Ecosse : les infirmières dans le référendum

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A la veille du référendum d'indépendance - le vote a lieu demain, jeudi septembre - , l'Ecosse bouillonne. Au coeur du débat : le système de santé. Actusoins a passé la journée à Glasgow, avec des infirmiers du collectif pour le « YES ». 

Andrew, Anne-Marie et Lesley, infirmiers à l'hôpital du district Nord-Ouest de Glasgow et militants au collectif du "Yes".

© Leila Minano                                                     Andrew, Anne-Marie et Lesley, infirmiers à l'hôpital du district Nord-Ouest de Glasgow et militants au collectif du "Yes".

« Tout le monde en parle à l'hôpital ». Andrew, 30 ans, infirmier à Glasgow, la deuxième ville du pays, ne tient plus sur sa chaise.

Comme plus de quatre millions d'Ecossais, dans moins de 48 heures, il plongera son bulletin de vote dans l'urne. Pour lui se sera un « Yes », sans hésiter.

A l'heure de la pause déjeuner, nous lui avons donné rendez-vous, avec Anne-Marie et Lesley, deux de ses collègues de l'hôpital du district Nord-Ouest de Glasgow, également ralliées à la cause indépendantiste.

A 48 heures du référendum d'indépendance, à l'hôpital, la grande majorité du personnel a déjà pris sa décision.

« C'est facile à deviner, prétend Andrew. Il est plus tendance d'être indépendantiste, donc les 'Yes' font leur 'coming out' tout de suite, alors que ceux qui votent non, restent silencieux. Après tout, ils font ce qu'ils veulent, le vote est secret! ».

Pas tellement, si l'on en croit la comptabilité tenues par les trois infirmiers... « Jeremy, David,... Je dirais que c'est 50-50 », décompte Anne-Marie. Lesley ajoute que « tous les travailleurs sociaux voteront non, tout comme les médecins, trop inquiets à l'idée de payer davantage d'impôts ».

A l'hôpital de Glasgow, tout le monde semble mobilisé. Rien d'étonnant , dans tout le pays, le personnel du National Health Service (NHS), est à l'avant-garde de la campagne. Et pour cause : l'avenir du système de santé écossais, toujours sous la houlette britannique, est au cœur de toutes les interrogations...

« Le système de Santé sera privatisé ! »

Que se passera-t-il si les Ecossais prennent leur indépendance? Qu'adviendra t-il de l'ancien système qui garantit la gratuité des soins et des prescriptions à un large pan de la population (revenus moyens à faibles, personnes âgées, étudiants, chômeurs, enfants, etc..) ? Qui versera les salaires au personnel du NHS, aujourd'hui payés par Westminster ?

Autant de questions qui inquiètent les professionnels, dont 54 000 infirmières, mais aussi tous les citoyens écossais.

Cela, les leaders politiques l'ont bien compris et chaque camp n'hésite pas à agiter le chiffon rouge. Ainsi, il y a une semaine, un des porte-paroles loyaliste prévenait : en cas de victoire des indépendantistes, il y aura « une coupe d'un milliard de sterling dans le budget de la NHS, l'équivalent de 36 000 postes d'infirmières ».

En réponse, le secrétaire d'Etat à la Santé du parlement écossais, défenseur du Yes, jurait, lui, que si le non l'emportait : « le système de Santé serait privatisé !».

A la base, le personnel médical, se livre aussi bataille. Il y a une semaine, 200 personnels du NHS -dont de nombreuses infirmières- publiait une lettre ouverte dans le journal national, afin d'exprimer leur attachement au système existant.

En face, les soignants indépendantistes ont fondé le « NHS for yes », dont font partie nos trois infirmiers. Ce collectif dispose d'un site internet (http://www.nhsforyes.org) pour répondre aux questions spécifiques sur le système de santé et mène une campagne acharnée sur les réseaux sociaux.

Et comme on peut l'observer sur Facebook et sur Twitter, malgré les consignes de discrétion, l'engagement des uns et des autres est difficile à refréner. Photos, vidéos, articles, les soignants des deux bords se livrent un combat virtuel acharné.

Pourtant, à l'hôpital de Glasgow, le débat entre les Pour et les Contre, ne déchire pas les relations entre infirmiers. Pour Lesley, ce n'est pas une surprise : « Quelque soit l'issue du référendum, la santé reste notre priorité numéro un. Sur ce point là, nous serons toujours d'accord ».

Leila Minano

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