Le Haut conseil des professions paramédicales s’est prononcé hier contre le projet de décret créant la mention « urgences » de la pratique avancée infirmière.
Les membres de ce conseil, qui représentent les professionnels paramédicaux (via les centrales syndicales, des fédérations d’employeurs, les syndicats professionnels et ceux des spécialités infirmières – mais pas les IPA), l’ont rejeté à une très large majorité, semble-t-il.
Cet avis, consultatif, ne freine pas forcément l’avancée des démarches vers la création de cette cinquième mention de la pratique avancée. Symboliquement, cependant, l’opposition des représentants de professionnels paramédicaux ternit ce projet, auquel les représentants de IPA tiennent beaucoup.
L’opposition du Syndicat national des infirmiers anesthésistes (Snia) à la création de cette mention était déjà connue (lire à ce sujet notre article « Les infirmiers anesthésistes ne veulent pas passer après les infirmiers en pratique avancée »
Mais Julie Devictor, présidente du Conseil national professionnel des IPA (CNP IPA), « ne comprend pas », en revanche, celle des autres membres paramédicaux du HCPP, « qui va l’encontre de l’émancipation des professionnels paramédicaux ». Selon elle, il faudrait au contraire « qu’ils s’unissent pour monter en compétence et en finir avec un système uniquement médico-centré ».
Forte opposition au HCPP
Au-delà de cet avis, Julie Devictor a été « étonnée » de constater que le projet de décret présenté par le gouvernement au HCPP ne correspondait pas à ce qui avait été établi « de manière consensuelle » par les membres du groupe de travail qui a planché sur le sujet (et qui mêlait des représentants des infirmiers, des IPA, des médecins urgentistes, du service de santé des armées et des deux ministères concernés).
« Au début, remarque la présidente du CNP IPA, nous avions des divergences mais nous avons su nous parler et établir un cadre consensuel » sur le référentiel d’activité et de formation des IPA « urgences ».
Il prévoyait ainsi deux parcours, un parcours médico-paramédical, dans lequel l’IPA et le médecin participent à la prise en charge, et un parcours paramédical dans lequel l’IPA est autonome. Or le texte présenté au HCPP précise que la prise en charge d’un patient dans le cadre de ce parcours peut avoir lieu dès lors qu’un médecin intervient à un moment de cette prise en charge. Difficile de ne pas voir dans cet ajout l’effet de la pression de lobbies médicaux.
Autonomie limitée ?
Le président de l’Ordre national des infirmiers (ONI), Patrick Chamboredon, a fait part en tout cas dans un communiqué de son « incompréhension face à ce recul du gouvernement et aux pressions corporatistes ». Cette modification du texte initial ne le modifie pas radicalement, et le CNP IPA, comme l’ONI, continuent de soutenir le projet de décret.
Mais elle « limite le champ d’action des IPA aux urgences », constate l’ONI. Pour Julie Devictor, elle « pose la question de l’autonomie » des IPA « urgences » dans les prises en charge qu’elles devaient à l’origine mener seules.
Une autonomie qu’elle estime nécessaire pour répondre aux besoins de la population qui fréquente les services d’urgences Et qui relève, selon l’ONI, d’une démarche « pragmatique » face à la saturation des urgences.
Pour Patrick Chamboredon, « il faut que l’IPA ait une autonomie plus grande », même si elle travaille, forcément, en équipe avec le médecin. L’IPA, ajoute-t-il, est « un professionnel de santé formé à l’université, qui a une obligation de formation tout au long de la vie, et dont les études permettent d’assumer ses responsabilités ».
Géraldine Langlois
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