L’autosurveillance glycémique (ASG), consistant pour le patient à mesurer lui-même sa glycémie à l’aide d’un autopiqueur, devient une pratique de plus en plus répandue et rapide à réaliser. Dans ce contexte le rôle d’éducation thérapeutique et d’accompagnement par l’infirmier est essentiel. Par conséquent, il doit maîtriser parfaitement les connaissances de base !

Les résultats d’une glycémie capillaire peuvent entraîner des adaptations de traitement, rendant crucial le bon déroulement de cette procédure. Pour favoriser l’autonomie du patient et son adhésion au soin, il est primordial d’impliquer activement ce dernier dans la gestion de son diabète, car c’est lui qui vit quotidiennement avec cette maladie. Lui expliquer clairement la procédure technique est important.
La première étape consiste à se laver les mains à l’eau et au savon, faut-il lui indiquer, en précisant que l’utilisation de solution hydroalcoolique est proscrite car elle peut fausser les résultats. Sans cette précaution, une personne non diabétique qui vient de manger une poire pourrait facilement obtenir une glycémie affichée de 350 mg/dL ! Il faut ensuite bien se sécher les mains, pour éviter une hémodilution qui pourrait entraîner un résultat sous-évalué.
Autosurveillance glycémique : préparation du matériel – ce qu’il faut savoir
Avant d’apprendre au patient comment se piquer seul, l’infirmier doit être au clair avec sa propre pratique et avec le matériel utilisé. Il faut déjà savoir que la plupart des lecteurs de glycémie fonctionnent avec des piles que les laboratoires fournissent gratuitement sur demande. Un lecteur affichant un symbole de pile « faible » risque de donner un résultat erroné, il est donc recommandé de toujours avoir des piles de rechange à portée de main. Pour les rares systèmes nécessitant une calibration du lot de bandelettes avec le lecteur, cette calibration doit être effectuée à chaque nouvelle boîte.
La conservation des bandelettes est également fondamentale : dans les établissements de soins, les bandelettes dans des emballages individuels sont souvent privilégiées pour éviter l’humidité et l’exposition à la lumière. Pour les bandelettes contenues dans un flacon, il faut veiller à la bonne fermeture du flacon et respecter l’échelle de température inscrite. Une mauvaise conservation des bandelettes peut entraîner des résultats incorrects.
Les étapes suivantes
Dans le cadre de la préparation du geste, l’infirmier (ou le patient dès qu’il est autonome donc) commence par vérifier la date de péremption de l’électrode, puis prépare l’autopiqueur.
Dans les établissements de soins, il existe des autopiqueurs à usage unique, souvent plus douloureux que les autopiqueurs personnels des patients car ils ne sont généralement pas réglables.
Un autopiqueur est personnel, comme une brosse à dents : pour éviter tout risque de contamination par le sang, le patient ne doit pas le partager avec son entourage.
Une fois les mains lavées et le matériel préparé, le lecteur est allumé en insérant l’électrode, l’échantillon de sang est prélevé. Il est vivement conseillé de porter des gants si le patient ne se pique pas lui-même.
Les bandelettes actuelles nécessitent un très faible volume de sang, entre 0,2 à 0,6 μL, soit moins qu’une tête d’épingle. Le prélèvement de la goutte peut être douloureux, mais il l’est moins lorsque le patient utilise son propre matériel plutôt que des autopiqueurs à usage unique. Il est maintenant possible de piquer n’importe quel doigt de la main. Les côtés de la pulpe sont privilégiés car ils sont moins sensibles, ce qui rend la procédure moins douloureuse.
Une fois l’échantillon de sang déposé, le résultat apparaît en quelques secondes.
Autosurveillance glycémique : interprétation des résultats
Les lecteurs sont fiables. Pour obtenir l’autorisation de mise sur le marché (AMM), les laboratoires doivent respecter une réglementation de plus en plus stricte. En France, un lecteur de glycémie ne doit pas avoir une marge d’erreur supérieure à 10 % par rapport à la valeur référence du laboratoire.
Il est important de noter que les résultats sont souvent exprimés en g/L alors que les lecteurs utilisent, pour la plupart, les mg/dL. Les résultats fournis par les laboratoires et certains hôpitaux sont, eux, exprimés en mmol/L (norme internationale), ce qui peut prêter à confusion. Pour illustrer cette différence : 1 g/L équivaut à 100 mg/ dL ou à 5,55 mmol/L.
Il est donc capital de toujours vérifier l’unité de mesure : « 5,5 » peut aussi bien correspondre à une grande hyperglycémie s’il s’agit de g/L qu’à une glycémie normale s’il s’agit de mmol/L. D’un résultat à l’autre, la conduite à tenir est très différente !
Les normes d’une glycémie « normale » à jeun se situent entre 70 et 100 mg/dL à jeun et avant les repas.
En période postprandiale, c’est-à-dire 1 h 30 après la fin d’un repas ou 2 heures après le début, la glycémie doit être inférieure à 140 mg/dL.
Lorsqu’un diabète est diagnostiqué, les objectifs glycémiques varient d’une personne à l’autre et dépendent de plusieurs facteurs, tels que l’âge et les comorbidités.
En général, les lecteurs de glycémie peuvent mesurer des valeurs comprises entre 20 et 600 mg/dL. En dehors de cette plage, les lecteurs affichent « LO » (pour « low », qui signifie « bas » en anglais) ou « HI » (pour « high », qui signifie haut).
Indications de l’ASG Autosurveillance glycémique et éducation thérapeutique
D’une façon générale, réaliser des glycémies offre plusieurs avantages : cela permet d’adapter le traitement, de confirmer l’origine d’un malaise ou d’un symptôme inhabituel, et de vérifier la présence ou non d’une hypoglycémie ou d’une hyperglycémie.
Posséder un lecteur qui leur est propre offre aux patients la possibilité de gérer eux-mêmes les prélèvements et leur permet de visualiser et d’objectiver leur maladie : souvent, le diabète ne se manifeste pas par des symptômes particuliers. Cela peut aider à une meilleure adhésion aux traitements et encourager des modifications du mode de vie.
La fréquence recommandée des glycémies capillaires dépend des objectifs de l’auto-surveillance (ASG) et du traitement.
En dehors de son rôle dans l’ajustement quotidien des doses d’insuline, la mesure des glycémies capillaires est principalement utilisée à des fins éducatives.
Le message à délivrer au patient par le soignant ou le médecin est le suivant : « lorsque vous reviendrez me voir, vous me direz ce que vous avez appris sur votre diabète grâce à l’ASG ; quels aliments font beaucoup monter votre glycémie, quels sont ceux qui ont peu ou pas d’impact, comment évolue votre glycémie après une activité physique, selon que vous prenez ou non votre traitement anti-diabétique, si on vous a prescrit des corticoïdes, etc. ».
L’idée est que le patient s’approprie le diabète grâce à cet outil, comprenne les fluctuations de sa glycémie et puisse être actif dans sa prise en charge. Pour cela, il est nécessaire de l’accompagner dans la réalisation de l’ASG. Pour évaluer l’impact des aliments, il est recommandé de faire une glycémie avant leur ingestion et une autre deux heures après. Pour évaluer l’effet de l’activité physique, il est conseillé de réaliser une glycémie avant et après l’activité ainsi qu’une glycémie aux mêmes horaires un jour sans activité. Une évaluation similaire peut être effectuée en cas d’oubli d’un antidiabétique.
Une fois ces buts atteints, si le diabète est bien équilibré et en l’absence de symptômes suspects d’hypoglycémie ou d’hyperglycémie, ou d’une maladie aiguë intercurrente susceptible de déséquilibrer le diabète, il n’est pas nécessaire de réaliser des glycémies quotidiennes.
Les lecteurs de glycémie conservent les données. Les noter sur un carnet papier ou électronique en les accompagnant de commentaires permet une discussion utile et concrète avec le médecin ou le soignant lors de la consultation suivante.
Pour les personnes devant effectuer une à plusieurs injections d’insuline par jour, le contrôle de la glycémie doit généralement être quotidien pour adapter les doses. Le plus souvent, les patients ont des protocoles d’adaptation et la plupart d’entre eux savent les utiliser ; parfois, l’aide d’un infirmier est nécessaire, notamment lors de l’initiation de l’insuline ou pour l’éducation initiale, ou à long terme lorsque l’autonomisation de la personne n’est pas possible. Chez les patients traités par insuline, la fréquence des glycémies peut varier d’une à six fois par jour, voire plus. Dans ces situations, la plupart des patients peuvent désormais bénéficier de la prescription d’un capteur de mesure continue du glucose (voir encadré ci-dessous).
LE SAVIEZ-VOUS ?
Les termes « dextro », « hémoglucotest » ou encore « HGT » sont couramment utilisés dans le jargon professionnel pour désigner la mesure de la glycémie capillaire. En réalité, ces mots sont des marques ou des abréviations de marques. Ainsi, de la même manière que « frigidaire® » est utilisé à la place de réfrigérateur, « Dextro » provient de Dextrostix®, le nom de la première bandelette créée dans les années 1960, qui changeait de couleur en fonction du taux de glycémie. De même, HGT est l’abréviation de Hémoglucotest®, l’un des premiers dispositifs de mesure de la glycémie.
Les capteurs de glucose

Les capteurs de glucose sont des dispositifs médicaux conçus pour mesurer le taux de glucose dans le sang. Ils se composent d’un petit capteur implanté sous la peau, chargé de mesurer en permanence le glucose (et non la glycémie) dans le liquide interstitiel. Les données ainsi recueillies sont transmises à un téléphone portable ou à un récepteur, en temps réel. Ces systèmes permettent d’afficher les niveaux de glucose en continu et de programmer des alarmes glucose « bas » ou « haut » si le patient le souhaite. Cette technologie a révolutionné la prise en charge du diabète, passant d’une surveillance intermittente par glycémies capillaires à une surveillance continue, jour et nuit.
Depuis 2017, l’Assurance maladie prend en charge le remboursement des capteurs de glucose pour les patients réalisant au moins trois injections d’insuline par jour. La primo-prescription et la formation à l’utilisation de ce dispositif doivent être effectuées par le diabétologue, pour une période d’essai de trois mois. À l’issue de cette période, une évaluation est réalisée pour confirmer le bénéfice de ce système pour le patient. Le renouvellement peut alors être fait par le médecin traitant ou par un IPA.
Depuis juin 2023, les patients ayant un taux d’hémoglobine glyquée (HbA1c) supérieur ou égal à 8 % et réalisant une seule injection d’insuline par jour peuvent également bénéficier du remboursement de capteur de glucose. Dans ce cas, la primo-prescription peut être réalisée par le médecin traitant.
La formation des patients revêt une grande importance car elle les confronte à une nouvelle manière de suivre leur diabète, passant de simples mesures ponctuelles à une surveillance continue avec des chiffres, des courbes et des indicateurs de tendance. Cette transition peut être perturbante et nécessite un accompagnement initial pour permettre une interprétation adéquate des résultats et une prise en charge adaptée. En cas de doute ou s’il existe une discordance entre le résultat et les symptômes (ou l’absence de symptômes), il est conseillé de vérifier la glycémie capillaire.
Bon à savoir : Selon la marque, les capteurs se posent sur le bras, sur le ventre ou sur le haut des fesses. Leur durée d’utilisation peut varier de 10 à 14 jours selon les modèles. En cas de décollement ou de dysfonctionnement, les fabricants garantissent le remplacement du capteur.
Des dispositifs remboursés
Le remboursement des dispositifs de mesure de la glycémie capillaire par l’Assurance maladie varie selon l’âge et le traitement du patient. Pour les moins de 18 ans, deux lecteurs sont remboursés tous les quatre ans et deux autopiqueurs chaque année, afin d’en avoir un à l’école et un à domicile. Pour les adultes, le remboursement couvre un lecteur tous les quatre ans et un autopiqueur chaque année. Le remboursement des consommables associés (bandelettes et lancettes), dépend du traitement suivi. Pour les patients sous insuline, il n’y a pas de limite de quantité. En revanche, le remboursement est limité à 200 bandelettes par an pour les patients non traités par insuline. Tous les fabricants garantissent leurs lecteurs pendant quatre ans et il est déconseillé de prescrire un nouveau lecteur avant cette période car l’Assurance maladie pourrait refuser la prise en charge.
Un numéro d’appel gratuit est disponible pour l’assistance.
Sylvie SAO PEDRO
Infirmière Coordinatrice Ville/Hôpital Diabétologie
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