quasiment bouclé avec la DGOS. La formation devrait commencer en septembre. Nous soutenons ce projet de cinquième mention.
Dans un premier temps, ils n’exerceront que dans le cadre de la médecine d’urgence en milieu hospitalier mais nous espérons qu’ils pourront ensuite exercer en ville, dans des MSP par exemple.
Deux parcours sont prévus, un parcours 100% paramédical, dans lequel l’IPA prend en charge le patient de A à Z, et un parcours médico-paramédical dans lequel le diagnostic et la stratégie thérapeutique seront posés par le médecin. L’IPA pourra prendre le relai ou travaillera de concert avec lui jusqu’à la sortie ou l’hospitalisation du patient.
Comprenez-vous que la création de ces IPA « urgence » inquiète les Iade ?
Quand les infirmiers anesthésistes découvriront le référentiel d’activité des IPA urgences, ils se rendront compte qu’on n’est pas dans le même champ d’intervention : les IPA dans les parcours paramédicaux ne seront pas dans la prise en charge critique et ne remplaceront pas les Iade.
Il n’y a aucune raison de se sentir en concurrence. Les IPA font un peu peur à tout le monde, les médecins, les cadres… Avec un peu de communication et de pédagogie, tout le monde comprendra qu’on a des métiers complémentaires.
Propos recueillis par Géraldine Langlois
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