Espace Expert – Geoffroy

Profil de Geoffroy

Fonction : Infirmier Infirmière en soins généraux

Expérience – Compétences : IDE / AP-HP

Sa contribution à ActuSoins Experts

Nombre de questions posées : 1

Nombre de réponses données : 2

Bonjour à tous.

Je suis confronté à un souci avec un patient lors de l'administration de ses traitements per os.
Lui, voudrait que je lui dépose simplement les médicaments sur l'adaptable et que je continue mon tour.
Mais, d'après ce qu'on m'a enseigné en cours et en stage, l'IDE (comme l'E.IDE) est censé s'assurer de la prise effective du traitement... Je lui ai donc expliqué le pourquoi du comment. Pour cette fois, ça a été.

Mais le surlendemain, une IDE, jeune diplômée de moins d'un an s'est retrouvée confrontée au même problème.
Le patient s'est alors énervé contre elle, en disant avec véhémence qu'il était juriste, qu'il connaissait ses droits et qu'il n'y a aucune raison à ce qu'on reste à l'observer avaler les médicaments. Il a aussi dit qu'il n'y avait qu'avec les étudiants et les jeunes diplômé(e)s que ça pose problème... les IDE plus "anciens" dans le métier posant juste les médocs sur la table. (Et pour l'anecdote, il a indiqué qu'il allait nous "foutre la merde" dans le service, qu'il allait prévenir la hiérarchie et jusqu'aux médias...).

Alors, comment s'assurer de la prise du traitement si l'on ne voit pas de ses yeux le patient en train de l'avaler ?
L'IDE jeune diplômée et moi avons nous rêvé cette règle ?

J'ai fait quelques recherches de textes réglementaires, et j'ai retrouvé l'article R4311-5 du CSP qui indique :
"Dans le cadre de son rôle propre, l'infirmier ou l'infirmière accomplit les actes ou dispense les soins suivants visant à identifier les risques et à assurer le confort et la sécurité de la personne et de son environnement et comprenant son information et celle de son entourage :
[...]
4° Aide à la prise des médicaments présentés sous forme non injectable.
5° VÉRIFICATION DE LEUR PRISE.
6° Surveillance de leurs effets et éducation du patient.
[...]"

S'il faut "vérifier leur prise", c'est bien qu'il faut voir le patient les avaler ; parce que voir a posteriori des emballages vides sur le bord de l'adaptable ou du plateau repas, je ne vois pas ça comme une preuve de prise du traitement (comprimé perdu dans les draps ? gélules stockées dans la table de nuit ? ...)

Suis-je dans mon bon droit en tenant à ce que le patient prenne les médicaments en ma présence et en ne les laissant pas sur la table s'il ne veut pas les prendre à ce moment-là ? (en sachant d'autant plus qu'il s'agissait ici de Lyrica et de Rivotril, et qu'il nous avait remis entretemps tout un stock de Norset non avalés mais planqués dans son tiroir...).

Cher(e)s futur(e)s collègues, merci de m'éclairer de vos lumières !

Signaler un abus

Réponse postée par : Geoffroy

Plus 0 Moins 0

Je vous remercie pour votre réponse.

Si je surveillais vraiment la prise effective des médocs c'est, comme je l'ai indiqué, parce qu'il a déjà fait le coup de planquer tout un stock d'antidépresseurs dans son tiroir de table de nuit. C'est une personne qui, du jour au lendemain, va soit vouloir qu'on le laisse les prendre seul, soit sonner pour qu'on vienne le voir les prendre, en allant jusqu'à ouvrir la bouche pour nous montrer que c'est bien avalé (alors que bien sûr personne ne lui demande de faire ça).
Sachant ça, ça me laissait perplexe sur l'attitude à adopter. L'avis de l'équipe qui m'encadre, c'est qu'il ne faut pas lui laisser les médicaments seul, parce que c'est une personnalité instable, déjà renvoyé d'une précédente hospi sur mesure disciplinaire, et qu'il serait tout aussi capable de porter l'affaire auprès de la direction des soins parce qu'on attend qu'il avale les médicaments, ou à l'inverse, parce que l'on a pas été assez vigilent et qu'il a réussi à se faire un stock de médicaments sans que personne ne s'en rende compte, ce stock servant alors de "preuve" de notre "non-vigilence".

Réponse postée par : Geoffroy

Plus 0 Moins 0

Suite et fin de ce cas...

Toute l'équipe soignante était d'accord sur le fait de ne pas lui laisser les médicaments sur le plateau ou l'adaptable, mais bien qu'il les prenne en présence de l'IDE/EIDE. Une note a été rédigée par la cadre à l'attention de tous les patients (mais bien sûr plus spécifiquement de celui-ci) indiquant les horaires des tours de médicaments et que ces derniers doivent impérativement être pris en présence du soignant.

Nous avions donc trouvé un consensus avec l'ensemble de l'équipe soignante.

Le patient était agressif ce matin avec une autre IDE, toujours à propos de l'administration du traitement. La cadre a pu assister à la scène. Elle s'est très très très longuement entretenue avec lui. Ensuite, le médecin du service s'est également entretenu longuement avec lui.
Et pour clôturer le tout, et bien le médecin a tranché en faveur du patient (!) faisant ainsi passer l'ensemble de l'équipe ainsi que la cadre pour une bande d'idiots... Le patient a eu le dessus une fois, il l'aura maintenant toujours, et ça s'en fait déjà ressentir puisque les menaces à l'encontre du personnel se multiplient. À chaque garde, matin, après-midi ou nuit, il choisit une nouvelle tête de turc.

Un patient qui malheureusement pour lui se rapproche chaque jour un peu plus d'une nouvelle sortie disciplinaire, car tous les membres de l'équipe se font agresser verbalement, accompagné de menaces au bon fonctionnement du service... C'est triste d'en arriver là.

----------

Et sinon, quelques petites précisions : service de rééducation neuro ; patient paraplégique, douleurs neuropathiques, chirurgie d'escarres, dépressif avec suivi psychologue (avec laquelle il déverse abondamment de son fiel sur l'équipe soignante, soit dit en passant) plus le traitement qui va avec.
C'est le genre de patient qui peut, par exemple, utiliser la sonnette juste pour voir le temps que l'on va mettre à lui répondre et à venir le voir ; le genre de patient qui va faire le reproche de venir à 2 soignants dans la chambre, alors que pour nous c'est une sécurité et le moyen d'avoir un témoin pour ce qui est dit ou fait (décision collégiale) ; le genre de patient qui va faire exprès d'utiliser sa cigarette électronique quand quelqu'un qui ne le connait pas passe furtivement dans sa chambre (des agents hospitaliers notamment) pour les provoquer et faisant croire qu'il s'agit d'une vraie cigarette...
Tout ça est assez risible au final, mais ça vous permet maintenant de mieux vous représenter le personnage, avec des attitudes qu'on a tous, diplômés et étudiants, forcément déjà rencontré à l'hôpital.

248 rq / 2,760 sec