Débat autour du futur métier d’infirmière clinicienne

La future loi de Santé, qui doit être présentée au conseil des ministres au mois de juillet 2014, envisage de mettre en place de nouveaux métiers dans le domaine de la santé, dont des infirmières cliniciennes. L'Union nationale des omnipraticiens français (Unof-CSMF) s'oppose à la création de ce métier.

"La création du métier d’infirmier clinicien est une innovation qui s’inscrit dans la stratégie nationale de santé", précise le troisième Plan cancer

"La création du métier d’infirmier clinicien est une innovation qui s’inscrit dans la stratégie nationale de santé", précise le troisième Plan cancer

"L’idée est bien sûr généreuse puisque les promoteurs d’un tel projet mettent en avant la valorisation du médecin généraliste, pilier du système de santé, et le fait que ce dernier devrait se consacrer à des tâches beaucoup plus "nobles", et donc plus complexes, qui mettent en avant ses niveaux de compétences” explique l’UNOF,qui indique que le projet de loi, prévoit bien "de mettre en place de nouveaux métiers dans le domaine de la santé, dont des infirmières cliniciennes".

"Il s'agirait de confier à des infirmières libérales des missions assurées aujourd'hui par les médecins généralistes libéraux, c'est-à-dire des consultations pour des situations cliniques dites 'simples'", rapporte le syndicat.

L'UNOF regrette que le gouvernement et l’assurance maladie aient toujours montré "beaucoup plus d’intérêt pour la technicité des actes que pour l’acte intellectuel des actes cliniques". 

Les généralistes craignent d'être dépouillés

Il considère que la mise en place d’infirmières cliniciennes "constitue un véritable marché de dupe où l’on dépouillerait le médecin généraliste des consultations dites "simples" pour ne lui laisser que des consultations complexes rémunérées 23€ !"

Le syndicat demande donc l’ouverture de négociations conventionnelles pour hausser le C à 25 euros et la mise en place d’un C2 pour les consultations  "de plus en plus complexes et de plus en plus nombreuses" qui sont
"liées au vieillissement d'une population présentant de fréquentes poly-pathologies".

Il regrette que "le gouvernement et l'assurance maladie s'y opposent catégoriquement","montrant ainsi le plus grand mépris pour les médecins généralistes et l'acte intellectuel qui constitue l'essentiel du contenu de leurs consultations".

Rappelons que le troisième Plan cancer 2014-19, présenté en février, prévoit la création d'un tel métier, qui serait déployé prioritairement en cancérologie. Les premiers masters de pratiques avancée devraient être créés pour la rentrée 2016.

L'enjeu : les maladies chroniques

Le débat autour des nouveaux métiers infirmiers est au centre des débats. Le 27 mai, les invités du club Mediapart, les professeurs André Grimaldi et  Jean-Paul Vernant, soulignait que la prise en charge des patients atteints de maladies chroniques "implique donc une nouvelle répartition des tâches entre les différents acteurs avec notamment la création du statut d’ infirmière clinicienne" .

Cette prise en charge ajoutaient-ils, "relève d’une médecine personnalisée, intégrée et coordonnée entre les professionnels (médecins, paramédicaux et travailleurs sociaux) et entre la ville et l’hôpital. (...) Elle suppose également de revoir pour les maladies chroniques, le financement actuel par la T2A à l’hôpital et le paiement à l’acte en médecine de ville qui favorisent la concurrence et la multiplication des actes au lieu de la coopération".

"La priorité aurait dû être depuis longtemps la construction avec les médecins et les paramédicaux volontaires d’un service public de la médecine de proximité", précisent les deux professeurs.

"Etre infirmier est une chose, médecin une autre"

Les réactions ont été vives : "ne trouvez-vous pas que confier la coordination des soins -ce qui est sous-entendu dans votre article- à une "infirmière clinicienne" statutaire, implique une régression de la qualité du diagnostic et du traitement, aussi grand soit mon respect pour le métier d'infirmier? Etre infirmier est une chose, médecin une autre. N'est-ce pas là une façon de gérer la pénurie des seconds ?", repond une bloggeuse.

"Souvent confrontés à des polypathologies, les malades chroniques  ont  au contraire grand besoin d' une coopération entre praticiens expérimentés, d'un travail en réseau qui ne soit pas a minima, d'une prise en compte de leur parole ce qui fait très souvent défaut, le malade étant encore regardé comme un assemblage d'organes et de viscères, coupé en tranches comme un saucisson", estime t-elle.

Cyrienne Clerc

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Réactions

3 réponses pour “Débat autour du futur métier d’infirmière clinicienne”

  1. Kyon Saeba dit :

    C’est bien de voir que les médecins veulent encore nous prendre pour des jambons! Ils en veulent plus pour leurs pomme et ne veulent surtout pas nous laisser une part du gâteau (même si on fait un master derrière pour obtenir les compétences)

    Par contre il est amusant de noté qu’ils veulent une augmentation du C (encore et toujours comme quoi 5 euros d’augmentation du C en 10 ans n’est pas suffisant) et ceux pour une consultation simple qui plus est!

  2. Tout à fait pour cette évolution également. La prise en charge des pathologies chroniques à domicile nécessite un ré aménagement.

  3. Elye Zemoi dit :

    Tout à fait pour cette évolution, je vais pas dire le contraire je suis en plein dedans

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