Ebola : les détails préoccupants de la prise en charge en Espagne

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Alors que l'état de l'aide-soignante espagnole s'aggrave, la presse espagnole révèle les "failles" : combinaisons trop courtes, déchets infectieux transportés dans l'ascenseur du personnel, ambulance non équipée,...

Ebola : les détails préoccupants de la prise en charge en Espagne

Virus Ebola

L'hôpital Carlos III a fait état d'une dégradation de l'état de santé de Teresa Romero qui a fait partie de l'équipe ayant soigné deux religieux espagnols rapatriés d'Afrique, et atteints par le virus.

Le deuxième religieux était mort le 25 septembre. Le lendemain, l'aide-soignante a pris des vacances et pendant celles-ci, à partir du 29, a commencé à se sentir mal.

Ce n'est que le 6 octobre qu'elle a finalement été hospitalisée, ses correspondants à l'hôpital de La Paz-Carlos III où elle travaillait lui ayant auparavant indiqué qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter si sa température ne dépassait pas 38,6°C.

Six autres personnes sont aujourd'hui hospitalisées  à Carlos III, un établissement où deux étages, le sixième et le cinquième, ont été réservés pour traiter les cas d'Ebola et recevoir des cas suspects. Deux présentent des symptômes.

Une source hospitalière a déclaré que les malades se trouvant au quatrième étage allaient être transférés dans d'autres établissements, afin de l'adapter pour le personnel qui devrait s'occuper de malades d'Ebola.

Un médecin urgentiste dénonce

Juan-Manuel Parra, le médecin urgentiste qui a pris en charge cette aide-signante, fait partie des six personnes hospitalisées . Il a décrit dans la presse espagnole, comment il a porté assistance pendant seize heures à cette personne, sans protection suffisante, avant d’apprendre, par la presse, qu’un test réalisé dans un laboratoire spécialisé l’avait révélée positive au virus Ebola.

Selon le docteur Juan Manuel Parra, lorsqu’il a pris son service dans l’hôpital d’Alcorcon où l’aide-soignante a été amenée – au lieu d’être hospitalisée directement à Carlos III, l’hôpital de référence – elle présentait déjà les premiers symptômes : éruptions cutanées sur le torse et l’aine, une myalgie (douleurs musculaires) et toux.

L'aide-soignante avait signalé dès son arrivée qu'elle craignait d'être porteuse du virus Ebola et a été placée dans une chambre séparée. Le Dr Parra et des infirmiers entrent dans la chambre avec des combinaisons de protection de base : une blouse imperméable, des doubles gants, une cagoule et un masque chirurgical. « Les manches étaient trop courtes pour moi tout le temps » et une partie des poignets est restée à découvert, écrit-il.

À partir de 18h, le jour même, Juan Manuel Parra demande le transfert de la patiente à l’hôpital La Paz-Carlos III. Il décrit un état de santé « instable, avec un haut risque de complication et la nécessité d’une attention permanente avec des diarrhées, expectorations, vomissement et la présence de menstruation de la patiente ». Toutefois, selon lui, ce n’est qu’à minuit qu’arrivera enfin l’ambulance pour la transporter.

Pas de protection pour les ambulanciers

Les ambulanciers  ne disposaient pas d'un véhicule équipé pour prendre en charge une personne atteinte d'une maladie contagieuse. En arrivant, sur les conseils de Teresa Romero, ils auraient tenté de se protéger avec le matériel dont ils disposaient: une blouse et un masque en papier, des gants.

Ils auraient rappelé leur hiérarchie pour se faire préciser la marche à suivre, et celle-ci aurait insisté pour qu'ils conduisent quand même la patiente à l'hôpital.

Teresa Romero a été déposée à l'hôpital Alcorcon par une entrée séparée, mais l'ambulance, ce travail fini, a continué à tourner toute la journée, transportant sept autres malades. Ce n'est qu'à l'annonce officielle de la maladie de l'aide-soignante que le véhicule fut désinfecté.

Improvisation à tous les étages

Par ailleurs, syndicats et personnels de santé dénoncent une longue liste de défaillances dans la prise en charge, laissant craindre d'autres cas.

D'abord, le rapatriement «improvisé» des missionnaires Miguel Pajares, le 7 août et Manuel Garcia Viejo, le 22 septembre ,dans un service en voie de démantèlement en raison des mesures d'austérité, selon le syndicat de fonctionnaires CSI-F.

La formation des personnels aurait été limitée, voire inexistante. «Je ne suis pas préparé. Je ne suis pas entraîné. Et c'est pareil pour de nombreux collègues», a confié dans El Mundo Santiago Yus, un des médecins traitant l'aide-soignante à l'hôpital La Paz-Carlos III.

Selon les syndicats, l'équipement était lui inadéquat. Une infirmière a confié, sous couvert d'anonymat, que les combinaisons fournies ne ferment pas bien et qu'il faut les fixer aux poignets et aux genoux avec de l'adhésif. Plusieurs personnels ont également expliqué que des résidus (draps, langes, matériel infecté.. etc) ont été transportés dans un ascenseur par où transite le personnel et déposés dans la rue jusqu'à ce qu'un camion le récupère pour les incinérer.

Rédaction ActuSoins, avec AFP, Le Parisien, Le Figaro

La fièvre hémorragique Ebola a fait 3 865 morts sur 8 033 cas enregistrés dans 5 pays d'Afrique de l'Ouest (Sierra Leone, Guinée, Liberia, Nigeria, Sénégal), selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), arrêté au 5 octobre et publié le 8 octobre à Genève.

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Réactions

16 réponses pour “Ebola : les détails préoccupants de la prise en charge en Espagne”

  1. Enfin une parole censée .. Merci Bruno 😉

  2. Bruno Pezet dit :

    Pour calmer certains depuis mars les dirigeants des 4 pays africains concernés demandent de l’aide. Nos dirigeants ne bougent pas et nous endorment avec l économie. La santé c’est la vie et l économie n’est pas la vie. J’invite chacun d’entre vous a envoyer (comme moi) une lettre à François le dernier afin de le mettre en garde quant aux conséquences de son laxisme dans cette future catastrophe. Ne vous montez pas en pression entre vous mais plutot contre les vrais fautifs. A vos plumes….

  3. Marc Jouanin dit :

    Bon ben bonne nouvelle on va tous y passer

  4. Et c’est toute une organisation et x protocoles qui vont être mis en place aussi en + de ce qu’il ya déjà au quotidien … Mm si il y aura tjs ce soucis de prétexte économique bcp de choses seront en place

  5. Julie Lombard dit :

    C’est flippant ! D’autant plus qu’à mon avis les 3/4 des établissements hospitaliers francais ne sont pas prêts à y faire face !

  6. Natouu Sun dit :

    Ebola arrive en France sa fait peur !!!

  7. Bruno Pezet dit :

    Sous prétexte économique on ne ferme pas les frontières et on ramène des malades. Tout ceci est prévisible, ils le font exprès y a pas d’autres raisons possibles…à vouloir jouer aux apprentis sorciers ça fini Tjrs mal.

  8. Ont a tout fait pour qu’il arrive en Europe …
    Ou rien fait je sais pas comment faut le dire….

  9. Nous, on pourra toujours critiquer notre système mais nos SAMU et nos SMUR, eux, sont organisés, pas comme les paramedics espagnols (visiblement)…

  10. Maud Oux dit :

    C’est aberrant d’apprendre ça !!!

  11. Kiko Kawasaki dit :

    C’ est très grave…..il y a que les politiques qui pensent que tout sera sous contrôle !!!!! les pauvres. Que Dieu vous protège.

  12. Gwen Yvinec dit :

    Ça craint à mort…

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