Fin de vie : long chemin pour Vincent Lambert

| 1 803 vues | Pas de commentaire

 Vincent Lambert, patient du CHU de Reims dont le maintien en vie fait l'objet d'une controverse éthique et juridique, se trouve désormais dans un état végétatif et non plus de conscience minimale, et ses lésions cérébrales sont irréversibles, selon un pré-rapport des trois experts médicaux désignés par le Conseil d'Etat.

Vincent Lambert, 37 ans, a été victime d'un traumatisme crânien lors d'un accident de voiture en 2008, rappelle-t-on. D'abord diagnostiqué en coma végétatif, il avait évolué vers un état pauci-relationnel. Le Coma Science Group du CHU de Liège, qui l'a examiné en juillet 2011, avait conclu qu'il se trouvait dans un "état de conscience minimale plus". 

Il est hospitalisé dans le service de médecine palliative du CHU de Reims, dans une unité consacrée aux patients pauci-relationnels.

Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, saisi par deux fois en référé par une partie de sa famille, a ordonné l'annulation puis la suspension de décisions d'arrêt de son alimentation artificielle prises par l'équipe médicale.

Le Conseil d'Etat avait ensuite annoncé qu'il trancherait le litige "avant l'été", après notamment une expertise médicale complémentaire.

Durant l'expertise, le patient "a été examiné cliniquement de façon approfondie à neuf reprises", dont cinq fois à La Pitié-Salpêtrière (AP-HP, Paris) du 7 au 11 avril, indique le rapport. Les experts ont eu accès à la totalité du dossier médical.

"L'état clinique actuel de M. Vincent Lambert correspond à un état végétatif", et "les résultats des explorations cérébrales structurales et fonctionnelles réalisées en 2014 sont compatibles" avec ce diagnostic, écrivent-ils.

Ils n'ont "pas détecté de signe en faveur d'un état de conscience minimale" et notent que "les constatations cliniques ont été très superposables d'un examen à l'autre". L'évolution a été "marquée par la disparition des fluctuations" entre un état de conscience minimale et un état végétatif qui avaient été constatées à Liège. Cela "suggère une dégradation de l'état de conscience du patient depuis 2011", résument-ils.

Lésions irréversibles

Ils estiment que "les lésions cérébrales ont toutes les caractéristiques de lésions irréversibles" et jugent "très peu probables les chances d'amélioration de l'état végétatif".

La troisième question était de "déterminer si ce patient est en mesure de communiquer [...] avec son entourage".

Les trois experts confirment l'analyse de l'équipe du CHU de Reims ou le patient est hospitalisé, constatant que Vincent Lambert "n'est pas en mesure d'établir une communication fonctionnelle avec son entourage". Ses réponses comportementales aux stimulations "ne dépassent pas le stade des réponses réflexes".

Le dernier point visait à "apprécier s'il existe des signes permettant de penser" que Vincent Lambert "réagit aux soins qui lui sont prodigués" et si oui, comment les interpréter.

Selon le pré-rapport, il "réagit aux soins qui lui sont prodigués et aux stimulations nociceptives" mais "les caractéristiques de ces réactions suggèrent qu'il s'agit de réponses non conscientes".

La question de l'arrêt de traitement toujours en suspens

"L'interprétation de ces réactions comportementales comme un vécu conscient de souffrance ou comme l'expression d'une intention ou d'un souhait à l'égard de l'arrêt ou de la prolongation du traitement ne nous paraît pas possible", écrivent les auteurs.

Ils tiennent cependant "à souligner que dans une telle situation, -et en l'absence de directives anticipées et de personne de confiance-, le degré de l'atteinte de la conscience ne saurait constituer le seul élément déterminant de la mise en route d'une réflexion concernant un éventuel arrêt de traitement".

Le rapport final devrait être rendu "fin mai-début juin" et une audience devant le Conseil d'Etat doit avoir lieu "très peu de temps après", a indiqué François Lambert, neveu du patient.

Rédaction ActuSoins avec APM

Abonnez-vous à la newsletter des soignants :

Faire un don

Vous avez aimé cet article ? Faites un don pour nous aider à vous fournir du contenu de qualité !

faire un don

Réagir à cet article

retour haut de page
326 rq / 4,368 sec