Olivier Pinaton, l’infirmier immergé

Chaque mois, ActuSoins vous fait découvrir une autre facette du métier d'infirmier, grâce à une série de portraits.

Il fait partie des 15 Infirmiers Plongeurs Hyperbaristes toujours en activité dans la marine. À 37 ans, Olivier Pinaton exerce un métier rare voire même « en voie d’extinction ». À quelques centaines de mètres de sa base navale, située à Brest, il se livre tout en expliquant les particularités d’une telle carrière, faite d’aventures et de rebondissements.

Un aventurier polyvalent

Olivier Pinaton, l'infirmier immergéS’il y a une chose à affirmer sur Olivier Pinaton, c’est qu’il n’est pas nécessaire de lui tirer les mots de la bouche pour qu’il parle de son métier. C’est comme s’il avait deviné que l’intitulé même de son poste éveillait la curiosité. Lors d’un entretien avec lui, l’écoute ne peut être qu’attentive, car sa vie est presque digne d’un scénario de film d’action. Les missions et exercices aux quatre coins du monde (extrême nord de la Norvège, mer baltique, Nouvelle-Calédonie…) auxquelles il participe dans des conditions souvent extrêmes, relèvent de son quotidien. Ses compétences en matière de soins en caisson hyperbare et sans médecin font de lui un infirmier spécialisé à part entière.

Longtemps, il a exercé à bord d’un chasseur de mines (navire dont l’objectif est de sonder le fond de l’océan pour y repérer des restes d’obus). A présent, il est affecté au groupe des plongeurs démineurs de Brest. Son rôle infirmier est, entre autres, de surveiller, de s’occuper  et de soigner les plongeurs exposés à de multiples risques. Pour expliquer son activité, il n’hésite pas à raconter des faits marquants : « Par exemple, en 1999, nous travaillions sur une opération de dépollution de la Manche où il restait énormément de mines de la guerre 39/45. Les plongeurs démineurs étaient parti reconnaître les différents obus pour les contre-miner ensuite. Cette opération s’est avérée beaucoup plus importante que l’on ne le pensait, car 10 tonnes de charges ont explosé. Le zodiac s’est retourné, les plongeurs ont été projetés. Je les ai récupérés noirs de suie, conscients mais complètement choqués, les yeux exorbités».

La particularité d’Olivier réside dans le fait qu’il est aussi plongeur. C’est d’ailleurs ce qui différencie les Infirmiers Plongeurs Hyperbaristes comme lui, des infirmiers qualifiés de la plongée. Selon lui, cette double compétence est indispensable à la qualité des soins. « Quand on est plongeur soi-même, on sait qu’un plongeur est un menteur par définition » dit-il avec humour.  « Un plongeur peut sortir de l’eau et prétendre que tout va bien alors qu’il y a des signes imperceptibles que seul un autre plongeur va reconnaître. Car celui-ci a conscience de ce qu’il se passe au fond de l’eau comme le froid, le stress lié à une épave, le manque de visibilité. Être infirmier et plongeur permet d’aller directement à l’essentiel dans l’élaboration d’un diagnostic ». Dans le cadre des ses missions, Olivier est régulièrement amené à plonger, notamment quand l’opération à laquelle il participe s’avère peu risquée pour les autres plongeurs (plongée à moins de 35 mètres et sans déminage, recherche d’épaves ou de corps). Il est dans ce cas considéré comme moins indispensable à bord en qualité de soignant qu’au fond de l’océan avec ses co-équipiers.

Une remise en question permanente

Si Olivier en est arrivé là, ce n’est pas que par le fruit du  hasard. Bercé dès son plus jeune âge dans le milieu de la plongée au masque et au tuba, il est intéressé par la mer depuis toujours. Il intègre  la marine à 20 ans dans le but de devenir infirmier. La vocation de plongeur ne lui viendra qu’après avoir obtenu son diplôme d’Infirmier Autorisé Polyvalent (ancienne équivalence du DE pour les militaires) et avoir exercé 2 ans au sein de la médecine du travail de l’arsenal de Nantes. « J’étais jeune, j’avais besoin d’aventure. Mon travail d’infirmier était intéressant mais un peu trop routinier à mon goût ». Alors, encouragé par l’armée, il participe à une formation de plongeur, puis à une formation de spécialisation d’infirmier hyperbariste. Son besoin d’aventure est assouvi. Il a enfin trouvé sa voie et y restera 12 ans. Cette année néanmoins, il partira. Non pas que son métier lui déplaise. Il estime juste en « avoir fait le tour ». Il a une famille et aimerait aussi être plus présent. Car l’inconvénient, « comme pour les autres métiers de la marine d’ailleurs », précise-t-il , est celui d’être absent. « Ma femme est souvent seule à devoir tout gérer. J’ai eu la chance d’assister aux naissances de mes filles. Par contre, j’ai toujours eu peur  de louper une étape cruciale de leur évolution ». Olivier se réoriente dans le civil. Il pourra rentrer chez lui le soir. Pour cela, il s’est longuement préparé. Tout d’abord, en passant son DE en candidat libre en 2004, puis en faisant des stages dans différents services d’hospitalisation.

Cet été, Olivier s’installera à Nouméa. S’il le pouvait, il aimerait intégrer le service des urgences de la ville ou encore tourner avec le SAMU. Pour lui, difficile d’imaginer de travailler en hospitalisation conventionnelle. Le changement serait peut-être un peu trop radical à son goût.

Malika Surbled

Olivier Pinaton, infirmier, en 5 dates :

Janv 1993 : Entre dans la marine

Juillet 1998 : Commence sa carrière d’Infirmier Plongeur Hyperbariste

2003 : Est affecté à Tahiti sur une base terrestre

2006 : Revient en métropole pour différentes missions

Juillet 2010 : Quitte l’armée pour devenir infirmier civil.

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