Le livre de l’infirmière Raphaëlle Jean-Louis, contre les maltraitances faites aux étudiants en soins infirmiers, sort en format poche
A l'occasion de la sortie de son livre « Diplôme délivré(e) » en format poche, 3 ans après une première parution aux éditions Michalon, Raphaëlle Jean-Louis, infirmière, auteure et réalisatrice, revient sur le succès de cet ouvrage qui dénonce les maltraitances faites aux étudiants en soins infirmiers en stage.
Raphaëlle Jean-Louis, infirmière, auteure et réalisatrice, dénonce depuis plus de 3 ans les maltraitances subies par les étudiants en soins infirmiers pendant leurs stages. © DR
« Le livre a très bien marché dès sa sortie […] J’ai été très surprise ! » confie Raphaëlle Jean-Louis.
« À la suite de la parution du livre, j’ai eu des retours extrêmement positifs », poursuit-elle. Interviews dans la presse et en radio, invitations à des émissions télévisées, Raphaëlle Jean-Louis a même été conviée à l’Elysée pour rencontrer la conseillère solidarité et santé de la présidence de la République. « J’ai vécu des moments très forts et j’ai eu besoin de prendre un peu de recul pour mieux rebondir, avoue-t-elle. C’est un sujet qui est toujours d’actualité et il reste beaucoup de choses à faire. »
D’ailleurs, les ministres de la santé et de l’enseignement supérieur ont publié hier un communiqué rappelant leur mobilisation face à la maltraitance et au harcèlement des étudiants en santé. Raphaëlle Jean-Louis réagit : « c’est très important. J’ai reçu des témoignages d’étudiants, de soignants et d’autres professionnels de la santé, notamment des psychologues. » Le travail de Raphaëlle a également été repris dans certains IFSI par des cadres de santé formateurs qui ont mis en place des groupes de parole pour les ESI.
Diplôme Délivré(e) a permis à certains soignants de repenser à leur passé de stagiaires et de faire le point sur leur rôle actuel de tuteurs : « ils me parlent de quotidien souvent difficile, certains portent un regard différent sur des situations auxquelles ils assistent ou qu’ils vivent avec les étudiants qu’ils encadrent. » Elle explique : « Le but de mon livre est aussi de nous faire changer de regard sur nos pratiques. »
Lire aussi, sur ActuSoins.com
Des projets en librairie et au cinéma
La publication de son livre en format poche est une nouvelle étape dans la carrière littéraire de la jeune infirmière. Raphaëlle se confie sur ses nombreux projets : « je vais bientôt publier mon second livre. » Un ouvrage sur un combat personnel : « je souhaite me dévoiler un peu plus, et peut-être aider les autres. » Elle travaille aussi sur un autre ouvrage qui concernera les soignants, sous un angle humoristique.
Réalisatrice, Raphaëlle a pour projet d’adapter Diplôme délivré(e) au grand écran. Le scénario est prêt, elle explique avoir rencontré plusieurs producteurs et souhaite trouver un partenaire avec lequel elle partage des valeurs. « Je veux m’investir dans le processus de création parce que j’ai envie que le film soit porté par des soignants. Nous sommes les seuls à pouvoir montrer notre réalité. »
Un projet de film déjà soutenu par des personnalités du cinéma, le rappeur et scénariste Kamini et l’actrice Marion Chrisman sont prêts à rejoindre le casting. « Avis à toutes les productions, je ne lâcherai pas ! Infirmiers, étudiants, ceux qui veulent s’engager dans ce projet peuvent me rejoindre », lâche-t-elle.
Comment la jeune femme arrive-t-elle à concilier le quotidien d’une infirmière avec ses nombreuses casquettes ? « C’est costaud ! s’amuse-t-elle, c’est beaucoup d’organisation mais c’est quelque chose que je fais avec plaisir. » Un dynamisme qui lui vaut de nombreux retours bienveillants et des demandes de conseils auxquelles elle répond : « N’importe qui peut le faire, il suffit d’avoir envie ! »
Lire aussi, sur ActuSoins.com
Infirmière et réalisatrice, elle prépare un long-métrage sur les soignants (2017)
Adrien Collet
Abonnez-vous gratuitement à la newsletter Actusoins
Zoom sur "Diplôme Délivré(e)", de Raphaëlle Jean-Louis, éds J'ai lu et éds Michalon
« Ma première journée se poursuit. Je sens que les soignants sont très distants, qu'ils n'ont pas forcément envie de s'investir auprès des étudiants. Nous sommes alors six stagiaires. Je commence à comprendre que, visiblement, ce service est connu pour être particulièrement difficile. On peut s'en sortir, mais il faut vivre au quotidien la violence, se taire, obtenir sa note et s'en aller.
Je ne le sais pas encore, mais le cauchemar commence. »Raphaëlle a connu le parcours dit "classique" d'une étudiante infirmière. Dynamique et motivée, elle multiplie les stages et prend grand plaisir à soigner tout en apprenant.
Un seul stage va bouleverser son parcours. Devenue le souffre-douleur d'une équipe d'infirmières et d'aides-soignantes, elle subit pendant plusieurs mois humiliations et brimades de toutes sortes, sans oser en parler. Trois jours avant la fin du stage, elle craque.Le cas de Raphaëlle est loin d'être unique. Les récentes études dénonçant les violences faites à l'hôpital ont mis en lumière les cas de maltraitance chez les étudiants en santé. Raphaëlle a souhaité témoigner à visage découvert.
