Infirmière : une place à conquérir

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Les infirmières ont beau constituer le groupe professionnel le plus nombreux dans le monde et partager une éthique commune, leurs conditions d'exercice, leurs moyens, leur formation, leurs droits et même leur champ d'action diffèrent beaucoup d'un pays à l'autre. Une table ronde de la rencontre Connecting nurses organisée le 12 mai à Paris a souligné de façon saisissante ces différences, notamment entre les infirmières anglo-saxonnes et françaises.

IDE_masque-300x200-1 « Être infirmière en 2014, c'est passionnant, exigeant et stimulant », a insisté Hélène Salette secrétaire générale (québécoise) du Secrétariat international des infirmières et infirmiers de l'espace francophone (SIDIIEF) lors de la première table ronde de la rencontre Connecting nurses. Mais pas pour toutes les infirmières de la même façon.

En Angleterre, en Irlande, en Ecosse, au Canada et aux Etats-Unis, la pratique avancée des infirmières est très développée et reconnue, a-t-elle observé.

Elles ont une approche polyvalente de leur travail et leur formation leur permet de suivre des patients, de prescrire, pour certaines, des médicaments, de modifier des doses voire d'initier le traitement de patients atteints de maladies chroniques, de réaliser des actes de chirurgie mineurs, etc.

« Le développement des pratiques infirmières avancées a amélioré l'accès aux soins et la santé des patients, a souligné Hélène Salette. Cela permet aussi de diminuer le temps d'attente aux urgences, de réduire les coûts et d'améliorer la satisfaction du public. Les infirmières peuvent être des expertes de la santé. » Elles disposent selon elle d'un énorme potentiel, notamment pour faire bouger les choses dans le domaine de la santé.

 Rôle politique

Etre infirmière en 2014, « c'est aussi extrêmement gratifiant », a poursuivi Anne Felton, présidente de la Fondation des infirmières européennes en diabétologie.

Selon elle, les infirmières britanniques ont obtenu ces avancées à force de défendre leurs positions sur un plan politique. « C'est important, a-t-elle martelé, que les infirmières soient des défenseurs politiques » de leur profession.

Tout comme Florence Nightingale l'a été en son temps. Les « nurses » britanniques bénéficient d'une reconnaissance historique de leur autonomie et disposent d'un « collège royal », au même titre que les médecins.[dropshadowbox align="none" effect="lifted-both" width="autopx" height="" background_color="#ffffff" border_width="1" border_color="#dddddd" ]"Une absence flagrante d'infirmières à des postes de direction en dehors de la seule délivrance des soins"[/dropshadowbox]Pour Anne Felton, cette compétence politique s'acquiert. Mais ne semble pas encore acquise partout. Un sondage mené dans le cadre de Connecting nurses montre en effet « une absence flagrante d'infirmières à des postes de direction en dehors de la seule délivrance des soins », a ajouté Anne Felton. A l'OMS comme dans les grands laboratoires pharmaceutiques...

Au Royaume-uni, a-t-elle pourtant souligné, il existe  un « chief nursing officer » au même titre qu'un « chief medical officer » au niveau exécutif de chaque « nation » britannique (Angleterre, Pays de Galles, Irlande du Nord, Ecosse). Selon elle, tant qu'il n'y aura pas plus d'infirmières à ce niveau exécutif, il est très peu probable qu'elles soient mieux entendues et reconnues. « On ne peut pas toujours blâmer les autres, a insisté Anne Felton. Nous devons nous emparer de cela nous-mêmes ! »

Retard français

Felicity Kelliher, infirmière cadre de santé, chargée de mission à l'Association française pour le développement de l'éducation thérapeutique (AFDET), qui a aussi travaillé dans son pays d'origine, l'Irlande, mesure bien la différence avec la situation des infirmières en France.

Au début du XXe siècle, elles ont cessé d'être des « travailleuses sociales » pour devenir des infirmières hospitalières, techniciennes... et assistantes des médecins. « Une image qui colle à la profession depuis 80 ans », a-t-elle souligné.

Leur rôle propre, qui existe depuis 1978, est mal reconnu, le niveau universitaire de leur diplôme pas mieux et leur droit de prescription de certains dispositifs médicaux -qu'elles n'ont pas demandé, a remarqué Felicity Kelliher- est mal connu... Sans parler de la difficulté l'Ordre des infirmiers à exister.[dropshadowbox align="none" effect="lifted-both" width="autopx" height="" background_color="#ffffff" border_width="1" border_color="#dddddd" ]« Tout est une question de politique et de stratégie ! »[/dropshadowbox]Elles ne pèsent pas lourd également dans les réformes engagées, a poursuivi l'infirmière : les « directeurs des soins » sont devenus des « coordinateurs des soins » et peuvent être des kinésithérapeutes ou des manipulateurs radio.

Le début de pratique avancée est selon elle pondéré par le fait qu'elle se conjugue en France au pluriel car elle se décline, localement seulement, en plusieurs délégations de tâches médicales. « Il ne s'agit pas d'une véritable extension du rôle des infirmières », regrette-t-elle.

Pour Hélène Salette un changement de stratégie pourrait peut-être faire bouger les lignes au profit des infirmières françaises. Notamment en démontrant davantage, de façon positive, leur compétence et leurs qualités dans le cadre d'une démarche plus politique que revendicative. Selon elle,« tout est une question de politique et de stratégie ! »

 Olivia Dubois

 

 

 

 

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Réactions

10 réponses pour “Infirmière : une place à conquérir”

  1. Motarde de DIJON dit :

    Sous un article intitulé ‘’Requiem pour l’ordre infirmier’’ EspaceInfirmier.com révèle que le trépas de l’ordre des infirmiers est probablement imminent.

    http://www.espaceinfirmier.fr/actualites/au-jour-le-jour/articles-d-actualite/140527-requiem-pour-l-ordre-infirmier.html

    La convocation par les gendarmes des six infirmières sur les soixante signalées au Procureur de la République de Mulhouse par le président du CDOI du Haut-Rhin pour défaut d’inscription à l’ONI a provoqué un tollé relayé par toute la presse. Cette démarche d’une stupidité inouïe a sans doute été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

    Le projet de loi relatif à la politique de santé présenté le 17 juin 2014 comportera un article visant à la suppression pure et simple de l’ordre ou a son éventuel remplacement par une autre instance.

    Cela étant, le projet de loi présenté par le gouvernement ne scellera pas définitivement le sort de l’ordre le 17 juin car il faudra ensuite de nombreux débats à l’Assemblée Nationale et au Sénat avant que la loi ne soit adoptée, amendée ou rejetée.

    Après toutes les promesses ministérielles non tenues, depuis Roselyne BACHELOT à Marisol TOURAINE rien n’est fait et tout peut encore évoluer…

  2. resilience a la poubelle dit :

    LOL toujours le même discours de ceux qui refusent d’avancer, peut-être en commettant des erreurs mais en voulant aller de l’avant.
    je n’ai pas vu Mr Dechilly se porter sur une liste électorale , ni d’autres résilients. vous êtes comme la plupart , ça râle , ça tape sur les murs mais ça progresse pas.Marisol a t’elle promis une avancée pour les infis? que nenni
    la loi Valls avec ses 10 milliards d’économie va t’elle conduire à fermer des services, geler le point d’indice et ne pas remplacer les départs retraites.
    pour rappel, secteurs protégés justice, education, police..
    la santé, dans le cul le thermomètre et le reste, et sans vaseline (ni roseline)
    allez, au moins on pleurera sur une chose commune, la perte de chance du malade…

  3. resilience a la poubelle dit :

    LOL toujours le même discours de ceux qui refusent d’avancer, peut-être en commett

  4. onialapoubelle dit :

    LOL Avec ton Ordre infirmier qui est soumis aux seuls intérêts de la banque BRED – BPCE qui lui a prêté honteusement 19 millions sans aucune garantie en 2008 que celle de la bonne foi de la présidente Dominique Lobeouf et de son vice président du moment, devenu depuis calife à la place du calife. LOL. Ton Ordre infirmier qui revendique, pour simplement continuer à exister, des missions jugées inutiles, absurdes, redondantes et coûteuses actuellement assumées par les ARS. LOL. Ton Ordre qui a écrit un code de déontologie dont la débilité est égale à la misère intectuelle de celles et ceux qui en ont rédigé les articles en les copiant/collant sur celui des pharmaciens. LOL. Ton Ordre tu peux te le coller là où je pense, comme le font les plus de 80% de non adhérentes et plus des deux tiers de celles qui ont adhéré sous la contrainte et les menaces, voire le chantage,et qui se sont abstenues à plus de 78% aux élections ordinales du mois dernier. LOL.

  5. Motarde de DIJON dit :

    A Sindy JOUBERT

    Le pouvoir des médecins n’est pas du à leur Ordre, mais à leurs très nombreux syndicats et aussi parce qu’ils ont su investir toutes les institutions. Il n’y a pas une instance concernant le domaine de la santé où ils ne siègent pas.

    Concernant le domaine purement politique, un bon nombre de médecins sont Maires, Conseillers Généraux, Députés, Sénateurs, Ministres, Secrétaires d’Etat etc… etc… Ils sont là où se prennent véritablement les décisions.

    Combien y a-t-il d’infirmières dans les instances décisionnaires ? Combien d’infirmières ministres, sénatrices, députées ?

    Et puis le pouvoir des médecins est également économique. Chaque prescription (médicaments, examens biologiques, radiographiques, soins de kinésithérapie, soins infirmiers, arrêts de maladie etc…) a une incidence sur les comptes publics… Quand, suite aux prescriptions médicales, des milliards d’euros remboursés chaque année par les organismes d’assurance maladie sont en jeu, eh bien on écoute les médecins et on les chouchoute…

    Alors même avec un Ordre des Infirmiers, qui d’ailleurs ne protège que les intérêts des patients conformément à sa mission, les infirmiers ne seront jamais aussi puissants que les médecins.

    Croire le contraire est une illusion, un leurre, une utopie…

  6. Flavien Blurp dit :

    Youpi, je pense que je vais me faire bucheron finalement..

  7. eusebe dit :

    Et on comprend pourquoi on n’en veut pas :
    http://www.infirmiers.com/actualites/revue-de-presse/resilience-continue-de-tirer-a-vue.html?jolfp
    Commentaires (4)
    Ex-conseiller

    1 commentaires
    #4
    Je suis totalement écoeuré …
    C’est la première fois que je siège au CROI. J’ai assisté ce jeudi à une parodie de réunion dans le cadre d’un appel de deux IDE qui tentaient de s’inscrire au Tableau ordinal. J’ai été abasourdi de tant d’incompétence de la part de mes collègues. On aurait dit un règlement de compte ou plutôt lynchage sous couvert des oripeaux ordinaux. L’avocat des parties, éminemment au fait de la Loi, les a médusés par la simple évocation de l’ensemble des erreurs dans les deux procédures ( d’abord au CDOI, puis lors de cette séance). Je ne savais plus où me mettre ni qui regarder…
    Je vais motiver ma démission auprès du Ministère de la Santé en dénonçant cette mascarade et surtout, surtout, au-delà des dissensions constatées, du total mépris (volontaire ou par méconnaissance) des fonctions régaliennes qui ont été dévolues aux ordres.
    J’ose le dire uniquement sous couvert d’anonymat ici, mais j’ai honte pour ces collègues indignes de la grande mission qui était offerte aux représentants de notre belle profession.
    22 mai 2014 – 21h20

  8. eusebe dit :

    Et bien oui, personne ne veut y adhérer à cet ordre, c’est ballot, hein ?

  9. Sindy Joubert dit :

    Lol on a un ordre mais personne ne veut y adhérer sous prétexte qu’il faut payer pour exercer. Lol il font comment les médecins., les kinésithérapeute, les sages femmes. .? Pff tant qu’on ne saura pas exister politiquement rien n’avancera. Ils confondent syndicats et ordre. Alors on peut rien faire. Les syndicats nous musele tout ça parce qu’ils ont peur de ne plus avoir d’adhérents. L’ordre est fait pour une existence politique avec un pouvoir de consultations lors de legiferation. , il n’est pas la pour défendre nos conditions de travail ça c’est au syndicat de le faire. Si la profession est consulté en amont peut être serions nous mieux reconnu et pourrions nous avoir un poids.

  10. Sindy Joubert dit :

    Lol on a un ordre mais personne ne veut y adhérer sous prétexte qu’il faut payer pour exercer. Lol il font comment les médecins., les kinésithérapeute, les sages femmes. .? Pff tant qu’on ne saura pas exister politiquement rien n’avancera. Ils confondent syndicats et ordre. Alors on peut rien faire. Les syndicats nous musele tout ça parce qu’ils ont peur de ne plus avoir d’adhérents. L’ordre est fait pour une existence politique avec un pouvoir de consultations lors de legiferation. , il n’est pas la pour défendre nos conditions de travail ça c’est au syndicat de le faire. Si la profession est consulté en amont peut être serions nous mieux reconnu et pourrions nous avoir un poids.

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