Handiconsult : des infirmières et des médecins spécialistes dédiés

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Le centre hospitalier d'Annecy propose aux personne handicapées qui ne peuvent se faire suivre en ville de consulter des spécialistes dans un cadre sanctuarisé. 

Handiconsult : des infirmières et des médecins spécialistes dédiésUne femme polyhandicapée de 42 ans qui n'a jamais consulté de gynécologue. Un enfant autiste qui ne supporte pas qu'on le touche. Un adulte tétraplégique qu'aucun dentiste n'a hissé sur son fauteuil dentaire. Un jeune homme présentant de fortes déformations physiques...

Toutes ces personnes rencontrent de grandes difficultés pour accéder aux soins. Pour certaines, c'est même quasiment impossible. Une équipe du centre hospitalier d'Annecy a donc mis en place en 2012 un service expérimental unique en son genre, Handiconsult, qui vient de recevoir un nouveau prix, celui de la Mutuelle nationale des hospitaliers.

Elle propose à ces personnes en rupture de soins ordinaires « du temps et de l'espace », résume Vinca Dupuis, infirmière au sein de la consultation.

De l'espace

Handiconsult dispose ainsi d'une salle d'attente dédiée et les patients n'ont pas besoin de passer par les comptoirs d'accueil et de facturation avant et après leurs rendez-vous. Les salles de consultations sont grandes.

Du temps aussi. L'attente est limitée au maximum : les médecins qui assurent les consultations (de l'hôpital ou libéraux) dans le cadre de Handiconsult ne voient que ces patients-là. Et assurent des vacations régulières d'une demi-journée, dont la fréquence varie avec les besoins.

Leurs spécialités : douleur, épileptologie, gynécologie, ORL, ophtalmologie, dermatologie, médecine physique et de réadaptation, spasticité, dentaire...

Les délais de rendez-vous varient d'un à trois mois. Mais les consultations durent le temps qu'il faut : généralement entre 40 minutes et une heure. Il faut du temps pour déshabiller une personne tétraplégique ou pour faire accepter un examen à une personne très agitée...

Handiconsult dispose aussi de lèves-malades et le gaz MEOPA (mélange équimolaire d'oxygène et de protoxyde d'azote) est disponible dans toutes les salles de consultation.

Du temps

Toutes les consultations se déroulent en présence d'une infirmière pour seconder le médecin et d'un proche du patient « qui le connaît bien », précise l'infirmière, afin de pouvoir mieux prendre en compte son comportement et sa problématique de santé.La communication avec le patient lui-même peut en effet être difficile voire impossible.

Les consultations sont soigneusement préparées en amont, surtout la première fois : dès le premier contact par téléphone, l'infirmière fait le point sur la mobilité du patient, ses besoins spécifiques, ses éventuelles particularités comportementales afin d'adapter son accueil le jour J.

Des consultations « blanches » sont ainsi organisées pour permettre aux patients autistes, par exemple, de repérer les lieux, les visages, l'atmosphère des lieux, explique le Dr Jean-Henri Ruel, chef du service de neurologie de l'hôpital et coordonnateur de Handiconsult...

Expérimental ?

« En 2013, 853 consultations ont été dispensées, et 426 entre janvier et mai 2014 », indique le médecin.

La moitié des personnes accueillies présentent un handicap, un quart présente deux types de handicap et 20% sont polyhandicapés. Elles ont tous les âges mais les adultes en général et les 40-49 ans en particulier sont les plus représentés dans la file active.

En plus des médecins consultants, deux infirmières et une secrétaire les accueillent. Le dispositif a ouvert en avril 2012 grâce au soutien de l'ARS de Rhône-Alpes, à titre expérimental et pour deux ans.

Le projet a connu un succès rapide et un écho important, jusques au ministère de la Santé, très intéressé par la démarche. Le financement, sur le fonds d'intervention régional (FIR) est donc reconduit pour deux ans.

Ce dispositif exemplaire, Handiconsult, vient également d'être primé dans le cadre du 17e trophée de l'innovation handicap de la Mutuelle nationale des hospitaliers.

 Olivia Dujardin

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