Revalorisation des salaires infirmiers : plusieurs organisations déplorent des inégalités de traitement

La revalorisation salariale des paramédicaux, annoncée le 12 avril par le ministre des solidarités et de la santé fait réagir. Si quelques syndicats saluent des avancées, le constat n’est pas homogène au sein de la profession. Certaines organisations déplorent un traitement inégal entre les catégories de soignants.

Revalorisation des salaires infirmiers : plusieurs organisations déplorent des inégalités de traitementOlivier Véran a annoncé lundi, à l’issue du troisième comité de suivi du Ségur de la santé, une revalorisation des grilles indiciaires (lire notre article ICI). Cette mesure concernera les personnels soignants et médico-techniques de la fonction publique hospitalière à compter du mois d’octobre 2021. A titre d’exemple, un infirmier en début de carrière, devrait percevoir 290 € net/mois de plus qu'avant le Ségur (+183 € net de revalorisation du Ségur + 107 € net au titre de la revalorisation des grilles de catégorie A).

Les négociations avaient été entreprises au second trimestre 2020, durant la première vague de l’épidémie de COVID-19. Les organisations représentatives de la profession avaient alors présenté leurs revendications, parmi lesquelles l’augmentation salariale de 300 euros nets permettant de s’aligner sur le salaire moyen européen.

Quelques jours après les annonces, les réactions des centrales syndicales et des organisations professionnelles infirmières sont mitigées. Certaines saluent « de véritables avancées » comme le soulignent la CFDT santé-sociaux et Force Ouvrière dans leurs communiqués. Le SNPI, par la voix de Thierry Amouroux, confirme que la somme annoncée pour les infirmiers en début de carrière « se rapproche des revendications initiales », mais s’interroge sur le déploiement tardif de la revalorisation et sur les modalités de son application dans le temps.

Le SNPI rejoint d’ailleurs d’autres organisations professionnelles, notamment celles représentant les infirmiers spécialisés et les cadres de santé, qui dénoncent un traitement inégal de la part du ministère.

Sentiment d’inégalité, d’injustice...

« On est excédés ! », confie Simon Taland, secrétaire général du Syndicat National des Infirmier(e)s Anesthésistes (SNIA). La revalorisation des grilles de catégorie A, après 1 an de carrière, correspond à 16 euros net pour un infirmier spécialisé, - soit une revalorisation salariale de 199 €, contre 290 € pour un infirmier en soins général au total - selon les données du ministère. Après revalorisation, la différence entre le salaire net d’un IDE en début de carrière et celle d’un IDE spécialisé est de 13 euros, quand elle s’élevait à 113 euros avant Ségur.

« On s’aperçoit qu’il n’y a plus de différence entre les professions spécialisées et les infirmiers en soins généraux. » Simon Taland dénonce l’absence de prise en compte du niveau d’étude, de compétences et de responsabilités dans les annonces faites par le gouvernement. Il rappelle que les revendications des IADE portaient sur une grille salariale conforme à un BAC+5. « Il ne peut pas y avoir une différence de 13 euros entre un niveau licence et un master. »

Le sentiment est partagé par les IBODE. Dans un communiqué diffusé mardi, le Collectif Inter-Blocs estime que « la valorisation de la profession est inexistante. »

 « C’est la douche froide pour les IBODE quand on s’aperçoit que l’écart de salaire se réduit encore », s’alarme de son côté l’Union nationale des associations d’infirmier(e)s de bloc opératoire diplômé(e)s d'Etat (UNAIBODE).

L’Association nationale des cadres de santé (ANCIM) s’est également exprimée. Elle explique que les cadres de santé sont les professionnels les moins revalorisés après un an de carrière et « devront attendre 5 ans pour percevoir un supplément. » En effet, les chiffres font état d’une revalorisation de 183 euros pour un cadre en début de carrière, soit le montant déjà obtenu lors de la première phase du Ségur, sans supplément.

 « Cela pose un problème d’égalité », commente Thierry Amouroux pour le SNPI, « jusqu’à présent il y avait un principe de rémunération selon le niveau d’étude. Laisser entendre que, peu importe le nombre de mois d’études supplémentaire, une infirmière spécialisée touchera 13 euros, ça ne fait pas cher le mois d’étude ! »

... et de mépris

A travers l’expression des différentes organisations, apparaît un sentiment de mépris au sein des différentes familles que compte la profession infirmière. Simon Taland confie : « je n’ai jamais ressenti un tel mépris de nos gouvernants. » Sentiment partagé par l’ANCIM qui se dit « sidéré du mépris avec lequel sont considérés les cadres de santé », et par le collectif Inter-Blocs : « jamais un tel mépris n’avait été affiché par le gouvernement. »

Le secrétaire général du SNIA explique que ces annonces sont faites à un moment particulier pour la profession IADE dont les revendications statutaires n’ont pas été entendues. « Les IADE sont très éprouvés par la crise sanitaire, il y a un sentiment de déclassement qui fait monter la défiance chez les professionnels », ajoute-t-il.

« Le gouvernement peut mieux faire »

Les annonces concernant la revalorisation des salaires ne vont « pas suffire à répondre au problème de l’attractivité à l’hôpital [...] Le gouvernement peut mieux faire », estime le SNPI . L’ensemble des organisations s’interroge également sur les modalités d’application à l’ensemble de la carrière et attend un calendrier plus précis de mise en œuvre.

Pour les organisations représentant les IADE, IBODE et cadres de santé il s’agit également de résoudre un problème d’attractivité des spécialités. Simon Taland craint des problèmes de recrutement dans les écoles : « Qui ira faire IADE pour 200 euros de plus - que les infirmiers en soins généraux, ndlr - en fin de carrière ? »

Adrien Collet

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Réactions

12 réponses pour “Revalorisation des salaires infirmiers : plusieurs organisations déplorent des inégalités de traitement”

  1. Fabrice Bertel dit :

    Bonjour
    Le corporatisme mesquin et imbécile divise encore plus la profession :En effet la revalorisation salariale est sûrement plus faible pour les infirmiers de blocs et anesthésistes. Toutefois ces spécialités n’ont pas attendu le segur pour optimiser leurs rémunérations à cause de leur rareté en se plaçant sur des postes au long cours à l’hôpital publique par le biais de l’interim. Enfin qui a le plus de compétences et de responsabilité entre un infirmier de blocs et un infirmier en salle ? Je ne sais pas. Avec humilité et honnêteté, je refuse la ségrégation professionnelle et prône l’égalité impossible !!?
    Un infirmier en gériatrie compétent et responsable

  2. Steph dit :

    Bonjour, les infirmières de catégorie B peuvent nous rejoindre sur le groupe suivant : https://www.facebook.com/groups/917195445523616/

  3. nathalie dit :

    Et concernant les infirmières puéricultrices de la fonction publique territoriale ???????
    je travaille en PMI et perso aucune augmentation en vu ……. Nous sommes aussi les « oubliés du ségur » pourtant pendant cette pandémie nous avons continué à assurer les consultations, les visites à domicile, les évaluations sociales,les agréments…………… en 1ere ligne quoi!

  4. Chris Royer dit :

    Bonjour collègues!
    Il faut faire une pétition !!
    Cat A /B solidarité!!
    Comment s’ organiser ?il faudrait agir vite.. Nanou aurais-tu avancer de ton côté ?
    Info régionale pourquoi pas?
    Suis partante!!
    Une infirmière de cat R comme RÉ VOLTEE !!!

    • Anemone Rose dit :

      Bienvenu au collectif des infirmiers de cat B …B comme, nan j’arrête!
      Il me Faudrait ton pseudo Facbook, car c’est un groupe sur messenger.
      Je suis en train de creer une page FB qui s’intitulera  » les infirmiers de catégorie B en colère »‘
      A bientôt

  5. Pseudo dit :

    l’application d’un complèment de retraite à partir du 1er septembre 2020 en ayant cotisé une journée traduit un véritable mépris pour toutes les infirmières qui sont partis en retraite depuis le 1er mai 2020 date du début du ségur quelle honte je viens de mettre ma carte electorale à la poubelle

  6. Ludivine dit :

    Aucun mot sur les IPDE qui sont tout aussi spécialisés que les IADE et les IBODE avec un double diplôme d’Etat !

  7. Dubois dit :

    Et les AMP du mediCO social nous on n’a rien et pourtant ya ces cas de covid et je touchent net 1350 et je fait deux week end par moi

  8. Jess dit :

    Alors ce qui me fait rire je m’excuse hein mais dans la Loire vous commencé à 1550e net en tant qu’Ide et non pas 1730e comme annoncé dans les articles…
    Et puis bien évidemment il faut 5ans au moins avant d’arriver à être titulaire si c’est pas plus alors l’augmentation ne va pas concerner grand monde… Comme d’hab.
    Ah oui et j’oubliais qd je vois le peux d’écart de salaire entre As et ide je me demande pourquoi j’ai fait 3ans d’études… Je dis pas que les As sont trop payés mais plutôt que les ide ne le sont pas assez

  9. MESTRE SOPHIE dit :

    Une revalorisation de salaire c est bien, ce qui serait bien c est que les années d études soient reprisent et compte pour la retraite pour tous le monde et pas que pour ceux qui sont diplômé après 2016.

  10. Isabelle dit :

    Et les IDE du privé ???

  11. Auger dit :

    Bonjour
    Et qu’en est-il des infirmières restées en catégorie B?
    Est-ce que tout le monde passe en catégorie A…..
    Est-ce qu’on aura la revalorisation..
    Merci

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