Mobiliser les soignants : les différentes pistes du ministère

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Les ressources humaines dans les établissements de santé risquent de manquer cruellement dans les jours et semaines à venir. Afin de faciliter la mobilisation des professionnels soignants, le ministère des solidarités et de la santé a transmis la semaine dernière un nouveau vademecum aux ARS, aux hôpitaux et aux Ehpad. L’idée : optimiser la présence des soignants en place et en trouver d’autres au plus vite.

Le document est une deuxième version  des modalités de mobilisation et de réquisition des personnels dans les établissements de santé, diffusées une première fois en mars dernier.

Recensant les marges de manœuvre des établissements, il dresse une liste de recommandations, pour d’une part, favoriser l’attractivité et d’autre part, faciliter la mobilisation, voire la réquisition du personnel. Entre incitations et obligations, la frontière est mince…

Facilités financières…

Il faut « soutenir les renforts RH et permettre d’accompagner les personnels mobilisés en renfort », indique le document . Ainsi, le ministère rappelle la possibilité donnée aux chefs de service de délivrer des autorisations spéciales d’absence (ASA), « dans le cadre des motifs justifiant l’absence du service au regard des impératifs de continuité de service public ». Durant ces périodes, l’agent public « perçoit son entière rémunération ».

Des dispositifs de taxis ou de remboursement des frais de transport pour les agents venant en renfort dans un autre établissement peuvent également être mis en place « au regard des nécessités absolues de service et du besoin de protection des agents dû par l’employeur ».

« Les établissements qui font appel à des personnels en renfort de l’extérieur doivent mettre en place une procédure permettant aux agents de bénéficier de ce service sans avance de frais, l’établissement prenant à sa charge le paiement des courses. A ce titre, les factures devront être demandées et transmises par les agents bénéficiaires ». Néanmoins, est-il noté, « quand c’est possible, le recours aux transports en commun sera privilégié et pris en charge par l’établissement d’accueil. »

Afin de « ne pas pénaliser les agents qui renonceraient à leurs congés pendant la période de la Toussaint ou des fêtes de fin d’annéé pour assurer la continuité des soins, les frais de garde d’enfants seront pris en charge par l’établissement, soit directement, soit par remboursement de l’agent sur la base des factures mentionnant les sommes acquittées. » De la même manière, les agents qui bénéficient d’une place en crèche hospitalière seront exonérés du paiement des frais de prise en charge de leur enfant pour la période concernée.

De la même manière, les personnels qui viennent en renfort dans un établissement autre que leur établissement employeur voient leurs frais d’hébergement et de repas pris en charge par l’établissement d’accueil.

…mais exigences supplémentaires

Concernant la mobilisation des personnels en renfort ou déjà en poste, des recommandations sont également données aux établissements

Il est ainsi conseillé de « revoir les cycles horaires de l’ensemble des professionnels afin de répartir la contrainte, la charge de travail et l’impact potentiel qui en découle sur la santé ». Il est aussi recommandé « d’augmenter les amplitudes et le volume horaire » des personnels médicaux via le temps de travail additionnel (TTA) et des personnels relevant de la fonction publique hospitalière, via les heures supplémentaires.

Le ministère conseille par ailleurs de « réexaminer la situation individuelle des personnes à temps partiel, hors temps partiel de droit », de « réintégrer de manière anticipée les personnels en disponibilité », et de « rappeler les agents en congés et reporter les demandes de congés des agents encore en poste ».

Dans le privé, les salariés pourraient aussi être réaffectés sur d’autres postes ou d’autres services sous réserve que les nouvelles tâches ou nouvelles fonctions correspondent à leur qualification (ex : infirmier affecté à une nouvelle unité d’hospitalisation conventionnelle ouverte dans le cadre du rebond épidémique). « L’employeur peut imposer ces changements au salarié, dans le cadre de son pouvoir de direction », est-il précisé.

Réquisition des libéraux et mobilisation des étudiants

Le ministère demande aux ARS de proposer au préfet la réquisition de professionnels de santé (médecins et infirmiers) libéraux (conventionnés ou non) mais aussi les salariés des centres de santé ou de centres thermaux ou de l’administration publique ainsi que des retraités.

Les étudiants en santé peuvent, eux, « être amenés à être mobilisés pour contribuer à la continuité des soins. Cette activité vient en renfort de celle de la communauté médicale et soignante et n’est, à ce stade, pas centrale dans les dispositifs d’appui RH », est-il précisé.

« Les établissements bénéficiaires des renforts d’étudiants en santé s’engagent à ce que ceux-ci bénéficient des mêmes règles et mesures de protection individuelle que le reste du personnel et à mettre à disposition des étudiants le matériel de protection individuelle pendant la période de stage et de renfort », indique le document.

Lire aussi, sur ActuSoins.com

Covid-19 : les stages de certains étudiants en soins infirmiers perturbés à la dernière minute

Les étudiants en soins infirmiers pourraient aussi, sur leur période de stage, compléter les équipes aides-soignantes. Chaque étudiant se verrait attribuer une période de renfort en fonction de la durée de sa période de stage. « Pour 4 à 6 semaines de stage, une semaine de renfort possible ; pour une période de 7 à 10 semaines de stage, deux semaines de renfort (continues ou discontinues) ».

« L’étudiant intervient en renfort des équipes sur place, en collaboration avec un professionnel aide-soignant titulaire de l’unité ou de l’établissement (dans la mesure du possible) et sous la responsabilité d’un personnel d’encadrement et participe aux soins de nursing, distribution des repas, aide à l’alimentation, accueil des familles, soins relationnels, entretien des dispositifs de soins… »

Les infirmiers qui étudient en vue de l’obtention d’un diplôme de spécialité (EIBO, EIA, IEPA, IEP) peuvent être mobilisés de la même manière sur des fonctions d’IDE « en veillant à ne pas les mobiliser sur la totalité de la durée des stages prévue par la maquette ».

En cas de tensions RH majeures sur un territoire de santé, les formations des spécialités infirmières peuvent être suspendues sur décision du DGARS après information du conseil régional. C’est déjà le cas dans plusieurs régions, note-t-on (article à venir sur ActuSoins.com).

Le ministère préconise aussi de mettre en place rapidement une « formation courte mais spécifique à la réanimation » pour faciliter leur opérationnalité en renfort.

M.S

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Ou trouver le personnel ? 

Pour accompagner la mobilisation de renforts en ressources humaines, notamment pour le soutien en personnels soignants, le ministère compte poursuivre une communication ciblée sur les réseaux pour inciter les professionnels de santé à s’inscrire sur la plateforme Renfort RH, mais aussi, pour les étudiants en santé, sur la mobilisation par les ARS, par les préfectures (à la demande des ARS). Autre possibilité indiquée : le « sourcing » et la mise en place de « formations courtes par Pôle emploi, en lien avec les OCPO » pour les demandeurs d’emploi. 

Voir les commentaires (4)

  • former des aides soignants en 15 jours, réquisitionner des libéraux qui ne servent à rien en ville bien sur....
    mais qu elle est la reconnaissance de notre travail??????

  • Tout à fait d'accord, on ne peut pas mieux dire

    Sans parler des depressions et des suicide de certains soignants

  • Récapitulons.

    Les efforts du ministère pour attirer le personnel soignant :
    - un rappel sur les ASA (donc quelque chose qui existe déjà) ;
    - des taxis mais bon il faut quand même privilégier les transports en commun ;
    - des places en crèche qui n'existent pas ;
    - le gîte et le couvert pour ceux qui vont travailler en dehors de leur département d'origine (putain mais heureusement, non ?).
    - Ne restent que la garde d'enfant, et encore faut-il avoir renoncé à ses vacances.

    Les mesures prises parce que le ministère n'arrive pas à attirer le personnel soignant :
    - augmenter les amplitudes et le volume horaire, vu qu'on a pas 3 pélos pour faire 3x8 on en prend 2 pour faire 2x12 ;
    - des heures sup, au cas où ils soient pas assez fatigués ;
    - repasser les temps partiels en temps plein ;
    - réintégrer les agents en disponibilité ;
    - rappeler les agents en congés et reporter les demandes de congés ;
    - être réaffectés sur d’autres postes, par exemple la réa alors que vous en avez jamais fait ;
    - réquisitionner les libéraux et autres salariés (les centres thermaux, sérieux ?), les retraités (qui pensaient en avoir enfin fini) ;
    - réquisitionner les étudiants infirmiers et médecins en comptant ce renfort comme un "lieu de stage" (mettre des coton tige à la chaine sous une tente, ça c'est formateur tiens) ;
    - réquisitionner les infirmiers qui sont en école pour une spécialité (alors qu'ils seront + utiles formés dans 6 mois.

    et cet article se nomme "Mobiliser les soignants : les différentes pistes du ministère" ???

    J'ai pas de boule de cristal, mais combien on parie qu'on va se retrouver avec beaucoup de dégoutés qui vont quitter prématurément le métier ?

    ... alors qu'en augmentant les salaires de manière pérenne et les effectifs ; en améliorant la qualité de vie au travail et les conditions de prise en soin...

  • Toujours la même chose, rien d'extraordinaire en terme de valorisation de ce qui est fait. Quand on voit que l'Etat dépense des milliards pour que les 3/4 de la population reste à la maison payé à respecter le confinement pour ce qui est de la notion de respect d'ailleurs... et quand on voit la reconnaissance de notre investissement de base et de ce qui nous est demandé en sus.... vous avez juste la chance que je ne puisse dégainer l'émoticône adéquat pour vous faire comprendre ma façon de penser....