Consultation infirmière : l'Ordre national des infirmiers pose sa définition

Géraldine Langlois
3 novembre 2025

L’Ordre national des infirmiers a adopté en septembre la première définition de la consultation infirmière, créée officiellement par la loi « infirmière » de juin dernier. Ce texte synthétique met en avant les compétences des infirmiers et leur place dans un écosystème professionnel, aux côtés des patients.

©PeopleImages/ShutterStock

Tandis que les décrets d’application de la loi infirmière sont encore en cours de rédaction, et que le projet de décret, central, sur les contours du champ de compétence des infirmiers a profondément déçu la profession, l’Ordre national des infirmiers (Oni) a pris les devants sur celui sur la consultation infirmière en publiant une définition officielle de cette pratique professionnelle.

Selon l’Oni, celle-ci consiste pour l’infirmier à recueillir « des données concernant l’état de santé de la personne », à réaliser « un examen clinique en vue d’établir son diagnostic » et à mettre en œuvre son « raisonnement clinique en fonction de ses compétences acquises par son niveau de diplomation, et de ses expertises ».

Le but : évaluer la situation de la personne, en « co-construction » avec elle. La définition rappelle par ailleurs que l’infirmier est « habilité à conseiller, prescrire, orienter, prodiguer des soins » mais aussi à « dispenser des séances d’éducation à la santé, d’éducation thérapeutique, de promotion de la santé et de prévention ». La consultation infirmière peut être mise en oeuvre à l’initiative de l’infirmier, sur orientation d’un autre professionnel, ou à la demande de la personne ou de son entourage.

Nommer pour reconnaître

Adopté par le conseil national de l’Ordre infirmier en septembre, ce texte, rédigé par la commission « Exercice professionnel » est l’aboutissement de plusieurs mois de travail.

En amont, les rapporteurs du texte – Sarah Bonenfant – présidente de l’Oni par intérim et Laurent Salsac, conseiller national – ont auditionné des experts et examiné les définitions en vigueur dans les pays comparables où la consultation infirmière est déjà reconnue.

Alors que la loi infirmière du 27 juin 2025 crée l’acte de « consultation infirmière », l’Ordre a souhaité préciser ce que recouvre concrètement cette terminologie. « Si on ne définit pas les choses, on ne peut pas réclamer qu’elles soient reconnues, souligne Laurent Salsac. Et si on ne le fait pas nous-mêmes, qui le fera à notre place ? »

L’Oni envoie ainsi un message clair et concis aux pouvoirs publics, notamment à ceux en charge de la rédaction du futur décret : il ne souhaite pas qu’une autre définition de cet acte infirmier y figure.

Pour le conseiller national de l’Oni, la définition repose sur deux éléments forts et centraux.

D’abord, la reconnaissance des compétences infirmières, non pas restreintes ou limitées à un bloc unique, mais adaptables aux différents niveaux de formation, lieux d’exercice et niveaux d’expertise des IDE ainsi qu’aux besoins de la population. Les infirmiers sont « capables de repérer des perturbations sur lesquelles ils peuvent agir en autonomie, selon leur rôle propre, ou en collaboration avec d’autres professionnels », remarque Laurent Salsac.

L’autre élément essentiel de la définition, selon lui, réside dans la notion de collaboration : les infirmiers n’exercent pas de manière isolée.  L’Oni insiste, dans le texte, sur la nécessité d’une « articulation fluide » entre la consultation infirmière, les différents niveaux de compétences au sein de la profession, et les autres professionnels de santé, chacun intervenant dans le cadre de ses propres compétences.

La définition met aussi l’accent sur la co-construction avec les patients, « un point auquel les infirmiers sont très attachés, de par leur proximité avec eux, poursuit-il. C’est un signal fort envoyé aux patients et à leurs représentants ».

Collaboration

Selon Laurent Salsac, les retours de la profession vis-à-vis de cette définition sont positifs. « On nous dit parfois “mais on le fait depuis longtemps”, remarque-t-il. C’est vrai mais ce n’était pas nommé ainsi et ce n’était donc pas reconnu. Les mots apportent une reconnaissance au travail réalisé » et longtemps invisibilisé.

À terme, une reconnaissance financière de cette consultation devrait survenir. L’Ordre souhaite également que cette définition figure dans le code de déontologie des infirmiers – intégré au Code de santé publique-  ainsi que dans l’ensemble du corpus de textes juridique qui encadre les missions de la profession infirmière.

Dans un premier temps, en tout cas, il espère la voir reflétée dans le prochain projet de décret sur la consultation infirmière.

Géraldine Langlois

Je m'abonne à la newsletter ActuSoins

No votes yet.
Please wait...

share Partager

×