La reconnaissance de l’expertise infirmière : une des clefs de l’ambulatoire

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"Notre souhait est de mettre les soignants, que ce soient les équipes opératoires ou les équipes travaillant à domicile, au cœur du système. La chirurgie ambulatoire, c'est eux", a indiqué le Dr Philippe Cuq, président de l'UCDF (Union des chirurgiens de France), lors du colloque de la nouvelle Société française de chirurgie ambulatoire (SFCA) dont il est également président.

La reconnaissance de l'expertise infirmière : une des clefs de l'ambulatoirePour ce dernier, les freins sont essentiellement les moyens : " humains d'abord, en formant mieux le personnel de soin, les infirmiers, moyens techniques ensuite, en s'assurant de travailler avec des dispositifs à la pointe de la qualité et de la sécurité, et moyens financiers enfin, car il faut que les soignants aient une contrepartie à ce changement de paradigme".

"Lors du colloque, certains infirmiers ont rapporté qu'un acte à domicile leur était facturé parfois 8 euros, déplacement inclus : c'est inconcevable", a-t-il notamment estimé.

La société naissante milite pour une valorisation des existants et la création de nouveaux actes techniques comme la consultation ambulatoire infirmière en amont et la reconnaissance des actes d'éducation thérapeutique et d'information.

Du côté du patient, il y a un "temps d'information considérable sur l'après, les signes habituels et les signes d'alerte". Il faut "faire participer, responsabiliser, éduquer le malade. S'il devient acteur de sa santé, il peut être aussi une barrière de sécurité supplémentaire", a indiqué , de son côté, Corinne Vons, présidente de l'Association française de la chirurgie ambulatoire (AFCA), au magazine Pharmaceutiques.

Médecin traitant, infirmiers, kinésithérapeutes de ville,... seront les acteurs clés de ce développement : "Quand le malade sort de l'unité le soir, il y a tout un travail à faire, il faut accompagner la prise en charge à domicile par l'équipe soignante ", ajoute le Dr Cuq.

"Les choix qui seront faits devront l''être en faveur des soignants. Notre ambition, c'est mettre l'équipe opératoire et l'ensemble des soignants au coeur du développement de la chirurgie ambulatoire", souligne-t-il. 

Faire remonter les bonnes pratiques

La SFCA, créée en juin dernier compte faire remonter les bonnes pratiques et collecter les retours d'expériences de nombreuses équipes, qui, parfois, pratiquent déjà des actes lourds en ambulatoire.

Pour la SFCA qui compte parmi ses adhérents des praticiens, des responsables d'établissements, des infirmiers et soignants, la France est en retard dans le domaine de la chirurgie ambulatoire - en 2013, 43 % des séjours hospitaliers ont été réalisés en ambulatoire : un sur deux dans le privé et un sur trois dans le public - alors qu'aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, sept à huit opérations sur dix se font ainsi.

Les Inspections générales des affaires sociales (Igas) et des finances (IGF), dans un rapport dévoilé par Le Point le 29 août, fixent un objectif de 64% et déterminent les étapes de déploiement, mais se gardent d'évaluer le montant des économies.

La ministre de la Santé Marisol Touraine souhaite, elle, qu'un acte sur deux soit réalisé en ambulatoire d'ici à 2016 pour un gain d'1 milliard d'euros.

"La réflexion autour de l'ambulatoire doit englober aussi le juridique, l'organisationnel, le médico-économique… D'autant plus que l'amélioration de l'ambulatoire fait partie des objectifs de la stratégie nationale de santé", affirme le Dr Cuq.

Concernant les craintes de la Fédération hospitalière de France (FHF) et d'autres organisations sur de possibles suppressions d'emplois liées à l'ambulatoire,lLe Dr Cuq ne parle pas de "licenciements" mais de "transformation" des emplois. "Les unités de chirurgie ambulatoire nécessitent plus de personnels pour accueillir, conforter, organiser", indique-t-il.

Dix propositions

Pour la SFCA, la chirurgie ambulatoire est le mode d'hospitalisation de demain. C'est en tout cas ce que pensent les Français, selon un réalisé par le groupe de cliniques Générale de santé publié par Le Figaro. Ainsi, 8 Français sur 10 la plébiscitent et ce chiffre grimpe même à 9 sur 10 pour les personnes de plus de 50 ans.

La Société Française de Chirurgie Ambulatoire (SFCA) a également présenté 10 propositions pour développer et améliorer la pratique de la chirurgie ambulatoire.

Elle appelle à la mise en place "d'un grand plan de réforme du secteur public hospitalier" et à la relance de "la convergence tarifaire intersectorielle".

Il s'agit pour les établissements de santé de "restructurer complètement leur unités chirurgicales", de "repenser leur modèle économique et leur relation avec la médecine de ville". Pour les soignants, de "développer une approche interdisciplinaire et de repenser la prise en charge du patient pour garantir qualité et sécurité tout au long du parcours de soins".

De son côté, l' Maladie "doit imaginer une évolution du financement de la chirurgie pour inciter à l'extension de l'ambulatoire et rémunérer au juste prix ceux qui la font".

Cyrienne Clerc

Pour aller plus loin : le site de la SFCA

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