Les études pour acquérir un diplôme d’État d’infirmier anesthésiste, puériculteur, de bloc opératoire ou en pratique avancée sont coûteuses et leur financement est un critère essentiel pour les infirmiers qui souhaitent les suivre. Il varie selon les filières ainsi que le statut professionnel des étudiants, leur secteur et leur mode d’exercice.
Pour devenir IBODE (Infirmier de Bloc Opératoire diplômé d’Etat)

Certaines écoles prévoient des frais de scolarité réduits pour les EIBO (Étudiants infirmiers de bloc opératoire) qui financent eux-mêmes leurs études (à partir de 6 000 € pour les deux années d’études). Pour les autres, ces frais peuvent dépasser les 10 000 € par an, soit plus de 20 000 € au total.
En 2023, 68 % des EIBO étaient issus du secteur public et ont bénéficié du financement de leurs études au titre de la promotion professionnelle par leur établissement. Ils sont donc une majorité à voir le coût de leur formation pris en charge et à continuer de toucher leur salaire. Mais tous les candidats n’obtiennent pas ce financement. Comme dans d’autres filières d’exercice, « c’est difficile pour certains établissements de laisser partir les infirmiers en formation d’IBODE », souligne Sophie Niay, présidente de l’Association des enseignants des écoles d’infirmiers de bloc opératoire (AEEIBO). « Cela dépend de la politique de chaque établissement, poursuit-elle. Certains ont une politique visant à former des IBODE et font donc le nécessaire pour envoyer les candidats qui ont réussi le concours à partir en formation. »
Les infirmiers issus du secteur privé lucratif ne représentaient l’année dernière que 16 % des EIBO et ceux du secteur privé non lucratif seulement 7 %. Ils peuvent, de leur côté, mobiliser leur opérateur de compétences (Opco), Opco Santé, et les associations partenaires Transitions Pro (ATPro) pour obtenir un financement. Afin de pallier la difficulté que rencontrent certains établissements à libérer leurs infirmiers pour suivre une formation spécialisée, les ARS proposent des contrats d’études. Ils permettent aux établissements employeurs de verser une allocation forfaitaire aux étudiants pendant une à deux années d’études de certaines filières considérées « en tension » (qui diffèrent selon les régions) en contrepartie d’un engagement de servir de 18 mois au sein de ces établissements. Les EIBO y sont parfois éligibles.
Enfin, 7 % des EIBO ne sont rattachés à aucun établissement. Parfois par choix : « ils savent qu’une fois le diplôme obtenu, ils pourront trouver un poste car il manque beaucoup d’IBODE », remarque Sophie Niay. Mais ils peuvent trouver d’autres sources de financement, comme le CPF (qui peut difficilement couvrir l’ensemble des frais, N.D.L.R.). En cours de formation, il peut arriver que l’un de leurs terrains de stage leur propose un contrat pour les embaucher, et de fait, finance leurs études. D’autres obtiennent une prise en charge par France Travail s’ils y sont inscrits. Et d’autres encore contractent des crédits. « C’est un choix de leur part », observe la présidente de l’AEEIBO. Peut-être ont-ils déjà reporté, comme ils en ont le droit, leur inscription en institut de formation ? Ce report, dont on ignore les causes, concerne tout de même 20 % des reçus au concours. Toutes les écoles ne font d’ailleurs pas le plein.
Certains candidats peuvent aussi, désormais, suivre les études d’IBODE dans la foulée de l’IFSI, sous le statut d’étudiant. Dans ce cas de « formation initiale », les frais de scolarité sont pris en charge presque intégralement, dans certaines régions, par les Conseils régionaux. À défaut, d’autres aides sont possibles notamment via l’apprentissage ou via des contrats avec des établissements en contrepartie d’un engagement d’y travailler ensuite.
Cet article a été publié dans le n°53 d’ActuSoins magazine (juin 2024).
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Pour devenir IADE (Infirmier anesthésiste diplômé d’Etat)
Comme pour les IBODE, certaines des 29 écoles des infirmiers anesthésistes, pratiquent des tarifs moins élevés pour les étudiants qui ne bénéficient pas de prise en charge financière (de 2 600 à 8 900 € par an) par rapport à ceux qui sont financés (de 7 000 à 11 000 € par an). Mais d’autres ne font pas de différence (de 5 500 à 10 000 € par an). Pour les EIA (Étudiants infirmiers anesthésistes) non plus, il n’est pas possible de savoir pourquoi mais 11 % des 795 places dans les instituts de formation ne sont pas occupées. Si 70 % des étudiants se font financer leurs études par leur employeur, du secteur public, surtout, dans le cadre de la promotion professionnelle, « les 30 % restant doivent beaucoup se mobiliser pour trouver un ou plutôt des financements et procèdent à des montages financiers très hétérogènes », souligne Ghislaine Rouby, présidente du Comité d’entente des écoles d’IADE (CEEIADE). Ils jonglent entre leur CPF, rarement assez alimenté, France travail (8 %), les contrats d’allocation d’études des ARS quand ils les concernent, les Opco et Transition pro (2 %) – « mais de moins en moins, précise-t-elle, car les Opco financent plutôt des formations sensibles et de courte durée ».
Pendant plusieurs années, un peu plus d’un tiers des Conseils régionaux accordaient une aide financière aux EIA mais ils sont aujourd’hui beaucoup moins nombreux, observe aussi la présidente du CEEIADE, et se limitent à des prises en charges partielles par des bourses, notamment. En fin de compte, certains étudiants continuent de travailler comme IDE pendant leurs études, en intérim ou en vacations, ce qui n’est pas idéal.
Pour devenir IPDE (Infirmier puériculteur diplômé d’Etat)
Les infirmiers qui veulent s’orienter vers la filière « puériculture » doivent débourser « en moyenne 9 000 € » pour l’unique année d’étude. Cette formation est accessible en continuum d’études, après l’IFSI, comme pour les EIBO. Elle est d’ailleurs suivie de cette manière bien plus fréquemment : la formation initiale post DE concerne 60 à 70 % des étudiants, souligne Anne Dannenmuller, présidente du Comité d’entente des écoles préparant aux métiers de l’enfance (CEEPAME). Dans ce cas de figure, les Régions prennent en charge la totalité ou une partie des frais de formation. Quand il y a un reste à charge, il varie d’une région à l’autre et peut être assez élevé.
Les étudiants en formation continue ne sont pas majoritaires, donc, dans cette filière : les politiques promotionnelles des établissements « privilégient les IBODE et les IADE, pas les IPDE alors qu’il y a de gros manques », indique la présidente du CEEPAME. La voie de l’apprentissage est également ouverte mais « cela ne fonctionne pas bien », observe Anne Dannenmuller. Au final, « des étudiants, surtout ceux qui s’autofinancent, ont du mal à joindre les deux bouts, ajoute la présidente du Ceepame. Certains contractent des prêts étudiants. »
Pour devenir IPA (Infirmier en pratique avancée)
Les études d’IPA, à l’université, sont généralement moins coûteuses : de 1 000 à 6 000 € par an en formation continue, selon le mode de financement, et 343 € (droits d’inscription + CVEC) en formation initiale, directement après l’IFSI (environ 5 % des étudiants). En formation continue, pour les infirmiers salariés du public ou du privé, les dispositifs ordinaires peuvent couvrir totalement ou partiellement le coût de la formation. Ce qui distingue les études d’IPA, c’est la disponibilité accrue de financements pour les libéraux par rapport aux autres filières : les infirmiers libéraux représentent entre 5 et 10 % des étudiants IPA. Il est particulièrement difficile pour eux d’interrompre leur activité pendant deux ans, même partiellement, ce qui justifie la mise en place de mesures spécifiques à leur intention.
Depuis l’avenant 10 à la convention des infirmières et infirmiers libéraux, en juillet 2023, les infirmiers libéraux peuvent bénéficier d’une aide de la CPAM de 15 000 € (17 000 € pour les infirmiers libéraux des DROM) destinée à compenser – en partie – la perte de revenus générée par l’arrêt de leur activité. Les ARS peuvent aussi offrir des aides de montants et aux conditions très variables. Celle de Bretagne, par exemple, verse 21 200 € par année de formation aux infirmiers libéraux qui s’engagent à s’installer dans la région et ont un projet professionnel soutenu par des médecins du territoire visé.
Par ailleurs, seule une petite minorité d’étudiants IPA doit assumer ses propres frais de scolarité. Au final, pour diverses raisons, toutes les places en master d’IPA ne sont pas pourvues.
Géraldine LANGLOIS
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Cet article a été publié dans ActuSoins Magazine
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