IADE : une décision d’équivalence qui passe mal

Accorder, sous condition de la validation d’un stage de trois semaines, une équivalence IADE à une infirmière ressortissante portugaise, ne possédant à priori pas les pré-requis et le niveau pour exercer la spécialisation ? Les syndicats SNIA et UFMICT-CGT s’indignent d’une telle décision, prise par la DRJSCS (Direction Régionale de la Jeunesse et des Sports et de la Cohésion Sociale) de Nouvelle Aquitaine et soulèvent de nouveau la question de la procédure de reconnaissance des diplômes infirmiers spécialisés étrangers en France. 

La DRJSCS Nouvelle Aquitaine, à travers sa commission d’autorisation d’exercice, a donné suite à un dossier présenté par une titulaire du diplôme d’infirmière portugais souhaitant exercer la profession d’infirmier-anesthésiste sur le territoire français. La commission a statué dans le sens d’une reconnaissance des qualifications professionnelles sous couvert de la validation d’un stage de trois semaines. 

Le hic? Cette décision ne respecterait pas la réglementation en vigueur et poserait notamment « un problème au niveau de la sécurité des patients« , expliquent, dans une lettre adressée au directeur de la DRJSCS de Nouvelle Aquitaine  dont ActuSoins a eu copie, le SNIA et l’UFMICT-CGT. 

« Après vérification auprès des autorités de santé du gouvernement portugais et de l’Ordre National Infirmier portugais (Ordem dos Enfermeiros), il apparaît qu’il n’existe pas dans ce pays de spécialité d’infirmière-anesthésiste ou fonction d’infirmier-anesthésiste sous quelque forme que ce soit », ajoutent les syndicats, qui notent que par ailleurs, le Portugal n’est pas membre de l’IFNA (International  Federation of nurses anesthesists) regroupant les organisations d’infirmières-anesthésistes dans le monde. 

« Ce constat aurait dû mener les services de la DRJSCS à refuser le dossier présenté au titre de sa non-conformité« , remarquent les syndicats. En effet, il n’est pas possible de faire reconnaître des qualifications professionnelles acquises dans un pays où la profession et la fonction n’existent pas. 

« Cela contrevient au principe même de la directive européenne selon lequel le dispositif de reconnaissance des qualifications professionnelles concerne les personnes ayant acquis leurs qualifications professionnelles dans un Etat membre et souhaitant l’accès à la même profession et d’exercice de cette profession dans un autre Etat membre« , ajoutent-ils. 

Selon les syndicats, l’infirmière portugaise concernée aurait suivi, après l’obtention de son diplôme d’infirmière, une formation complémentaire pouvant s’apparenter aux diplômes universitaires français (DU) sur le thème de l’anesthésie réanimation. « Ce type de contenu suivi en formation à temps partiel est, dans le contexte local, délivré dans un objectif informatif et non formateur. Il ne saurait remplacer la formation de spécialité d’infirmière-anesthésiste graduée Master en vigueur en France pour accéder au titre d’infirmière-anesthésiste », expliquent le SNIA et l’UFMICT-CGT. 

Un dispositif d’équivalence qui pose question

La profession d’infirmier anesthésiste (IADE) fait partie des professions réglementées. A ce titre, l’exercice de cette profession nécessite une autorisation préalable. Le droit français, en accord avec la réglementation européenne, permet l’exercice de la profession sur le territoire national à des professionnels ressortissants de l’Union Européenne ou de l’espace économique européen. Cet exercice est assujetti à une autorisation d’exercer délivrée par les DRJSCS. Pour les IADE, comme pour tous les infirmiers spécialisés, cette autorisation n’est pas automatique et nécessite une procédure de validation avec présentation devant une commission placée sous l’autorité d’une DRJSCS. 

« Cette procédure est loin d’apporter les garanties nécessaires au maintien de la sécurité des soins en anesthésie et nos organisations syndicales constatent et dénoncent depuis plusieurs mois de très graves lacunes« , expliquent les syndicats dans leur lettre. 

Et de demander au directeur de la DRJSCS d’étudier le dossier « dans de plus brefs délais » et de « prendre d’urgence toutes les mesures qui s’imposent afin de garantir le maintien de la sécurité en anesthésie sur le territoire national« .

 

M.S

 

Reconnaissance des diplômes infirmiers internationaux : lire aussi Formation initiale à l’étranger / Pourquoi? Pourquoi pas ?

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Voir les commentaires (46)

  • C'est ça l'avenir : déclasser, fragiliser toutes les professions : c'est l'ubérisation le grand projet à Macron !

  • Et la nationalité portugaise, Carina Guerreiro n'est pas la "cible" ni cette infirmière portugaise en tant qu'individu.

  • Carina guerreiro.Le diplôme ide portugais est de très bonne qualité. Encore une fois cela n A Rien à voir. La pratique anesthésisque n est pas la même .
    Question.une ide portugaise peut elle endormir seule mX pour une PTH dans la salle y....
    La formation au Portugal n existe pas . Pour aboutir à ce modèle.

  • Au Portugal existent plusieurs spécialités, pas que 4 comme en France! D'autant plus on forme des très bons professionnels et notre DE est de 4 ans, diplôme universitaire! Avant de jeter quoi que ce soit à la nationalité on s'assure de la véracité! Je ne pense pas que ce soit le cas là!

    • Oui, comme dans de nombreux autres pays. La fonction d'infirmier(e) anesthésiste n'existe pas dans beaucoup de pays du monde, où ce sont des médecins ou d'autres auxiliaires médicaux qui réalisent des actes d'anesthésie. Par ailleurs, même dans les pays où le métier d'infirmier(e) anesthésiste existe, il y a une grande disparité dans les compétences et le niveau d'autonomie de ces professionnels. À titre d'exemple, aux États-Unis il y a des états où les CRNA (certified registered nurse anesthesist) peuvent exercer de manière totalement indépendante (en assurant leurs consultations d'anesthésie, le per-op et le post-opératoire, tous les actes s'y rapportant (voies centrales, ALR etc); il y a la Russie où les infirmier(e)s anesthésistes ont essentiellement une fonction logistique de gestion de matériel et pharmacie pour le domaine d'anesthésie et n'ont aucune compétence technique supplémentaire.

    • Donc en gros comme il n'existe pas de spécialité IADE au portugal, se sont les médecins qui réalisent les anesthésies ?

    • Le DE d'infirmière est effectivement obtenu après une formation de 4 ans et cette formation est de très bonne qualité. Rassure toi les syndicats SNIA et UFMICT-CGT se sont correctement renseignés.
      Mais là il est question de la profession et de la fonction d'IADE

  • Pourquoi pas 6 mois de formation pour faite médecin généraliste, dentiste ou detmato...mais où ça le monde ?? On brade notre santé et sécurité .