Guide infirmier pour la préparation des prélèvements sanguins pour bilans biologiques

Guide infirmier pour la préparation des prélèvements sanguins pour bilans biologiques

Acte incontournable des infirmiers dans la prise en charge des patients et pour la démarche diagnostique, le prélèvement sanguin requiert des connaissances théoriques indispensables et une pratique éprouvée. Même avant l’acte, l’infirmier fait des choix. Quels tubes utiliser, dans quel but, dans quel ordre et pourquoi ? Repères.

Seul tissu liquide de l’organisme, le sang est composé d’éléments figurés en suspension dans le plasma.

Les éléments figurés sont les globules rouges (GR 45 %), les leucocytes et les plaquettes (1 %). Le plasma représente 54 % du volume et se compose d’eau, d’O2, de CO2, de nutriments (glucose, acides aminés, vitamines, cholestérol), d’ions (Na+, K+, Cl-, Fe2+…), de protéines (facteurs de la coagulation dont le fibrinogène, albumine, hormones, anticorps…).

Le volume sanguin est estimé à 70 ml/kg chez un adulte environ.

Les fonctions du sang sont nombreuses : transport, régulation et prévention. Le sang assure une fonction de transport avec l’apport d’O2 et de nutriments, le transport des déchets cellulaires (CO2, déchets azotés), le transport des hormones vers les organes cibles. Il régule et maintient la température corporelle, le Ph normal, le volume adéquat des liquides, et l’équilibre des ions dans le système circulatoire. Il protège et prévient tout risque infectieux (immunitaire) ou hémorragique (hémostase). Dans le cadre de son exercice professionnel, l’infirmier pratique, sur prescription, le prélèvement de bilans sanguins. Ces examens permettent :

  • d’informer sur l’état de santé (grossesse, hypercholestérolémie),
  • de dépister des troubles biologiques (carence…),
  • d’orienter ou confirmer un diagnostic médical (grossesse, paludisme…),
  • de surveiller l’évolution d’une maladie (diabète, insuffisance rénale),
  • de surveiller la mise en place et l’efficacité d’un traitement (traitement anticoagulant…).

Prélèvement sanguin : Des tubes différents en fonction des analyses

Prélevé dans un tube sec (sans aucun anticoagulant), le sang n’est pas stable et va spontanément coaguler, au contact du tube. Cet amas appelé « coagulum » contient des cellules sanguines, de la fibrine et du plasma modifié. Après centrifugation, le coagulum perd sa structure et se sépare en une partie solide (agrégat de cellules et de fibrine) et une partie liquide : le sérum. Les tubes secs sont principalement utilisés pour la purge et les sérologies (voir tableau ci-dessous).

tubes pour prélèvements sanguins

Tous les autres tubes contiennent un anticoagulant (empêchant la coagulation naturelle de l’échantillon de sang), permettant d’obtenir, après centrifugation, du plasma. Le plasma et le sérum sont donc de composition différente, le plasma étant le plus représentatif de la physiologie naturelle d’un sang non coagulé. Certaines substances sont consommées durant la coagulation (glucose, fibrinogène) et leur concentration diminue dans le sérum. À l’inverse, d’autres substances sont produites ou libérées dans le sérum durant la coagulation (potassium, lactates…), leur concentration sérique est donc augmentée.

Code couleur spécifique des tubes pour le prélèvement sanguin

Les tubes possèdent un vide prédéfini, ce qui permet une aspiration franche du sang en fonction de la quantité désirée. Ils doivent être remplis de manière à respecter le ratio volume sanguin/additif (marque présente sur le côté de chaque tube). Chaque tube possède un bouchon de couleur spécifique en fonction de l’additif et donc de l’analyse (plasma, sérum, éléments figurés) qui sera effectuée au laboratoire.

Le code couleur des tubes correspond à la norme internationale ISO 6710.

Ordre de prélèvement des tubes

Il est capital de respecter les recommandations concernant l’ordre de prélèvement des tubes. En effet, il existe des interférences par transfert d’additifs d’un tube à l’autre via l’aiguille ou le bouchon ce qui peut fausser les résultats des analyses.

L’ordre de prélèvement des tubes dépend du matériel de ponction utilisé (aiguille ou dispositif à ailettes) et de la nécessité ou non d’hémocultures (aérobie et anaérobie). Deux principes sont à retenir :

  • Lors de l’utilisation d’un dispositif à ailettes, un tube de purge est indispensable. En effet, le tube de coagulation (prélevé en premier) est calibré pour un volume sanguin précis (compte tenu d’un volume précis d’anticoagulant liquide). Le volume d’air contenu dans la tubulure « sera aspiré » mais le volume sanguin total sera insuffisant et faussera donc les résultats si un tube de purge n’a pas été prévu.
  • Si le bilan comporte des hémocultures, elles seront prélevées en premier, le flacon AEROBIE d’abord suivi du flacon ANAEROBIE. Avec le dispositif à ailettes, il n’y a pas besoin d’utiliser un tube de purge, le flacon AEROBIE servant à faire la purge d’air.

Prélèvement avec aiguille pour un bilan standard.
Prélèvement avec aiguille pour un bilan standard.

Prélèvement avec aiguille pour bilan standard avec hémocultures.
Prélèvement avec aiguille pour bilan standard avec hémocultures.

Prélèvement un dispositif à ailettes pour un bilan standard : le tube de purge est indispensable !
Prélèvement un dispositif à ailettes pour un bilan standard : le tube de purge est indispensable !

Prélèvement un dispositif à ailettes pour un bilan standard avec hémocultures.
Prélèvement un dispositif à ailettes pour un bilan standard avec hémocultures.

Mémo technique : pour un bilan standard, les tubes sont choisis par ordre alphabétique : (purge) puis Bleu, Jaune, Rouge, Vert, Violet

Certaines analyses biologiques nécessitent d’être à jeun (glycémie, bilan phosphocalcique, bilan lipidique), d’autres (dosage d’hormones, cortisol, aldostérone, ACTH) nécessitent d’être effectuées avant une certaine heure (influence du rythme circadien…), ou après une période de repos strict (prolactine, rénine, aldostérone…).

C’est le moment de prélever

Le matériel est prêt, les tubes choisis. Avant de prélever, l’infirmier vérifie la prescription médicale, les conditions au prélèvement sanguin (nécessité pour le patient d’être à jeun pour certains examens), l’identité du patient (nom, prénom, date de naissance), la prise d’un traitement (anticoagulant par exemple) et les contre-indications éventuelles.

Le patient est informé de la ponction veineuse, du but de l’examen, du délai de retour des résultats. Il est installé confortablement.

Le matériel est préparé, l’intégrité des emballages et les dates de péremption sont vérifiées.

Les règles d’hygiène et d’asepsie (utilisation de soluté hydroalcoolique, de gants à usage unique) sont respectées sans oublier un conteneur à Objets piquants coupants et tranchants (OCPT), disponible à proximité.

Dans le cadre d’un prélèvement veineux périphérique, après la mise en place du garrot et le repérage de la veine, l’infirmier adapte le calibre de l’aiguille ou du dispositif à ailettes en fonction du diamètre de la veine.

Le prélèvement sanguin est effectué avec une asepsie rigoureuse et le port de gants à usage unique. L’utilisation d’alcool à 70° est proscrite chez l’enfant ou lors d’une mesure du taux d’alcoolémie (perturbation des résultats).

Au cours du prélèvement sanguin, l’ordre des tubes est respecté. Les tubes sont correctement remplis et homogénéisés lentement 5 à 10 fois environ (risque d’hémolyse).

Au retrait de l’aiguille, le point de ponction est comprimé avec une compresse propre puis recouvert avec un pansement. Le corps de pompe et le dispositif de ponction sont jetés immédiatement dans le conteneur OCPT.

Enfin, l’infirmier vérifie la concordance des étiquettes et de l’identité du patient dans la chambre du patient. Puis il étiquette les tubes, remplit les bons de laboratoire et achemine rapidement les tubes au laboratoire dans les conditions recommandées.

Les transmissions (orales et écrites) sont consignées dans le dossier de soins. n À suivre, dans le n° 50 d’ActuSoins Magazine : prélèvement veineux et résultats des bilans, en pratique.

Laurence PIQUARD
IADE Infirmière anesthésiste

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