Formations infirmières : état des lieux du côté des universités

Formations infirmières : état des lieux du côté des universités

Pour le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche, le rapprochement des formations infirmières avec l'université va dans « le sens de l'histoire », même si elles doivent rester professionnalisantes.

Dans ce second volet du panorama des formations infirmières, Actusoins explore le sujet par le bout de la lorgnette universitaire.

Lire aussi, sur ActuSoins.com, le premier volet du panorama des formations infirmières : 

Formation des infirmiers : des cursus de plus en plus proches de l’université

Formations infirmières : état des lieux du côté des universités
© Adobe Stock

Après l’attribution du grade licence au diplôme d’État en 2009 et le conventionnement de tous les IFSI avec les universités (puis la création de la formation, universitaire, des IPA), une deuxième étape de l’universitarisation des formations infirmières a débuté en 2020.

Le rapprochement entre IFSI et universités mais aussi entre formations médicales et paramédicales s’accentue depuis trois ans avec le programme d’expérimentations lancé par un décret de mai 2020.

Il se déploie en trois vagues successives, depuis les rentrées de septembre 2020, 2021 et 2022. Au total, 26 projets ont été déposés par 23 universités (dont neuf en 2021 et sept et 2022).

En ce qui concerne la formation initiale (premier-cycle), dix projets portent sur des passerelles permettant l’entrée en deuxième année d’IFSI d’étudiants en PASS-L.AS ayant validé, dans certaines conditions, 60 ECTS.

Les passerelles dans l’autre sens, vers les formations en médecine, maïeutique, odontologie et pharmacie, existent aussi mais elles concernent, pour le moment, un nombre de places beaucoup plus limité, indique le ministère.

23 universités expérimentent

Huit autres expérimentations conduisent les étudiants en IFSI à l’obtention d’un double diplôme : les ESI obtiennent à l’issue des trois ans le Diplôme d’État ainsi qu’une licence (en plus du « grade licence » associé au DEI).

Ce double-diplôme représente un avantage potentiel :  le ministère de l’Enseignement supérieur escompte que le complément de formation associé à l’octroi d’une licence dans le cadre des expérimentations  permettra aux étudiants qui ont obtenu ce double-diplôme de mieux réussir une poursuite d’étude en master.

Les expérimentations portent aussi sur le second cycle, avec neuf projets de doubles cursus concernant les étudiants en étude de spécialisation (Iade, Ibode), de pratique avancée ou de cadres. Ils suivent en parallèle des masters en santé, en ingénierie de la santé, santé publique, management, management des administrations et des entreprises et en sciences de l’éducation, indique aussi le ministère.

Cette période d’expérimentation, pour le premier comme le second cycle, dure six ans. Les projets seront donc évalués à l’issue de l’année universitaire 2025-2026. Les résultats de ces évaluations diront si certaines formules seront pérennisées ou non.

Infirmiers à l’université : nombre inconnu

Hors expérimentation, des détenteurs d’un DE au grade licence peuvent aussi tout à fait poursuivre des études en master puis en doctorat.

Certains le font, mais le ministère de l’Enseignement supérieur ne connaît pas leur nombre : il faudrait interroger toutes les universités pour connaître le nombre d’étudiants diplômés d’Etat en doctorat et tous les  responsables de master (très nombreux) pour connaître ceux qui en suivent un… Les diplômes qu’ils ont obtenus en dehors du circuit universitaire (comme le DE) ne sont en effet pas renseignés dans leur dossier d’inscription…

De la même manière, certains IDE enseignent à l’université sans que leur diplôme infirmier soit connu.

En revanche, depuis la création en 2019 de la sections de qualification en sciences infirmières du Conseil national des universités, la « CNU 92 », les tout premiers postes d’enseignants chercheurs ont été créés : huit postes de maîtres de conférence et un de professeur des universités. C’est peu mais la filière est jeune.

Certains infirmiers déjà engagés dans la recherche ont déjà postulé. Cependant, un frein potentiel au développent de ces postes réside dans le fait qu’à part si ces enseignants chercheurs mènent des travaux de recherche en santé publique, ils doivent pratiquer de la recherche en soins en établissement, indique le ministère.

Or comme ces postes sont rattachés uniquement au corps enseignant du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, leurs détenteurs n’ont pas d’attache avec un service de soin et doivent établir une convention avec un établissement de soins.

Une réflexion sur une double appartenance, qui existe dans la filière médicale, devrait être engagée prochainement pour rendre ces carrières plus attractives.

Géraldine Langlois


Articles complémentaires