Mediator : rapport accablant de l’IGAS

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Le rapport très attendu de l'Inspection Générale des Affaires Sociales, rendu le 16 janvier, accable le laboratoire Servier tout comme le système de pharmacovigilance. Xavier Bertrand ère que l'affaire Mediator sera "la der des der".

Crédit: e-MagineArt

Le benfluorex, substance contenue dans le Mediator, n'a pu rester sur le marché jusqu'en 2009 que grâce à une "incompréhensible tolérance" de l'agence du médicament et une pharmacovigilance très défaillante, affirme l'Inspection générale des affaires sociales dans un rapport accablant le 16 janvier.

Il révèle que dès 1976,  « la préoccupation des laboratoires Servier est de présenter ce nouveau médicament comme ce qu'il est peut-être -un adjuvant au traitement des hyperlipidémies et du diabète de type 2-, et non comme ce qu'il est à coup sûr -un puissant anorexigène". Ce qui explique, que malgré le retrait dès 1997 d'autres coupe-faim comme l'Isoméride ou le Pondéral pour complications cardio-vasculaires, le Mediator, lui, échappe à un sort similaire, alors même que les molécules sont parentes.

Bien qu'alerté pendant 15 ans des dangers potentiels du Mediator, retiré du marché en Espagne et en Italie en 2003, le Comité National de Pharmacovigilance (CNPV) reste passif de 1995 à 2005. Or la Mission à l'origine du rapport estime que le médicament aurait dû être retiré du marché dès 1999, compte tenu de la toxicité des fenfluramines qu'il contenait, de plusieurs cas graves chez des patients, et des doutes sur l'efficacité du Mediator.

Il faut attendre 2009 pour que la CNPV réagisse, après plusieurs cas graves, alors que le laboratoire Servier plaide pour le maintien de la commercialisation du médicament.

Le rapport pointe donc le rôle des laboratoires Servier, qui sont régulièrement intervenus auprès des acteurs de la chaîne du médicament pour pouvoir continuer la commercialisation du Mediator, l'incompétence des médecins experts pharmacologues, la lenteur de l'Agence du médicament, des anomalies majeures concernant la mise sur le marché du Mediator, la complexité d'un système de pharmacovigilance, cloisonné, divisé en de multiples institutions…

Pour éviter une nouvelle affaire Médiator à l'avenir, l'enquête préconise donc plus de mobilité dans le domaine de la vigilance sanitaire, plus de principe de précaution, que le doute bénéficie aux patients plutôt qu'aux firmes pharmaceutiques comme c'est le cas actuellement, et une plus grande indépendance de la commission face aux groupes pharmaceutiques.

« Plus jamais ça » semble être désormais le credo de Xavier Bertrand, pourtant déjà Ministre de la santé de 2005 à 2007.

Rédaction Actusoins

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