Label « Hôpital ami des bébés » : la bientraitance érigée en priorité

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Zoom sur la Clinique de la Sagesse, à Rennes, labellisée « Hôpital ami des bébés » en 2016. Article paru dans le numéro 30 d’ActuSoins, dans le cadre du dossier de « Une » sur la prise en charge des enfants hospitalisés. 

© DR

Des besoins mieux pris en compte donnent des bébés en meilleure santé physique et psychique. C’est cette équation que vise l’« Initiative hôpital ami des bébés » (IHAB). Attribué aux maternités et services de néonatologie, ce label créé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Unicef (Fonds des Nations unies pour l’enfance) couronne une prise en charge fondée sur le respect des rythmes biologiques du nouveau-né et de la mère, avec une continuité des soins ante, per et post-nataux.

Doté d’une maternité et d’un service de néonatologie – 59 lits dont neuf en unité Kangourou (1) –, la clinique de la Sagesse, à Rennes, est labellisée depuis 2016. C’est l’aboutissement de trois ans de travail d’équipe autour des douze recommandations de l’OMS (2). « Obtenir ce label nécessite des projets stricts, avec une obligation de satisfaire 80 % des recommandations », précise Valérie Fourré, puéricultrice à la Sagesse.

Parmi les conditions exigées, la majeure partie des soignants – puéricultrices, auxiliaires de puériculture, sages-femmes, cadres de santé, pédiatres… – a bénéficié d’une formation de 21 heures par personne, portant sur l’allaitement, les rythmes des bébés, le « peau à peau »… « Cet apport théorique nous aide ensuite à expliquer notre prise en charge aux parents. Ces derniers y adhèrent donc mieux », poursuit Valérie Fourré.

Le peau à peau, un axe majeur

 Des groupes de travail pluridisciplinaires ont par ailleurs planché sur chacune des recommandations de l’OMS. Cela a abouti à la rédaction de nouveaux protocoles : sur le peau à peau après une césarienne, l’alimentation du prématuré, les risques d’hypoglycémie chez le bébé…

Axe majeur, le « peau à peau » est dorénavant prévu après tous les accouchements, dans la mesure où la santé de la mère et de l’enfant le permet. « Il doit durer une heure pour être efficace, rappelle Valérie Fourré. Durant ce temps, le bébé n’est ni pesé, ni lavé. On ne fait rien », et cela procure de multiples bénéfices : concernant l’allaitement, la colonisation bactérienne familiale, le risque d’hypothermie chez le bébé… « Il est aussi important pour le lien mère-enfant et réduit donc le risque de dépression post partum et même de maltraitance infantile ultérieure. »

Sur le plan de l’alimentation également, le bébé est nourri dès qu’il s’y montre prêt (lorsqu’il ouvre les yeux, tète son doigt…) et non plus à intervalles horaires déterminés.

Les parents impliqués dans chaque soin

De tels changements ne sont pas allés sans quelques appréhensions. Les parents sont en effet impliqués dans chaque soin. « Prise de sang, perfusion… Cela a été difficile pour certains soignants, qui craignent de faire mal au bébé devant la maman. Mais sa présence – ou celle du père – rassure le bébé, qui est plus détendu. Cela rend le soin moins difficile », remarque Valérie Fourré.

L’équipe a aussi dû calquer son organisation sur les rythmes – éveil/sommeil notamment – mère-bébé. Ainsi le bain, préalablement effectué dans la nurserie, est individualisé et pratiqué dans chaque chambre. « Nous restons présents, mais ne faisons plus rien à la place des parents. Chaque soignant a un téléphone dans sa poche et les mères nous appellent. C’est parfois dur car le matin toutes se réveillent un peu en même temps. »

Valable quatre ans, le label HAB incite à perfectionner les projets de service. A Rennes, l’équipe de la Sagesse travaille donc dès cette rentrée à l’amélioration de sa prise en charge, en vue de la revalidation du label en 2020.

Emilie Lay

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(1)Unité de néonatologie permettant notamment la non séparation mère-enfant.

(2) amis-des-bebes.fr

 

Cet article est paru dans le n°30 d’ActuSoins Magazine (septembre 2018).

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