Ebola : l’OMS et MSF sonnent l’alarme

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Trois jours après Médecins sans frontières, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a lancé aujourd'hui un appel en faveur d'une action d'envergure contre l'épidémie de fièvre Ebola en Afrique de l'Ouest, devenue selon elle une crise régionale.

Virus Ebola

Virus Ebola

En dépit des efforts déployés par les autorités sanitaires locales et les ONG pour contenir le virus, l'OMS a comptabilisé 399 morts en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia depuis l'apparition, en février, de la maladie en Guinée forestière.

L'épidémie est déjà la plus meurtrière depuis les premiers cas de fièvre hémorragique Ebola en Afrique centrale en 1976 et le nombre d'infections continue d'augmenter.

"Il ne s'agit plus d'une épidémie limitée à un pays mais d'une crise régionale qui exige une action forte de la part des gouvernements et de leurs partenaires", a déclaré Luis Sambo, directeur régional de l'OMS pour l'Afrique, dans un communiqué.

"L'OMS est gravement préoccupée par les transmissions actuelles à travers la frontière entre pays voisins ainsi que par le risque d'une extension internationale du virus."

L'OMS a convoqué une réunion des ministres de la Santé de onze pays les 2 et 3 juillet à Accra, au Ghana, pour tenter de mettre au point une réponse interrégionale à la crise.

«Avec l'apparition de nouveaux foyers [de fièvre hémorragique Ebola] en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia, le risque d'une propagation à d'autres zones est aujourd'hui réel», a alerté lundi le Dr Bart Janssens, directeur des opérations de Médecins sans frontières (MSF), dans un communiqué.

Une épidémie disséminée

Soixante foyers actifs sont identifiés dans les trois pays d'Afrique de l'Ouest par l'ONG. L'épidémie a par ailleurs été identifiée tardivement, alors qu'elle était déjà en plein pic, ce qui a favorisé une grande dispersion des malades.

Pour chaque cas d'Ebola, il faut surveiller pendant 21 jours les personnes qui ont été en contact avec le malade ; 5 à 15 % d'entre elles vont développer la maladie, et il faut les prendre en charge immédiatement en cas de fièvre.

Mais la dissémination des foyers d'infection, les difficultés d'organisation et la méfiance de la population rendent cette surveillance très difficile. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), moins de 70 % des personnes ayant été en contact avec un malade étaient suivies en Guinée, et à peine 41 % au Liberia.

Selon Sylvain Baize, responsable du Centre national de référence des fièvres hémorragiques virales de Lyon, rattaché à l'unité de biologie des infections virales émergentes de l'Institut Pasteur, il aura suffi que le corps d'une malade retourne dans son village pour faire émerger un "deuxième pic épidémique très important".

Fin mars, son équipe avait identifié la souche en cause en Afrique de l'Ouest comme appartenant à l'espèce «Zaïre», la plus dangereuse pour l'homme.

"Nous avons atteint nos limites, confirme Dr Bart Janssens. Malgré les moyens humains et matériels déployés par MSF dans les trois pays touchés, nous n'avons plus la capacité d'envoyer des équipes sur les nouveaux foyers actifs." 

"Il faut notamment mettre à disposition du personnel médical qualifié, organiser des formations à la prise en charge de l'Ebola et intensifier le suivi des contacts et la sensibilisation auprès des populations", conclut le Dr Bart Janssens.

Une population qui se méfie des soignants

La maladie frappe l'Afrique de l'Ouest pour la première fois et la population ne sait pas s'en protéger, contrairement, par exemple, au choléra. Les rituels funéraires, qui supposent un contact étroit avec la dépouille, sont notamment un facteur de propagation important.

Par ailleurs, face à cette maladie que les médecins peinent à soigner (elle est mortelle dans 90 % des cas et aucun vaccin n'existe), la population se méfie souvent des soignants, et cache ses malades de peur qu'ils ne meurent à l'hôpital.

Rédaction ActuSoins, avec Le Figaro

 

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