Une infirmière sur les routes d’Europe pour recueillir des témoignages infirmiers

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Après avoir étudié les soins infirmiers en Belgique et au Liban, Isabelle est partie exercer en Suisse jusqu’à ressentir le besoin de faire un break. A bord de son camping-car, elle s’est lancée sur les routes de France et cherche à recueillir, dans le cadre de son projet NARSA, les réflexions des professionnels infirmiers, sur le sens de leur métier.

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« Je suis diplômée depuis quatre ans et en arrivant en Suisse, j’ai travaillé dans différentes structures, explique Isabelle. J’ai fait de l’intérim, j’ai travaillé directement dans les hôpitaux, j’ai aussi fait du domicile et travaillé avec les ambulances. Cela m’a permis de dresser de nombreux constats, de nourrir mes réflexions sur le sens de mon métier et la place qu’il occupe dans la société d’aujourd’hui. »

Elle observe également « une sorte de décalage entre notre vision des choses en tant que soignant et ce que les soignés perçoivent ». En 2017, elle ressent alors le besoin d’arrêter son activité professionnelle et de voyager. « C’est au détour de discussions avec mes patients en fin de vie que j’en ai pris conscience. Condamnés, ils m’ont souvent dit regretter de ne pas avoir voyagé autant qu’ils le souhaitaient. » Mais à son voyage, elle souhaite y associer un projet, par crainte du difficile retour à la réalité. « J’avais également peur de ne plus aimer mon métier, de le retrouver là où je l’avais laissé, voire pire », reconnaît-elle. 

Quelle image du métier ?

C’est au volant de son camping-car Marius, du même âge qu’elle (27 ans), qu’Isabelle est ainsi partie de Suisse pour traverser la France direction la Bretagne avant de redescendre la côte Atlantique jusqu’à Bordeaux, puis Marseille et l’Espagne où elle se trouve actuellement.

Elle projette ensuite d’aller au Portugal, de remonter jusqu’à Paris et de terminer par Lille fin novembre. Elle partira après en Belgique, et plus tard à Cuba, en Amérique du Sud, en Asie, en Afrique et au Québec. Avec son projet NARSA, traduction littérale du mot « infirmier » en népalais, elle va, sur le terrain, à la rencontre des infirmiers ayant des environnements de travail et des références culturelles différents, afin de recueillir l’image qu’ils ont de leur métier et leur réflexion sur leur profession.

Interviews vidéo, radio, écrite, ou alors échanges informels, les choix sont multiples. « Souvent, je trouve les infirmiers par hasard, en discutant avec le gérant d’un camping, par le bouche à oreille », précise-t-elle. L’ensemble du contenu est publié sur son site.

Mettre en avant les idées des confrères

C’est en discutant avec des collègues suisses, belges, français et portugais, qu’Isabelle a remarqué que de nombreuses informations et idées pourraient être approfondies. « Je sais que je ne peux pas révolutionner le système de santé à mon échelle, ni le rendre plus humain, mais je pense que la première étape est de parvenir à faire parler mes collègues car nous échangeons beaucoup entre nous, nous avons beaucoup d’idées, de créativité. Mais elles ne sortent jamais de la sphère professionnelle et c’est dommage. »

Son projet vise ainsi à mettre en avant les idées de ses confrères et consœurs mais aussi de montrer une image plus positive du métier car « les reportages font souvent ressortir une image triste de la situation des soins », estime-t-elle.

Un manque de soutien palpable

« La plupart des infirmiers que je rencontre sont contents de s’exprimer et de savoir qu’on s’intéresse à leur quotidien », souligne Isabelle qui cherche également à dépeindre certains stéréotypes de la profession. Les infirmiers qu’elle croise se sentent souvent démunis en raison du manque de personnel dans les services. « Il ressort aussi de nos échanges les difficultés qu’ils ont à avoir une vie sociale. Certains se tournent alors vers des alternatives comme le libéral, mais ce mode d’exercice a d’autres contraintes. »

Les professionnels de santé regrettent également le manque de soutien psychologique. « Beaucoup d’infirmiers se disent que nous sommes livrés à nous-mêmes et que c’est à nous de mettre des solutions en place, ce qui est dommage », rapporte-t-elle.

Isabelle souhaiterait à terme que ces échanges sortent de la seule dimension de son site. « Mais j’ai besoin de contenus, donc de travailler sur ce projet. C’est vraiment une étape après l’autre », conclut celle qui se voit dans un avenir lointain, gérer un service ou reprendre une maison de retraite et imaginer un système de gestion différent.

Laure Martin 

Pour en savoir plus sur le projet d’Isabelle et éventuellement la rencontrer :  https://narsaid.org/narsa-le-projet/

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