L’humour adoucit les soins

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Peggy, Céline et Fabien, infirmières et aide-soignant au centre hospitalier de Saint-Omer ont suivi au printemps 2014 la formation Ludo-soignant proposée par l'association le Rire médecin. Elle n'en a pas fait des clowns mais leur a donné des outils pour aborder les patients de manière plus ludique.

©DR Fabien Demory, aide-soignant en ambulatoire

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Fabien Demory, aide-soignant en

Le nez rouge ne fait pas le clown. Les participants aux journées de formation Ludo-soignant de l'association Le Rire médecin en font l'expérience à chaque fois qu'une session est programmée dans un établissement.

A l'hôpital de Saint-Omer (Pas-de-Calais), l'idée revient à Eliane Roland, cadre supérieur du pôle, qui a exercé dans le CHU parisien de Necker.

Peggy, 40 ans, puéricultrice en pédiatrie, Cécile, 35 ans, infirmière aux urgences et Fabien, aide-soignant en chirurgie ambulatoire, ont participé, le printemps dernier, à une session dans cet établissement. Peggy avait entendu parler des clowns qui interviennent bénévolement dans les hôpitaux mais pas de cette formation pour les .

Même pour les timides !

Céline a sauté sur l'occasion. Les autres ont été incités par leur cadre. « Elle a trouvé que cela collait à ma personnalité », raconte Fabien. Idem pour Peggy. « Sur le moment, j'ai hésité, explique-t-elle. C'est vrai que ça m'arrive de faire le clown mais pas sur commande et de là à suivre une formation... Et puis je suis un peu timide. Mais j'ai accepté car on cherche toujours des moyens d'améliorer la prise en charge des enfants. »

Un plus aussi en chirurgie ambulatoire : « on va assez vite le matin, remarque Fabien. On accueille les patients, on prend leurs constantes, ils se déshabillent... Il y a souvent un peu de stress au début et une attente parfois un peu longue. Les enfants ont été sortis du lit tôt, ils n'ont pas pris leur petit déjeuner... »

La forme du stage en a surpris plus d'un : pas de nez rouge ni de vêtements rapiécés, pas de recette ni de sketchs à répéter. Mais une série d'exercices parfois étranges, riches d'enseignement sur d'autres façons, décalées, d'aborder les patients... Circuler dans la pièce sans rien dire aux autres, juste sourire à tous ceux qu'on croise. Se laisser guider en tenant juste une mince baguette, les yeux dans les yeux puis les yeux fermés. Donner des consignes...

« Des situations pour prendre conscience de l'attention qu'on porte aux autres », souligne Peggy. Sur la position « en surplomb ». Sur la richesse du langage non verbal. Sur les capacités créatives aussi. 

Savoir lâcher prise

Certains exercices ont paru compliqués à des participants, d'autres les ont trouvés faciles, selon leur « profil » et leur degré de « lâcher prise »... Fabien se souvient d'un exercice de pliage de papier qu'il appréhendait... et qui s'est finalement très bien passé ! « Cela m'a révélé des qualités que je ne me connaissais pas, une confiance en l'autre », confirme Céline.

Céline, Peggy et Fabien se sont amusés à détourner les objets du soin : haricot, garrot, aérosol, pied à transfusion... « On a beaucoup ri et beaucoup partagé, se souvient Céline. J'ai été étonnée de ce qu'on était capables de faire et de dire ! J'ai été surprise par exemple de notre capacité à détourner des objets ! » Fabien a trouvé pour sa part qu'une « harmonie et une confiance se sont développées dans le groupe. On s'est aperçus que quand on lâche prise, on peut faire beaucoup de choses... »

Haricot-chapeau

L'intitulé du stage laissait la place au mystère. « Si j'avais su qu'on ferait des sortes de jeux de rôle et de l'improvisation, je ne me serais peut-être pas inscrite, reconnaît Céline, pourtant ravie de son stage. Lors de cette formation, je me suis aperçue que ce n'est pas si compliqué... » Le stage a aussi confirmé des approches intuitives. « On avait de petites astuces avant mais après la formation, on sait qu'on est dans le vrai », apprécie Fabien.

« Je n'aborde plus abordé les petits patients de la même manière, souligne Céline. J'ai essayé d'avoir une approche plus ludique. Je joue avec l'aérosol avant de pratiquer le soin. Si l'enfant a un doudou, un jouet, j'aborde le soin par ce biais, j'essaie d'entrer dans leur bulle. Avec les adultes, c'est un peu différent. Aux urgences, tout va très vite ! ».

Peggy utilise beaucoup le détournement d'objets : haricot-chapeau, pied à perf-danseur et tubulure-corde à sauter. « C'est facile et vite fait, observe-t-elle. Avec les enfants, ça marche super bien, ils ont beaucoup d'imagination et démarrent au quart de tour. Et quand on fait rire les enfants, c'est plus facile de les soigner ! Les parents aussi sont plus détendus. Une relation de confiance s'installe. »

Olivia Dujardin

Réenchanter les relations soignants-soignés

La formation « Devenir un ludo-soignant » proposée par l'association Le Rire médecin s'adresse aux professionnels de santé. « Nous leur donnons des outils pour les aider à mettre du jeu et de l'imaginaire dans leurs , à agrémenter la rencontre avec les patients pour la rendre plus vraie et plus facile », explique Emmanuelle Bon, comédienne, clown et formatrice.

Pendant un ou deux jours, deux clowns-formateurs accompagnent les soignants pour qu'ils se reconnectent à leur imagination et à leur créativité, à leurs sensations aussi et au langage non-verbal, « afin qu'ils s'appuient dessus pour s'adresser aux patients », poursuit-elle. Des exercices qui bousculent parfois un peu les relations hiérarchiques, souvent pour le meilleur !

Les participants travaillent aussi sur la confiance en soi et dans les autres, sur l'humour également « qui permet de se sortir de bien des situations ». Il s'agit aussi « de montrer que cela n'enfreint pas le sérieux du travail, au contraire », ajoute Emmanuelle Bon, et que les astuces glanées améliorent la confiance, réduisent le stress des patients et, au final, font aussi gagner du temps...

 

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Réactions

1 réponse pour “L’humour adoucit les soins”

  1. Kittycat Mel dit :

    il n’y a pas qu’auprès des enfants, mais aussi des adultes, personnes âgées…. moi j’aime beaucoup l’approche avec l’humour, parler dans la langue régionale…. ça déride, le soin est mieux vécu, mieux accepté

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