A bord du Lifeline Express

Depuis vingt-cinq ans, un train, le Lifeline Express sillonne l’Inde profonde afin d’offrir aux plus démunis l’accès aux services de santé. Pour des millions d’Indiens malades, en attente de chirurgie, de traitements et de diagnostics, ce train-hôpital est perçu comme l’unique espoir de guérison.

L’ambulance du Lifeline Express, en gare de Gondia.

Pendant quatre semaines, le Lifeline Express s’arrête en gare de Gondia, ville de 176 000 habitants, située au Nord-Est de l’État du Maharashtra. L’Inde, pourtant grand producteur de médicaments, en particulier des génériques, compte moins de 10 médecins pour 10.000 habitants et les patients doivent parfois parcourir plusieurs centaines de kilomètres pour atteindre l’hôpital le plus proche. Les hôpitaux qui existent dans les petites villes comme Gondia manquent de spécialistes et sont souvent incapables de fournir autre chose que des soins de base.

A l’origine de ce train, un petit bout de femme, qui vit à Bandra dans le quartier huppé de Bombay, Zelma Lazarus. Un jour, Zelma décide de rendre visite au ministre des Transports pour lui demander de l’aider à concrétiser son projet : un train qui apporterait des soins de santé dans les villages les plus reculés et aux personnes dans le besoin.

Les destinations du train sont choisies un an à l’avance en fonction des besoins, selon les régions et les demandes des hôpitaux locaux ainsi que des sponsors. Les habitants sont informés de la venue de ce train-hôpital par des affiches publicitaires placardées dans toute la ville, des mois à l’avance. Des bénévoles font également le tour des campagnes mitoyennes pour informer les plus démunis qui ont rarement l’occasion de se rendre à Gondia. Les patients qui, pour la plupart se rendent directement à l’hôpital, sont préalablement examinés et sélectionnés, en fonction par exemple de leur aptitude à subir une opération chirurgicale.

Chaque semaine est consacrée à une spécialité. Des médecins et des chirurgiens venus de toute l’Inde, souvent des grands spécialistes, se relaient bénévolement à bord du train pour traiter différentes pathologies, comme la cataracte, les problèmes de surdité, les becs de lièvres ou encore les conséquences de la polio.

Le programme a aidé plus d’un million de patients dans toute l’Inde et a été utilisé comme un modèle pour des projets similaires en Chine, en Afrique ainsi que pour des bateaux-hôpitaux au Bangladesh et au Cambodge. Sa fondatrice, Zelma Lazarus, milite toujours pour la mise en place de trains hôpitaux gouvernementaux dans les différents États indiens.

Texte et photos : Jeanne Frank/Item

Cet article est paru dans le numéro 29 d’ActuSoins Magazine (juin 2018)

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Les patients sélectionnés pour une opération de la cataracte sont acheminés par ambulance jusqu’au train. Depuis vingt-cinq ans, le Lifeline Express sillonne l’Inde profonde afin d’offrir aux plus démunis l’accès au service de santé. Pour des millions d’Indiens malades, en attente de chirurgie, de traitements et de diagnostics, ce train-hôpital est perçu comme l’unique espoir de guérison. Au sein d’une organisation savamment orchestrée, les meilleurs spécialistes du pays, volontaires, n’hésitent pas à parcourir des milliers de kilomètres pour participer aux missions et se relayer auprès des patients. © Jeanne Frankmore
Des médecins se déplacent aussi dans les villages reculés pour informer les villageois. Ici, Disha Patel se rend dans une famille ou un nouveau-né souffre de convulsions. Le bébé souffre peut-être d’épilepsie, mais il sera jugé trop jeune pour rejoindre le Lifeline Express. © Jeanne Frankmore
© Jeanne Frank
La première étape consiste à évaluer qui sera admis sur le train. Des centaines de patients potentiels se rendent à l’hôpital public pour se faire ausculter. Ceux-ci souffrent de la cataracte, une maladie qui flambe, en raison notamment de la pollution et de la forte luminosité. Les patients retenus restent ensuite 24 heures en observation à l’hôpital avant d’être acheminés par ambulance au Lifeline Express. © Jeanne Frankmore
Dhurmendra Singh a ses habits de chirurgien, des gants cachent ses nombreuses bagues. Les patients défilent les uns après les autres sur la chaise de l’optométriste. Ce dernier recherche la présence de cataracte et mesure l’acuité visuelle déterminant le besoin d’une opération. © Jeanne Frank more
Une infirmière prend la tension d’une patiente avant de l’envoyer vers l’optométriste. Ce dernier recherche la présence de cataracte et mesure l’acuité visuelle déterminant le besoin d’une opération. © Jeanne Frankmore
Les patients sélectionnés pour une opération de la cataracte sont acheminés par ambulance jusqu’au train. © Jeanne Frank
A bord, les médecins enchaînent des opérations de la cataracte qui durent environ dix minutes. Ils opèrent entre trente à quarante patients par jour. Le Lifeline express se compose de deux wagons réaménagés en blocs opératoires parfaitement équipés. Les opérations se font simultanément sur plusieurs tables. © Jeanne Frankmore
Salle d'opération ou sont soignés les patients souffrant de cataracte. Les médecins enchaînent les opérations qui durent environ 10 min par patient. Ils soignent environ 50 patients par jour. © Jeanne Frankmore
Une mère amène son enfant épileptique en consultation dans le train. © Jeanne Frank
Les médecins et infirmiers se restaurent dans la salle commune réservée au personnel du train. Il y a également une salle de repos pour le personnel et les médecins, des cabines pour faire la cuisine, pour dormir, pour se changer, une autre pour stériliser les instruments et enfin un bureau. © Jeanne Frankmore
De retour à l’hôpital, les patients restent à nouveau 24 heures en observation et les médecins effectuent une visite post-opératoire. © Jeanne Frank

 

Voir les commentaires (2)

  • Je suis effaré de voir que je suis, à ce jour, le seul à avoir écrit sur cet article. Cher(e) confrères, bougez-vous !!!!!

  • Bravo de mettre en avant ces initiatives où des professionnels de la santé donnent de leur temps pour soigner les plus démunis. Ces situations prouvent qu'il faut encore croire en l'Homme et en sa capacité à aider son prochain au delà de toutes conditions sociales, culturelles ou religieuses.

    Un grand RESPECT

    William (IDE libéral dans le 06)