Amiens : les syndicats toujours mobilisés à l’hôpital Pinel

Les syndicats ont levé fin octobre le « camp » qu'ils ont occupé 24 heures sur 24 pendant 109 jours cet été devant l'établissement de santé mentale Philippe Pinel d'Amiens mais maintiennent la pression et le mouvement de grève. Ils continuent de réclamer des renforts en personnel et la réouverture d'au moins une unité d'hospitalisation.

© DR / Twitter Hôpital Pinel en lutte

L'intersyndicale CGT-FO-Sud ne relâche pas la pression au centre hospitalier Philippe Pinel (CHPP) d'Amiens, spécialisé en psychiatrie. Après quasiment cinq mois de grève, ils ont décidé de « changer de tactique et de stratégie », indique Chrystèle Leclercq, infirmière et secrétaire générale de la CGT dans l'établissement.

Du fait des assignations et que le mouvement dure, le taux de grévistes est faible, ajoute-t-elle, mais la mobilisation persiste dans toutes les catégories de personnels. La marche que l'intersyndicale a organisée le 3 novembre a réuni « 400 personnes, des personnels et des personnes qui les soutiennent », observe l'infirmière.

60 postes nécessaires

Les revendications de l'intersyndicale portent principalement sur le renforcement des effectifs et la réouverture d'unités d'hospitalisation. Elle estime les besoins en personnels à 60 postes, « 35 d'infirmiers ou d'aides-soignants en hospitalisation et 25 d'ASH, souligne Chrystèle Leclercq. Parfois, il n'y pas d'ASH dans une unité pendant un jour entier... ». Les syndicats demandent également que la direction remédie à la sur-occupation des unités, issue selon l'infirmière de la fermeture, en quatre ans, de quatre unités d'hospitalisation. Des fermetures insuffisamment compensées, ajoute-t-elle, par le développement de la prise en charge en ambulatoire, elle-même embolisée du fait du manque de lits disponibles en aval pour les patients qui ont besoin d'être hospitalisés.

Dans les unités d'hospitalisation, « on manque en permanence de 20 lits, déplore Chrystèle Leclercq.Des services de 20 lits se retrouvent avec cinq lits en plus » et les lits des chambres d'isolement sont tous occupés, parfois faute d'autre place ailleurs et donc par des patients qui n'en ont pas besoin... Il manque alors 13 lits en plus.

La pression à faire sortir des patients est forte mais faute des moyens nécessaires certains doivent être hospitalisés plus longtemps ou sortent alors qu'ils ne sont pas bien stabilisés, observe l'infirmière. Il faut dire que l'hôpital manque cruellement de psychiatres : l'ARS des Hauts-de-France l'a reconnu. Selon Chrystèle Leclercq, « 70% des postes de psychiatres en psychiatrie adulte seront vacants début 2019 ».

Les négociations - difficiles - avec la direction de l'hôpital se poursuivent. Une nouvelle rencontre était prévue le 6 novembre. Petit à petit, l'intersyndicale a obtenu quelques avancées : 18 postes pour le moment, « essentiellement des infirmières, qui manquent le plus, et quelques aides-soignants et ASH », précise la secrétaire générale de la CGT. Les syndicats ont aussi obtenu de pourvoir travailler sur des fiches actions relatives à l'organisation des soins. Mais pas la réouverture d'une unité.

Dialogue difficile

L'intersyndicale a sollicité et invité plusieurs fois Agnès Buzyn, qui n'a jamais répondu, indique Chrystèle Leclercq. « Nous allons redemander un rendez-vous à la directrice de l'ARS afin qu'elle vienne visiter l'hôpital », ajoute-t-elle. Pas sûr que l'ARS y réponde. Le dialogue entre les syndicats et l'agence n'a pas été facile non plus.

En juillet, l'ARS a préconisé de « faire évoluer les modalités de prise en charge et les pratiques », marquées par « un recours encore trop important à l’hospitalisation complète » et des « durées d’hospitalisation significativement plus élevées » que dans les établissements comparables. Un constat qui résulte, selon l'infirmière, du manque de moyens dénoncé par l'intersyndicale. L'ARS a apporté à l'établissement une aide financière de sept millions d'euros d'aides financières depuis 2011 et estime que « le financement alloué par patient au CHPP est parmi le plus élevé de la région ». A l'issue d'une rencontre en septembre avec la direction, les personnels et les syndicats, la directrice de l'ARS a décidé de maintenir « l'aide exceptionnelle annuelle d'un millions d'euros » pendant une période de transition.

Une somme destinée à créer 20 places de Maison d'accueil spécialisé, un Foyer d'accueil médicalisé et une unité d'hospitalisation pour les 5-12 ans mais aussi l'augmentation de la capacité des unités de 20 à 22 lits, la suppression des lits supplémentaires dans les unités et le recrutement de 10 infirmiers supplémentaires. En matière de renforts en effectifs, les syndicats ont obtenu davantage depuis mais restent mobilisés sur leurs autres revendications.

Olivia Dujardin

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