Les agressions d’infirmières… en vers

Sur son blog, "L'infirmière libre râle", Clématite change un poème de Victor Hugo pour raconter les infirmières libérales tuées, agressées... et le silence de Marisol Touraine, sous le titre Infirmus Nox.

 

Portrait de Victor Hugo par Nadar

Portrait de Victor Hugo par Nadar

Oh combien d'infirmières, combien de libérales

Qui sont  parties joyeuses pour des tournées urbaines,

Dans ce morne horizon se sont évanouies?

Combien ont disparu, dure et triste fortune,

Dans une cité sans foi, par une nuit sans lune,

Sous l'aveugle ministère à jamais enfouies.

 

Combien de soignants morts à cause de leurs patients?

L'ouragan de leur vie a pris toutes les pages

Et d'un coup il a tout dispersé dans la rue!

Tous sauront leur fin dans la ville plongée

Chaque balle en passant d'un butin s'est chargée

L'une a saisi la vie , l'autre la profession .

 

Nul ne sait votre sort, pauvres infirmières perdues,

Vous roulez à travers les sombres avenues,

Heurtant de vos doigts gourds des portes inconnues

Oh ! Que de vieux patients qui n'avaient plus qu'un rêve

Sont morts en attendant tous les jours l'infirmiere,

celle qui n'est pas revenue!

 

On demande : "où est-elle? Est-elle partie aux iles?"

M'a-elle délaissé pour un sort plus futile?

Puis son souvenir même est enseveli,

L'affront  se perd dans l'actu,  le nom dans la mémoire

Ségur qui sur toute ombre en jette une plus noire

Sur la sombre héroïne jette le sombre oubli.

 

On s'entretient de vous parfois sur les forums

Maints tristes IDEL, assis  les yeux mouillés,

Mêlent encore quelques temps vos noms d'ombre couverts

Aux rires, aux soins, aux récits d'aventures

Aux  mercis récoltés pour des guéris futurs

Tandis que vous gisez sous les coups et les balles.

 

Heur, pas des yeux de tous votre ombre est disparue

L'un écrit un billet, l'autre harangue la ministre

Seuls durant ces nuits où les élites s'en moquent

Vos collègues solidaires usent leurs fond de culotte

A écrire et porter la mémoire de leurs soeurs

Las d'attendre un réconfort apaisant leur douleur.

 

Et si d'autres drames enfin occultent celui ci

Rien ne cite votre nom, ni ministre ni télé,

Dans l'étroit corridor où l'écho nous répond

Pas même un officiel qui s'émeut du scandale

Pas même  le message naïf et monotone

Que twitte le ministère pour le chikungunya...

 

Où sont-elles les idel tombées dans les rues noires?

Oh murs! Que vous savez de lugubres histoires!

Tournées chargées redoutées des fils à genoux !

Vous vous les racontez en faisant les relèves

Et c'est ce qui vous fait ces voix désespérées

Que vous avez le soir quand vous rentrez chez vous.

Noxement vôtre

Clématite

Tiré du poème de Victor Hugo: "oceano nox"

 Aller sur le blog "L'infirmière libre râle"

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