Avec Mimma, l’infirmière des migrants

Situé en plein cœur de Palerme en Sicile, le Centre d’assistance sanitaire pour immigrés de la polyclinique Paolo Giaccone a été créé en l’an 2000 pour répondre aux besoins de santé des migrants. Depuis 2015, un demi-million de migrants ont traversé la mer pour rejoindre l’Italie.  

Ce jeune gambien, mineur, souffre de tuberculose et d'une blessure au bras

Ce jeune gambien, mineur, souffre de tuberculose et d'une blessure au bras. En Libye, il a été battu par ses passeurs avant de prendre le bateau. Il est venu au centre d'assistance sanitaire de la polyclinique Paolo Giaccone accompagné d'une assistante sociale. Ce centre reçoit plus de trente migrants par jour.

Atteints de tuberculose, de gale, blessés ou traumatisés par les tortures, les migrants sont pris en charge dans ce centre universitaire où Mimma Scelfo, infirmière depuis vingt-sept ans, et l’équipe soignante les prennent en charge.

Face à l’arrivée massive de migrants en Sicile, en majorité d’Afrique sub-saharienne, Mimma a décidé de rejoindre, il y a dix ans, l’équipe du docteur Mario Affronti, du Centre d’assistance sanitaire pour immigrés de la polyclinique Paolo Giaccone. Elle travaille dans le centre Paolo Giaccone 38 heures par semaine pour un salaire net de 1050 euros par mois. « Avant la crise de 2008 mon salaire était bien meilleur », raconte-t-elle.

« Ils vivent parmi nous et garantir leur santé c’est aussi garantir la nôtre »,dit Mimma en commençant son service. Il faut dire que la situation en Sicile est particulièrement dramatique : 90 % des migrants sauvés in extrémis de la noyade dans la mer Méditerranée par le gouvernement italien ou par les ONG sont débarqués dans différents ports de Sicile.

Selon le maire de Palerme, Leoluca Orlando, 30 000 migrants vivent en toute légalité dans la ville, mais c’est sans compter tous ceux qui n’ont pas pu régulariser leur situation. Malgré cela, le gouvernement italien assure les soins gratuits aux migrants même illégaux. Un simple code nommé STP (Étranger Temporairement Présent en français), valable six mois, leur permet d’être soignés de manière totalement anonyme. Une fierté pour le directeur du centre Mario Affronti qui a aussi été le président de la Société Italienne de Médecine de la Migration (SIMM).

« Nous traitons toutes les formes de maladies infectieuses des migrants, comme la tuberculose, la gale, la varicelle… Dans les bateaux la grande promiscuité entre les migrants et les conditions d’hygiène déplorables favorisent ces maladies. Mais nous traitons aussi ces personnes pour de nombreux problèmes comme le diabète, les problèmes cardiovasculaires, les interruptions volontaires de grossesse, les traumatismes et les blessures car certains ont été torturés », détaille-t-il.

Mimma Scelfo est la doyenne des infirmières dans ce centre. Avec l’aide des traducteurs et des médiateurs culturels, elle sait reconnaître un migrant qui a subi des actes de torture. « C’est un problème majeur,affirme-t-elle, car ils sont de plus en plus nombreux et nous devons immédiatement les orienter en psychiatrie car ils présentent un risque pour leur propre vie. »

Malgré la bonne volonté du gouvernement italien, le pays a du mal à protéger ces migrants. Dans les centres d’accueil, comme celui de Cara Mineo en Sicile, les 35 euros par jour que les migrants reçoivent du gouvernement sont régulièrement détournés par les mafias.

Texte et photos : Jean-Jérôme Destouches/ Hans Lucas Studio

 

Actusoins magazine pour infirmière infirmier libéralCet article est paru dans le numéro 28 d'ActuSoins Magazine (mars 2018)

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