La pose de sonde naso-gastrique : un soin redouté par les patients et par les soignants

Acte assez agressif, la pose de sonde naso-gastrique (SNG) reste incontournable dans certaines indications à visée diagnostique, thérapeutique ou nutritionnelle.

La pose de sonde naso-gastrique : un soin redouté par les patients et par les soignants

©Wikimedia Commons

Cet acte infirmier est réglementé par les articles R.4311-7 et R.4311-5 du Code de la Santé Publique et se réalise sur prescription médicale (PM).

Art R.4311-7 : l’infirmier […]est habilité à pratiquer les actes suivants soit en application d’une prescription médicale qui, sauf urgence, est écrite, qualitative et quantitative, datée et signée, soit en application d’un protocole […]: pose de sondes gastriques en vue de tubage, d’aspiration, de lavage ou d’alimentation

Art R.4311-5 : dans le cadre de son rôle propre, l’infirmier […] accomplit les actes ou dispense les soins suivants visant à identifier les risques et à assurer le confort et la sécurité de la personne et de son environnement et comprenant son information et celle de son entourage : administration de l’alimentation par sonde gastrique, sous réserve des dispositions prévues à l’article R.4311-7 et changement de sonde gastrique ; soins et surveillance de patients en assistance nutritive entérale ou parentérale.

Sonde naso-gastrique : un large éventail de modèles

De tailles variables (CH 4 à 20), radio-opaques et graduées, leur utilisation est conditionnée par leur composition et leur calibre.

Les sondes en PVC  (Salem) assez rigides, sont utilisées pour de courte durée (3 à 4 j) car le PVC est dégradé par l’acidité gastrique. A une extrémité, elle comporte 2 orifices permettant une prise d’air et une connexion pour l’aspiration, l’autre extrémité comportant plusieurs orifices pour aspirer le contenu gastrique. La prise d’air est primordiale en cas d’aspiration douce car elle évite que le tuyau ne se collabe à la paroi de l’estomac et ne crée un ulcère.

Ces indications sont multiples  (CH 16-18) :

- syndrome occlusif (arrêt brutal des matières et des gaz provoquant d’importantes douleurs, des nausées et vomissements) ;

- hémorragies digestives hautes (permet un lavage gastrique avec de l’eau froide afin de favoriser la vasoconstriction des vaisseaux) ;

- chirurgie digestive lourde permettant une vidange et un repos gastrique (prévention de la dilatation de l’estomac, des vomissements, des tensions des sutures digestives) ;

- prévention des risques d’inhalation chez les patients intubes-ventilés.

Les sondes en silicone et en polyuréthane, très souples, sont utilisées préférentiellement pour les nutritions entérales et l’administration de traitement. Elles offrent une excellence tolérance et leur résistance face à l’acidité digestive permet une utilisation de longue durée (max 30 jours) avec de petits calibres (CH10-12). Les indications sont nombreuses : alimentation orale impossible (chirurgie ORL lourde), apports nutritifs insuffisants (prématurés), dénutrition majeure (anorexie), troubles de la déglutition.

Un seul point les différencie : la lumière des sondes siliconées comporte des irrégularités qui favorisent l’obstruction, ce qui n’est pas le cas des sondes en polyuréthane (conduit interne lisse).

Sonde naso-gastrique : quand l’alimentation devient nutrition

La pose de la sonde naso-gastrique

Après vérification de la prescription médicale, le matériel est préparé et les règles d’hygiène sont respectées pour la réalisation de ce soin. L’intérêt du geste, son déroulement sont expliqués au patient, favorisant ainsi sa coopération. La voie nasale est privilégiée (sauf traumatisme maxillo-facial important, fracture des os de la base du crâne et les prématurés).

Le passage de la sonde dans le pharynx puis dans l’œsophage est facilité par une position demi-assise, la tête fléchie en avant et les mouvements de déglutition du patient synchronisée avec la progression de la sonde. Seuls les patients intubés (au bloc) sont laissés en décubitus dorsal.

La position de la sonde est vérifiée par l’injection rapide de 50ml d’air couplée à une auscultation gastrique à la recherche d’un bruit hydro-aérique. Mais attention, il existe des faux positifs !!

Un contrôle radiologique peut être demandé (sur PM), il sera systématique chez tout patient intubé-ventilé ou en cas de chirurgie digestive lourde.

Les contre-indications  sont peu nombreuses : ingestions de toxiques corrosifs, chirurgie récente des voies digestives hautes (risque de lâchage de sutures). Il existe de multiples complications d’apparition immédiates et plus tardives.

Complications immédiates Actions
Trajet sous muqueux pharyngé Introduire la sonde avec douceur
Fausse route dans la trachée Retirer la sonde immédiatement avant de réitérer l’opération
 Epistaxis Vérifier le bilan d’hémostase. Bien lubrifier la sonde, ne jamais forcer en cas de résistance
Inhalation alimentaire Toujours être vigilant, pose 6 h après le dernier repas
Fausse route intracrânienne (fracas maxillo-facial et crânien) Privilégier la voie buccale et la pose par un médecin
Complications secondaires Actions
Arrachement de la sonde accidentelle ou volontaire Reposer la sonde
Déplacement secondaire de la sonde Toujours vérifier la position de la sonde
Obstruction de la sonde Rincer avec de l’eau après chaque utilisation
Reflux gastro-œsophagien, pneumopathie d’inhalation Position demi-assise pendant et deux heures après la fin de la nutrition ou tête de lit surélevée à 30° (réa)
Infection : otite, sinusite Soins de bouche et de nez pluriquotidiens
Altération des muqueuses nasale et buccale (ulcération, escarre) Surveillance et changement quotidien de la fixation Changement de narine

Sonde naso-gastrique : quelques précautions

- Haricot et protection type absorbex sont indispensables pour l’hygiène et la protection du patient.

- Les antécédents du patient type déviation de la cloison nasale sont importants afin de privilégier la narine opposée à cette déviation pour introduire la sonde.

- Mesurer la distance pointe du nez-oreille-creux de l’estomac (sous l’appendice xyphoïde).

- En raison de leur souplesse, les sondes en silicone et en polyuréthane sont placées au frigo 2 heures avant la pose afin de les rigidifier.

- Lubrifier les sondes, les sondes siliconées avec du gel hydrosoluble uniquement.

- Utiliser la courbure naturelle de la sonde, progresser au rythme du patient.

- Un repère au marqueur indélébile sur la sonde n’empêche pas de contrôler la position de la sonde à chaque changement d’équipe et à chaque utilisation.

- La fixation avec précaution doit éviter les escarres du nez, la fixation avec un fils reste exceptionnelle (ORL).

- Toujours rincer les sondes avec de l’eau après utilisation pour la nutrition entérale.

- Attention lors de l’administration de comprimés, s’assurer que les médicaments peuvent bien être réduits en poudre (médicaments à libération prolongée).

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Surveillance de la sonde naso-gastrique

- Vérification de la position (fixation, repère, auscultation, perméabilité) de la SNG est impérative à chaque prise de poste et avant chaque administration.

- Surveillance de la quantité et qualité de liquide recueilli sous aspiration douce à -20 à -30 mbar.

- Surveillance de l’absence de nausée, vomissement, douleur et de la reprise du transit.

- Contrôle du résidu gastrique (++ chez les prématurés) permet d’avoir un reflet sur la vidange gastrique et d’adapter le débit.

Utilisée quotidiennement, la sonde gastrique n’est pas dénuée de complications et sa surveillance ne doit en aucun cas être banalisée.

Des infirmières sur le front de la nutrition

 Laurence Piquard

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Bibliographie

- Pose et surveillance d’une sonde naso-gastrique – Isabelle Bonnefoy - Infirmiers.com

- La pose de sonde gastrique - Vincent Elmer-Haerrig - Infirmiers.com

- Comment choisir et poser une sonde naso-gastrique pour nutrition entérale – journée CLAN 2012

-Du « bon usage » de la sonde nasogastrique – D.Chassard, P.Boulétreau, J.P. Tournadre

Département d’anesthésie-réanimation Hôpital de l’Hôtel Dieu et Hôpital Edouard Henriot – 69000 Lyon – SFAR 1998

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Réactions

4 réponses pour “La pose de sonde naso-gastrique : un soin redouté par les patients et par les soignants”

  1. Marion Pica dit :

    le plus désagréable reste malgré tout pour le patient… a chaque pose je souffrais pour eux!

  2. c’est clair, je déteste

  3. Pour la pose de sonde naso-gastrique d’aspiration, ne pas oublier de fermer le circuit (sans mettre l’aspiration en marche), ça peut éviter de se retrouver avec 2 litres de liquide marronâtre très nauséabond dans le lit et sur les pieds…

  4. Après en avoir posé souvent quand j’étais en chirurgie digestive et thoracique (des sondes d’aspiration ou d’alimentation -plus rares-), puis aucune pendant plus de 17 ans (libéral puis maison de retraite) ,j’ai été surprise de la facilité avec laquelle j’ai dû en reposer une vers 3h du mat à une femme aphasique SDF qui venait de l’enlever en service de médecine… Ce serait comme le vélo? Le geste ne s’oublie pas? Ou la femme était très coopérante avec moi?

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