Faut-il vraiment « concentrer » les personnes âgées entre elles ?

Le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) s'interroge, dans un avis consacré aux enjeux éthiques du vieillissement, sur le sens de la "concentration des personnes âgées entre elles, dans des établissements dits d'hébergement". 

Le CCNE s'est auto-saisi de la question : comment rendre la société davantage inclusive vis-à-vis des personnes les plus âgées ? 

Dans son avis, le comité d'éthique a décidé de faire partir sa réflexion de la question de la "concentration" des personnes âgées dans des établissements d'hébergement. "En effet, force est de constater que l'institutionnalisation des personnes âgées dépendantes et leur concentration entre elles génèrent des situations parfois indignes, qui, réciproquement, sont source d'un sentiment d'indignité de ces personnes. Leur exclusion de fait de la société, ayant probablement trait à une dénégation collective de ce que peut perte la vieillesse, la fin de la vie et la mort, pose de véritables problèmes éthique, notamment en termes de respect dû aux personnes", explique l'avis. 

L'avis du CCNE cherche, dans cette perspective, à répondre aux questions suivantes : comment nos sociétés vont-elles accompagner l'augmentation des situations de dépendance et la perte d'autonomie générées par les conséquences de l'augmentation de la longévité mais aussi des progrès réalisées dans le domaine du traitement des maladies ? Quels pourraient être les espaces de vie de ces personnes, qui connaissent notamment une perte d'autonomie ? De quels moyens disposerons-nous pour les accompagner ? 

Changer le paradigme du soin au sein de notre système de santé

Le CCNE propose quelques pistes concrètes pour renforcer la conscience de cette réalité démographique, le vieillissement de notre population, et le respect des personnes âgées. 

"De nouvelles formes de solidarités dans notre société s'imposent en direction des personnes les plus fragiles et vulnérables", explique le comité d'éthique, qui propose d'abord de repenser la création d'un cinquième risque de la sécurité sociale, pour "permettre une meilleure prévention et un meilleur accompagnements des personnes dépendantes". 

Il propose aussi de changer de paradigme du soin au sein de notre système de santé en cherchant à inclure de façon plus systématique les proches et les aidants, "condition sine qua non du maintien à domicile". A cet égard pourrait être constitué un plan pour le répit et le soutien des aidants, afin de leur permettre d'acquérir les compétences, et de leur donner le temps, nécessaires à l'accompagnement des personnes qui restent à leur domicile. 

Autres leviers recommandés : faire évoluer le droit social, notamment pour permettre à un proche d'aider et d'accompagner une personne malade ou handicapée. A ce titre pourrait être explorée la possibilité d'un enrichissement du compte personnel d'activité (CPA) ; penser de nouvelles formes de bénévolat pour matérialiser les solidarités entre ceux qui bénéficient de la santé et ceux qui souffrent de maladie ou de handicap et leurs proches; mieux protéger les personnes vulnérables par la création d'un délégué interministériel à la protection des majeurs, comme le suggère un récent rapport de la Cour des comptes. 

Renforcer les politiques d'accompagnement du vieillissement

Le CCNE propose un renforcement des politiques d'accompagnement du vieillissement. Il conviendrait, selon lui, de développer une culture préventive pour mieux anticiper le quatrième âge, pour anticiper l'adaptation du domicile, l'organisation des services à la personne ou encore le lien avec les aidants

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Il conviendrait aussi, selon le CCNE, de "développer les dynamiques intergénérationnelles entre bien portants et malades ou porteurs d'un handicap, entre jeunes et personnes âgées, entre actifs ayant un emploi, personnes sans emploi et retraités... pour favoriser la transmission des savoirs et de l'expérience - en particulier professionnelle - de ces personnes devenues économiquement inactives en raison de leur âge". 

Parmi les autres pistes rapportées : faire du numérique un outil pour favoriser l'accompagnement du vieillissement, mieux former et valoriser les métiers de l'aide à domicile, notamment en prenant en compte la pénibilité des soins et l'exposition affective et émotionnelle ; développer de nouvelles compétences professionnelles ou les nouveaux métiers tels que les gestionnaires de cas; reconsidérer la notion de performance et de tarification tant dans les EHPAD que dans l'accompagnement à domicile (liste non exhaustive, pour consulter les autres propositions du rapport) 

A l'heure ou des choix budgétaires toujours plus contraints et alors que persiste dans l'opinion l'idée que la vieillesse est une "charge" et à un "coût" pour la société, le CCNE, à travers son avis, espère inciter à une réflexion sur la valeur et le sens à donner à l'accompagnement des aînés. Il souhaite éclairer les décideurs et les aider à répondre à l'exigence éthique que réclame la dynamique démographique de notre société. "Il serait indigne que le pilier de notre démocratie sanitaire qui entend garantir à tous une égalité d'accès à la santé, entendue comme un état de bien-être physique, mental et social, ne concerne pas une partie de la population", explique le CCNE. 

Rédaction ActuSoins

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Réactions

3 réponses pour “Faut-il vraiment « concentrer » les personnes âgées entre elles ?”

  1. Anonyme dit :

    je pense que l’idée de mettre ensembles des enfants et des personnes agées est une ifdée géniale

  2. Anonyme dit :

    Bougez vous les personnes âgées (j’en suis une) allez vers les autres ils sont vachement sympas !!!

  3. Anonyme dit :

    Estelle Dupuy Kro Joséphine

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