Chirurgie ambulatoire : une application de suivi pré et postopératoire

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L'équipe de la clinique des Cèdres (groupe Capio) de Toulouse et Sovinty, une société locale, testent depuis un an une application de suivi pré- et postopératoire des patients pris en charge en chirurgie ambulatoire. Les infirmières sont en charge du suivi.

Chirurgie ambulatoire : une application de suivi pré et postopératoireLa clinique des Cèdres s'est engagée depuis plusieurs années dans la voie de l'ambulatoire, "en s'inspirant de l'expérience suédoise du groupe Capio", explique Claude Nédelec, directeur du centre de rééducation fonctionnelle et de la psychiatrie de la clinique.

Cette clinique traite environ 17.000 patients en ambulatoire par an, sur un total de 40.000 patients pris en charge.

Depuis septembre 2013, ses patients opérés en ambulatoire ou bénéficiant d'un programme de récupération rapide après chirurgie (RRAC) peuvent tester une application innovante d'auto-surveillance à domicile après l'intervention.

Ce dispositif, développé par la société toulousaine Sovinty, est accessible sur appareil mobile (smartphone ou tablette) et sur internet.

Un suivi par questionnaire

Le dispositif est présenté au patient avant son opération par les infirmières et se divise en deux sections distinctes. La première est une "check-list" préopératoire à remplir avant de se rendre à la clinique et la seconde un diagnostic postopératoire.

Lors de cette seconde phase, le patient répond à une série de questions définies par l'équipe soignante en fonction de l'intervention qui a eu lieu. Le questionnaire doit être rempli une première fois au lendemain de l'opération, puis à cadence régulière.

Particulièrement intuitive, l'application ne nécessite aucune explication: après avoir cliqué sur "préopératoire" ou "postopératoire", le patient répond simplement "oui" ou "non" aux questions qui apparaissent.

Les réponses sont ensuite analysées par un algorithme. Le statut du patient est résumé par une couleur, qui apparaît à la fois sur son appareil et sur la "tour de contrôle" installée à la clinique, où des infirmières se relaient pour suivre l'état des patients.

Si tout va bien, le nom du patient est surligné en vert. En cas de problème, une alerte est envoyée et le nom du patient apparaît en orange. L'infirmière peut alors voir les réponses qui ont posé problème et contacter le patient pour lui indiquer la conduite à tenir.

Si les réponses sont très problématiques, le nom du patient passe en rouge et il est incité à se rendre immédiatement au service d'urgences de la clinique.

Le principe des check-lists

Cette expérimentation est issue de réflexions du terrain, soulignent les différents acteurs du projet. Le créateur de l'application, François Prigent, explique que "c'est en discutant avec des soignants [qu'il a] eu l'idée de les aider avec un système très intuitif". Ce pilote de ligne à la retraite s'est pour cela inspiré des "check-lists" utilisées dans l'aéronautique.

Du côté de la clinique, on se souvient que des agents de l'équipe de gastro-entérologie avaient entendu parler d'une "application de surveillance à domicile" renseignée par les infirmiers libéraux. "Ils se sont dit que les patients pourraient en faire de même", raconte Mariette Longueville, directrice des soins infirmiers.

La société Sovinty est basée à quelques centaines de mètres de la clinique, une collaboration s'est donc naturellement créée entre les deux entités. "Les soignants n'hésitent pas à passer directement dans nos locaux pour nous soumettre leurs idées après leur journée de travail", s'amuse François Prigent.

Une incitation pour les chirurgiens à faire de l'ambulatoire

L'expérience a débuté fin 2013 avec les patients opérés en proctologie, orthopédie, neurochirurgie et gynécologie.

Sylvie Bachala, cadre coordinatrice, se souvient des difficultés rencontrées à l'époque: "Les patients étaient peu emballés, car ils pensaient qu'on allait leur demander de remplir un énième questionnaire qualitatif sur leur hospitalisation; il a fallu bien leur expliquer qu'il s'agissait d'un suivi postopératoire".

Il a aussi fallu insister sur la nécessité de remplir le questionnaire "même quand tout va bien", ajoute-t-elle.

Les chirurgiens ont accueilli avec intérêt cette application. "Ils avaient un besoin de postopératoire", observe Marie-Paule Chariot, anesthésiste-réanimateur et présidente de la CME.

"Lorsqu'ils opèrent un patient, ils peuvent passer le voir tous les jours dans leur chambre, ce qui n'est pas possible en ambulatoire", explique-t-elle. L'application de Sovinty, qui sécurise le suivi et permet de maintenir un lien patient-clinique est donc un atout "pour les inciter à sauter le pas de l'ambulatoire".

Quant aux infirmières, elles se félicitent de l'impact de la "check-list" préopératoire sur l'hygiène des patients à leur arrivée dans l'établissement.

Entre le 1er octobre 2013 et septembre 2014, 150 patients de la clinique ont pu tester cette application dans le cadre d'une phase de test, limitée à la journée (6h-18h) et menée par Sylvie Bachala. La moitié d'entre eux avaient été opérés en ambulatoire et l'autre moitié avait bénéficié d'un programme de récupération rapide après chirurgie.

Une équipe de deux infirmières et deux cadres

En septembre, la clinique a lancé une phase d'étude qui se prolongera jusqu'à fin 2015. Une équipe de deux infirmières et deux cadres a été mise en place pour assurer un suivi permanent des patients.

"Nous sommes vraiment entrés en phase de production et avons considérablement augmenté l'inclusion des patients, qui sont désormais plus de 400 à être suivis", précise Marie-Paule Chariot. Cette progression est "croissante" et concerne tous les patients opérés en ambulatoire ou en chirurgie rapide.

Avec l'inclusion de nouvelles pathologies dans l'étude, l'équipe se renforcera en janvier 2015 avec un troisième cadre, puis avec une nouvelle infirmière au printemps prochain. "On veut mettre les moyens pour que l'expérience réussisse", assure Claude Nédelec.

Une réflexion a d'ores et déjà été engagée pour élargir l'étude à d'autres établissements du groupe Capio. "On réfléchit aussi à utiliser ce service pour d'autres projets, par exemple dans le cadre d'une hospitalisation à domicile en psychiatrie", indique Mariette Longueville.

"Chaque établissement peut personnaliser l'application et les questions", précise François Prigent. Une manière de faciliter l'adoption par les équipes soignantes. "Si un chirurgien préfère demander 'avez-vous une température supérieure à 38°?' plutôt que 'quelle est votre température?', c'est tout à fait possible", cite-t-il pour exemple.

Si l'application a été testée et modifiée en partenariat avec l'équipe de la clinique des Cèdres, l'entrepreneur vise déjà l'international. Il annonce que sa "solution a été extrêmement bien accueillie aux Etats-Unis lors d'un récent congrès sur la chirurgie ambulatoire. "

Rédaction ActuSoins, avec Direct Hôpital

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