
De nouvelles expérimentations de rapprochement pédagogique entre IFSI et universités viennent d’être validées par un arrêté du 26 avril paru au Journal officiel le 7 mai. Certaines visent à créer des passerelles entre les deux types de formation, à Lille par exemple, ou à élargir des « passerelles » déjà initiées, comme entre l’université de Brest et les IFSI du Finistère.
Le nouvel arrêté prévoit par ailleurs que d’autres créent un double cursus, comme à Strasbourg entre le DE de puéricultrice et un master, par exemple.
Pour Michèle Appelshaeuser, présidente du Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec), ces passerelles « correspondent aux souhaits des étudiants ». Le Cefiec est favorable à ce type de rapprochements entre universités et instituts de formations en soins infirmiers, auxquels sa présidente voit plusieurs avantages.
Tout d’abord, ces projets multiplient les occasions de dialogue entre les deux types d’établissements qui ont très longtemps fonctionné de manière totalement indépendante. Ils permettent aux uns aux autres de mieux se connaître.
Profils d’ESI plus variés
Ces passerelles permettent aussi aux étudiants qui passent par l’université – soit parce que leur candidature en institut n’avait pas été retenue via Parcoursup une première fois, soit parce qu’ils choisissent les études en soins infirmiers après les premiers semestres de licence – d’intégrer un IFSI en deuxième année, sans repartir à zéro. « Ils ne perdent pas une année, ils gardent le bénéfice des 60 ECTS qu’ils ont acquis et on leur propose souvent un parcours d’accompagnement pour entrer en deuxième année, parfois avec un stage, selon les projets », souligne la présidente du Cefiec.
Ces recrutements d’étudiants au profil universitaire apportent une hétérogénéité intéressante aux promotions, ajoute-t-elle, même si certains auront peut-être besoin d’un accompagnement dans la « construction de leur nouveau projet professionnel » ou la modification de la « posture professionnelle » dans laquelle ils se projetaient.
D’une manière plus générale, observe aussi Michèle Appelshaeuser, ces étudiants venus de l’université occuperont dans les IFSI les places laissées vacantes par les ESI qui abandonnent au cours de la première année, ce qui conduira au final à la formation d’un plus grand nombre d’IDE. Une autre perspective positive en ces temps de pénurie de soignants…
Pour autant, la présidente du Cefiec s’interroge sur la variété des modalités de rapprochements expérimentées. Depuis les premières expérimentations, menées depuis un décret de mai 2020 et un arrêté de septembre 2021, les dispositifs peuvent revêtir des formes et emprunter des modalités très différentes, du partage de certains enseignements aux passerelles en passant par l’obtention par les ESI d’une licence en sciences sanitaires et sociale…
Ces modalités sont « très université-dépendant », remarque-t-elle. Durant les prochaines années, cette variété pourrait remettre en cause la notion de référentiel de formation unique et identique dans tous les IFSI. « Si on multiplie les façons de faire, les étudiants ne seront pas formés partout de la même manière », observe la présidente du Cefiec. Une bonne ou une mauvaise chose ? Sans répondre à cette question, elle s’interroge : « est-ce qu’on parlera encore d’un DE » à l’issue des expérimentations ? Seules leur évaluation et les décisions auxquelles elle conduira le diront…
Fin du référentiel unique ?
En attendant, la variété des formules, surtout quand l’architecture de la formation en IFSI est modifiée, risque, en filigrane, de poser problème aux étudiants qui changent d’institut en cours de formation, qui semblent plus nombreux depuis l’intégration du recrutement en IFSI dans Parcoursup.
De son côté, la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (Fnesi) n’a pas vraiment de position sur le sujet, indique sa présidente, Mathilde Padilla. Mais « les retours que nous avons ne sont pas bons », ajoute-t-elle, notamment car il manquerait aux étudiants issus d’un cursus universitaire arrivant en deuxième année d’IFSI les stages de première année.
Pour la présidente de la Fnesi, une formule prévoyant un stage en deuxième semestre de première année de licence à l’université permettrait aux étudiants concernés d’entrer en IFSI « de manière plus sereine ». Au-delà, poursuit-elle, « nous serions pour une formation avec une majeure en sciences infirmières et une mineure, tout à l’université », avec des passerelles vers d’autres études comme celles de médecine.
Géraldine Langlois
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