Diabète : introduire le « care » dans le « cure »

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Le diabète continue inlassablement sa progression : le cap des 3 millions de personnes traitées par médicament pour un diabète est désormais franchi en France. A l'occasion de la journée mondiale du diabète, le 14 novembre, une étude du BEH pointe des disparités sociales et territoriales importantes.

Diabète : introduire le "care" dans le "cure"

©Sherry Yates - Fotolia.com

En France, 3 millions de personnes étaient traitées pour cette pathologie en 2012, soit 4,6% de la population, une prévalence en hausse de 4,7% par an jusqu'en 2009, puis de 2,8% depuis 2010, selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire.

À âge égal, la prévalence du diabète traité est plus élevée chez les hommes (5,5%) que chez les femmes (3,8%), soit un sexe-ratio H/F de 1,4.

Parmi les personnes âgées de moins de 60 ans ayant consommé des soins en 2012, la prévalence standardisée du diabète traité est 2 fois plus élevée chez les personnes bénéficiant de la CMU-C que chez celles n’en bénéficiant pas (2,1% versus 1,0%).

Plus de diabète dans les zones défavorisées

Par ailleurs, les zones géographiques de métropole socialement plus défavorisées, comme le Nord-Pas-de-Calais (5,50%), la Picadie (5,46%) ou la Seine-Saint-Denis (5,20%), ont les prévalences de diabète les plus élevées.

Même constat dans les DOM avec des prévalences élevées : Réunion (9,80%), Guadeloupe (8,30%), Martinique (9,24%) et Guyane (7,12%).

En 2012, analyse le BEH, la prévalence du diabète traité augmente "en fonction de l’indice territorial de désavantage social, chez les femmes comme chez les hommes".

Certes, la distribution géographique de la prévalence du diabète traité et celle de l’indice territorial de désavantage social ne sont pas totalement superposables, "ce qui suggère qu’une part de l’hétérogénéité géographique du diabète traité pourrait être attribuée à des facteurs autres que socio-économiques, comme des facteurs liés au mode de vie ou à la démographie médicale", ajoute le BEH.

Si l'impact des inégalités sociales sur le recours à l'endocrinologue libéral n'est plus significatif, les recours à l’ophtalmologiste libéral et au dentiste sont nettement plus faibles chez les plus défavorisés. Entre 2001 et 2007, le recours à l’ophtalmologiste n’a progressé que chez les personnes les moins défavorisées, accroissant ainsi les inégalités sociales de santé.

Autre constat : la fréquence de prise en charge d'une autre pathologie

En 2011, parmi les personnes diabétiques, 26% étaient prises en charge pour maladie cardio-neuro-vasculaire, soit une fréquence 1,5 fois supérieure à celle observée dans l’ensemble de la population d’étude. Elles étaient 11% à être prises en charge pour une maladie respiratoire chronique (contre 1,4 % pour l'ensemble de la population, 5% pour une maladie psychiatrique (contre 1,4),...

Pour Gérard Raymond, secrétaire général de la Fédération française des diabétiques qui introduit les études du BEH, "réduire les inégalités sociales de santé, cela nécessite d’investir le plus en amont possible pour infléchir les trajectoires de vie des plus fragiles. En prenant pour cible les populations les plus à risques, la prévention impose un glissement des valeurs de l’égalité vers l’équité".

"En parallèle, ajoute-t-il, la prise en charge des personnes atteintes de diabète exige une modification radicale des pratiques médicales, rendues particulièrement complexes par l’existence fréquente de multiples pathologies associées. Il est donc nécessaire d’impliquer davantage dans le parcours de soin l’ensemble des acteurs médicaux, sociaux et associatifs, et bien sûr le patient lui-même. (...) Il nous faut instaurer « le prendre soin de soi » dans le traitement médicamenteux : le care dans le cure !"

Rédaction ActuSoins, avec le BEH

Une pétition "tous contre le diabète" pour faire reconnaître le diabète" comme grande cause nationale 2015 a été lancée. Elle a été signée par plus de 16 000 personnes au 13 novembre.

En 2013, chez les personnes diabétiques éligibles au programme sophia :
• 23 % n'ont pas eu au moins 2 dosages d'HbA1c dans l’année;
• 25 % n'ont pas eu de dosage de cholestérolémie ;
• 40 % n'ont pas passé un examen du fond d'œil depuis 2 ans ;
• 60 % n’ont pas eu d’ECG (ou de consultation cardiologique) dans l’année ;
• 69 % n’ont pas eu de dosage d’albumine dans les urines (ou de dosage de la créatinine dans le sang).
Côté adhérents au service sophia :
• Près de 9 adhérents sur 10 (89 %) considèrent que le service sophia les aide à mieux comprendre le diabète et ses implications.
• 3 adhérents sur 4 s’estiment davantage capables de changer leurs habitudes de vie depuis qu’ils bénéficient du service.
• 2 adhérents sur 3 affirment qu’ils réalisent plus régulièrement les examens prescrits par leur médecin et prennent leurs médicaments plus régulièrement depuis qu’ils bénéficient du service sophia.

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