C’est quoi, les concours sur titres ?

Fin décembre, un arrêté a fixé les modalités d’organisation du concours sur titres de recrutement des infirmiers en pratique avancée (IPA). Mais au fait, à quoi servent ces épreuves ? Comment sont-elles organisées ? Et d’ailleurs, ont-elles toujours lieu conformément aux textes en vigueur ?

© ShutterStock

Un jury composé du directeur de l’établissement et d’un PH. Une audition de 25 minutes au plus. Un dossier préparé par le candidat, comportant un CV et une note sur son parcours et ses travaux. Telles sont les modalités du concours sur titres permettant le recrutement dans la fonction publique des auxiliaires médicaux exerçant en pratique avancée, fixées par un arrêté publié au Journal officiel le 23 décembre dernier.

Reste à savoir si ce texte sera appliqué à la lettre. Car si le concours sur titres des IPA doit marcher sur les traces de celui qui permet aux IDE d’intégrer la fonction publique, on peut anticiper un certain décalage entre le souhait du législateur et la réalité du terrain.

« En la matière, il y a la théorie… et la pratique », confirme André Lucas, ancien directeur d’hôpital qui enseigne à l’École des hautes études en santé publique (EHESP) et qui coordonne le Manuel de gestion des ressources humaines dans la fonction publique hospitalière, dont la dernière édition a paru au mois de septembre aux Presses de l’EHESP.

La théorie, c’est que le concours sur titres, c’est-à-dire un concours sans épreuves, où un jury réuni par le chef d’établissement examine les diplômes et le parcours des candidats, est la voie unique d’accès à la fonction publique pour les infirmiers : c’est en tout cas ce que prévoient les articles 6 et 7 du statut des infirmiers en soins généraux. « Le principe de base dans la fonction publique, c’est l’égalité d’accès aux emplois publics, et la méthode pour respecter cet accès, c’est le concours », résume André Lucas.

La règle… et ses entorses

Sauf que ce principe de base souffre de certaines entorses. « Dans un certain nombre de cas, les établissements n’organisent pas les concours », reconnaît l’enseignant. Celui-ci note d’ailleurs dans son manuel que si le statut particulier des infirmiers prévoit une titularisation à l’issue d’un concours sur titres, il annonce que les modalités précises d’organisation de ces concours seront précisées dans un arrêté… qui n’a jamais été publié.

Car dans la vraie vie, organiser un concours sur titres peut être assez compliqué pour les établissements. « Il faut sélectionner un jury avec des directeurs et des médecins venant d’autres établissements, détaille Céline Laville, présidente de la Coordination nationale infirmière (CNI). Certains hôpitaux ont beaucoup de mal à réunir ces personnes, et titularisent les gens sans concours. »

Des propos que Matthieu Girier, président de l’Association pour le développement des ressources humaines dans les établissements sanitaires et sociaux (Adrhess), tient à nuancer. « On ne peut pas vraiment dire qu’il n’y a pas de concours, estime celui qui est également directeur du pôle « ressources humaines » au CHU de Bordeaux. Ce qui se passe, c’est que quand il faut organiser un ou deux concours par grade ou par an, cela peut générer des bouchons à la stagiairisation [c’est-à-dire à l’entrée dans la période qui précède la titularisation dans la fonction publique, ndlr] des agents. C’est pourquoi, pour un certain nombre de corps et de grades dont les infirmiers font partie, il existe des modalités accélérées de stagiairisation, qui sont une sorte de concours sur titres permanent, où l’établissement analyse les candidatures au fil de l’eau. »

Concours cherche candidats, pas sérieux s’abstenir

La réalité, c’est donc que les concours sur titres ne prennent pas forcément la forme d’une compétition. « Pour les aides-soignants et les infirmiers, la rotation des effectifs fait qu’on a plus de postes vacants que de candidats, explique Matthieu Girier. Dans ces conditions, le rôle de l’employeur public est surtout de vérifier les pièces demandées. » Pour le DRH, le véritable concours, celui qui permet de vérifier qu’un infirmier est en mesure d’effectuer son travail, « ce sont les épreuves qu’il passe pour valider ses différents modules à l’Ifsi ».

Bien souvent, l’enjeu à l’hôpital n’est d’ailleurs malheureusement pas de sélectionner les meilleurs candidats parmi une foule de prétendants, mais bien, comme le glisse Céline Laville, « de garder les agents ».

Pas sûr toutefois qu’il en soit de même pour le concours sur titres en pratique avancée. « Pour les métiers où on a beaucoup de candidats pour le même poste, le concours sur titres se justifie pleinement », estime André Lucas. C’est tout ce qu’on souhaite aux IPA.

Adrien Renaud

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