Christine : la thérapie par le sport

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Infirmière de secteur psychiatrique, Christine Huchet consacre sa carrière à la thérapie par le sport. En participant à l’entraînement des malades atteints de troubles psychiques, elle favorise leur réinsertion sociale et leur mieux-être.

Christine Huchet © DR

Le sport comme ligne de conduite

Sur la terrasse d’un café, faisant face à la mer et au vieux port de Marseille, Christine attend paisiblement l’entrevue à laquelle elle a accepté participer. Le cadre est parfait, la protagoniste chaleureuse. Il faut dire que les interviews font aussi partie de sa mission. « Plus je communique sur notre action à la presse, plus je casse l’image  négative que l’on se fait de la psychiatrie et plus je revalorise les patients » explique-elle.

Christine est de celle qui agit. Responsable du service des sports du centre hospitalier Edouard Toulouse dans le quinzième arrondissement de Marseille, elle soigne des malades à sa façon : le sport. Football, tennis de table, pétanque, volley, basket, escalade avec les patients des différents services de psychiatrie de l’hôpital sont autant d’outils qu’elle utilise dans le cadre de son métier. Pour elle, le sport représente une activité structurante dans la relation entre soignants et soignés. « Lorsque l’on peut faire respecter les règles d’un sport collectif, on arrive à faire respecter les règles de la vie. Les patients apprennent ainsi qu’ils doivent respecter autrui mais aussi faire preuve d’hygiène par exemple ».

Et les résultats sont probants. Plus que la relation à l’autre et la propreté, les actions menées par Christine contribuent à des améliorations franches des états pathologiques, notamment en terme de réinsertion. « Il y a quelques années, nous avions en charge un homme en voie de clochardisation. Pendant plusieurs mois, il a participé à l’activité voile que nous avions à l’époque. Lors d’une régate, il nous a surpris à contredire mon collègue qui soumettait une option de passage contre le vent. Il proposait autre chose. Lorsque nous l’avons interrogé sur sa suggestion, il s’est livré : il avait été moniteur de voile par le passé. Après de longs mois de non-communication, la porte s’était enfin ouverte sur sa vie, le lien de confiance était noué. »

Une vocation qui ne connaît pas la routine

Christine fait ce métier depuis près de 25 ans. Toujours au même poste, avec les mêmes ambitions et la même passion. Seul l’hôpital d’attache initial a changé. Très jeune, elle a su quelle serait sa vocation. C’est en faisant un « job d’été » en qualité de secrétaire dans une base de voile en Mayenne qu’elle a sa révélation. Plusieurs groupes d’handicapés mentaux fréquentent le club et cela  l’épate .

« J’adorais ces visages, je trouvais formidable que ces gens aient accès à cette activité ». Elle décide alors de renoncer à son désir de devenir professeur de sport. Après s’être renseignée sur les études à suivre pour travailler auprès de ces personnes, elle découvre que seul le métier d’infirmière peut lui ouvrir les portes de ses ambitions. Elle se tourne vers le secteur psychiatrique, qui a l’époque est encore distinct du cursus général. Tout juste diplômée, elle quitte la Mayenne pour la région parisienne et prend son premier emploi en unité psychiatrique traditionnelle, en caressant l’espoir que sa demande de création d’un poste consacré au sport soit prise au sérieux. Soutenue par le directeur de l’établissement, elle attend un an avant de pouvoir réaliser ce projet. Entre temps, pour se perfectionner, elle passe un brevet d’état d’éducateur sportif pour handicapés mentaux, ce qui lui permet de gagner en crédibilité.

Six ans plus tard, elle postule à Marseille, pour se rapprocher de son compagnon. Le poste existe déjà et s’avère vacant. Depuis, elle n’en déloge pas. Elle s’y consacre et s’implique chaque jour davantage. Seule infirmière du service, elle aimerait élargir « l’équipe », et surtout installer un terrain multi-sports au sein de l’hôpital. « Nous travaillons avec les gymnases extérieurs. Lorsque quinze ou vingt patients se présentent pour l’activité foot et que je suis seule à les encadrer, nous ne pouvons pas sortir ! ». Elle souhaite aussi aménager un parcours santé allié à un parcours senteur installé par une autre équipe, pour combiner approche environnementale, citoyenneté et sport. Alors, elle s’organise et cherche des financements auprès des institutions. Histoire de ne jamais renoncer à ses aspirations et « d’apporter toujours plus aux patients ».

Malika Surbled

Christine Huchet en 5 dates

1986 : Obtient son diplôme d’infirmière de secteur psychiatrique

1988 : Instaure un service des sports à l’hôpital Esquirol (94) après l’obtention de son Brevet d’Etat d’éducateur sportif

1993 : Déménage à Marseille et devient responsable du service des sports du centre hospitalier Edouard Toulouse .

1994 : Obtient un D.U de formateur en activité sportive adaptée

2010 : Projette le développement de son service avec l’installation d’un terrain multi-sports et l’élargissement de son équipe.

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Réactions

11 réponses pour “Christine : la thérapie par le sport”

  1. Robert dit :

    Passion, perseverence, humilite, creativite, devotion, patience, intelligence, capable……au moins quelques qualificatifs qui doivent te ceracteriser Christine…..Bravo et felicitations. Dans le pays ou je vis les malades psy sont enfermes ou laches et perdus dans la nature volontairement….donc ils n’esxistent pas……tu vois, il y a un monde d’ecart et ton magnifique projet fait objet de science fiction ici. Y aurait.il des gens comme toi sur mon ile ???????

  2. typuce dit :

    Merci pour ces messages de soutien ! Cela fait chaud au coeur et me rassure sur mon parcours, qui devient de plus en plus difficile dans un contexte ou les budgets hospitaliers fondent comme neige au soleil, et où la psychiatrie est de plus en plus le parent pauvre de la Santé! On oublie trop facilement que chacun de nous de nous peut demain faire un petit séjour en Psy…alors autant que les soins soient à la hauteur de la souffrance des patients….et tant qu’on a de l’énergie , mettons la, au service , au bénéfice des patients.

  3. jean louis dit :

    je felicite christine pour son parcours au service des personnes defavorisees ou qui n’ont pas de chance dans leur vie cela s’apparente a un sacerdoce si je ne me trompe pas !!

  4. Scalpel dit :

    Aux illuminées des 1ers commentaires: « ok ».

    Bravo à cette infirmière tenace et efficace. Un bel exemple d’engagement professionnel au service du patient.

  5. infirmière HP retraitée je félicite Christine pour l’attention qu’elle porte à ces malades qui ont tant besoin de nous

  6. oui c est clair on ne fait pas que les toilettes l animation, l ecoute etc….a toutes les aides soignantes et soignants nous faisons un travail ,tres prenant ,fatigant mais tellement de recompenses dans les yeux de nos residents, je suis fiere de mon travail!!

  7. Sylvie Veyron dit :

    en transformant les moments difficiles par des moments de chassons de sourires et de regards elle favorise les moments de toilettes et de repas
    putain elle ne font pas que les toilettes les aides soignantes???????? et ben non
    beaucoup contribue a un bon développement de la personne soignée
    merci a tous les aides soignants

  8. Sylvie Veyron dit :

    sylvie aide soignante en gériatrie consacre sa carrière a la thérapie par la joie de vivre

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