Cinq infirmières au cœur de la logistique de MSF

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5000 morts contaminés par le virus Ebola en Afrique, et plus de huit mois de mobilisation des équipes de MSF. A Mérignac, près de Bordeaux, l’un des 3 centres logistiques (avec Bruxelles et Amsterdam) de l’ONG s’organise pour fournir, comme à chaque catastrophe humanitaire, tout pour faire face, sur le terrain.

©Eugénie Baccot De gauche à droite, Valérie Carlier, infirmière et Michèle Tetard, pharmacienne

©Eugénie Baccot
De gauche à droite, Valérie Carlier, infirmière et Michèle Tetart, pharmacienne

Ce sont de grands hangars, installés en région bordelaise, près de l’aéroport de Mérignac, qui ont connu de fortes agitations.

Parmi les plus mémorables, le lendemain du tremblement de terre à Haïti tuant 250 000 personnes en 2010. 24 heures après le drame, les premiers « kits 10000 », comprenant des tentes, des vivres et des équipements assurant la survie de 10000 personnes pour 3 mois, décollaient pour la zone sinistrée.

Aujourd’hui, l’agitation n’est pas à son comble, même si les zones de tension sur lesquelles intervient l’ONG sont nombreuses cette année.

Les colis à destination de l’Irak, de la Syrie, de la République Centre Africaine, et des pays touchés par le virus Ebola, Libéria, Guinée et Sierra-Léone, occupent une grande partie des zones « Ready to ship » (prêt à expédier).

MSF Logistique, filiale de l’ONG créée en 1986, a expédié l’année dernière depuis cette base, 3 600 tonnes de matériel, de la seringue à la voiture tout-terrain choisies parmi les 17 900 articles référencés pour les équipes d’humanitaires sur place. 32% des colis seront transportés par les airs et 45% par bateau.

« Cette année, on va faire beaucoup plus », prédit Michèle Tetart, pharmacienne responsable, qui nous fait visiter les 70 000 m2 de hangars, climatisés pour pouvoir accueillir des médicaments.

Fin mars 2014, est parti le premier kit Ebola pour la Guinée : 50m3 de matériel dont 6 pour la protection des individus (gants, cagoules, masques et combinaisons).

Réponses ponctuelles pour démarrer une action de lutte contre le virus, les kits envoyés dans chaque pays ont été rapidement suivis par des envois en grand nombre de matériel de protection des individus. Volumineux et ne pouvant être portés plus de 45 minutes d’affilée, les combinaisons ainsi que les masques et les gants constituent aujourd’hui l’essentiel des envois à destination des pays touchés par l’épidémie.

Des infirmières dans l’équipe

Tout le challenge de la centaine de personnes travaillant à MSF Logistique est de faire parvenir le matériel, les médicaments, à bon port en dépit des contraintes de climat (dans des écarts de températures extrêmes), de règlementation locale (s’assurer que les médicaments sont autorisés dans les pays où ils sont envoyés, respecter les contraintes douanières), et en fonction de la disponibilité des stocks.

Dans les effectifs, on compte ainsi 5 infirmières, opératrices médicales. « Nous sommes le point d’entrée des commandes », décrypte Valérie Carlier, l’une d’entre elles. Celle-ci, avec ses 4 collègues, sont ainsi les interlocutrices des équipes de coordination installées dans les capitales des pays où sont déployés les humanitaires. Les opérateurs médicaux ont ainsi pour mission d’analyser les commandes.

« Nous connaissons tous les protocoles des pays, poursuit Valérie Carlier. Nous donnons des conseils d’approvisionnement. Parfois, nous proposons d’échanger une molécule contre une autre. Nous connaissons toutes les lois d’importation des 10 pays dont nous avons la charge. »

Et pour être du meilleur conseil possible, le terrain est un passage obligé. Cette bordelaise d’origine a ainsi accumulé en 7 ans d’exercice, 3 en missions humanitaires, avant d’être recrutée à Mérignac en 2001.

« Aujourd’hui, je fais des choses que je n’aurais pas imaginé faire : travailler sur un ordinateur et parler anglais avec mes interlocuteurs, partir en déplacements sur le terrain et faire du support en gestion de stock », s’étonne Valérie Carlier.

Une carrière inattendue qui reste pourtant dans la lignée de sa vocation, travailler dans l’humanitaire, même si son quotidien est aujourd’hui beaucoup plus sédentaire.

Ariane Puccini (Youpress)

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