Etre infirmière en Unité pour Malades Difficiles

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Les unités pour malades difficiles (UMD) sont des services hospitaliers psychiatriques spécialisés dans le traitement des malades présentant un état difficile majeur. Il en existe une dizaine en France, dont une fondée en 1910 à l’hôpital Guiraud de Villejuif dans le Val-de-Marne. Une infirmière témoigne sur son travail dans cette unité.

Etre infirmière en UMD Unité pour Malades Difficiles

Unité pour malades difficiles du centre hospitalier Paul Guiraud - © PGV

« Je suis arrivée à l’UMD en 2003, raconte Sandrine. J’ai toujours travaillé en milieu psychiatrique car j’aime le côté relationnel que l’on peut tisser avec le patient. Au départ, je voulais travailler avec les enfants atteints du cancer ou du Sida. Mais pendant mes études en soins infirmiers, j’ai fait un stage en psychiatrie et cela a été une révélation. »

Les patients en UMD

Les patients pris en charge au sein des UMD « sont ceux que nous n’arrivons pas à prendre correctement en charge sur le secteur ou en Service médico-psychologique régional (SMPR) dans les établissements pénitentiaires », explique Sandrine. Ce sont généralement des patients schizophrènes, paranoïaques, bipolaires, hystériques ou encore en état limite.

Ils sont souvent en crise lorsqu’ils arrivent à l’UMD. Chimio résistants ou encore catatoniques, les professionnels de santé du secteur ne savent plus comment les gérer. La demande d’un placement est adressée par l’équipe du secteur aux médecins de l’UMD qui peuvent accepter la prise en charge du patient s’ils considèrent que c’est un cas qu’ils peuvent traiter ou la refuser s’ils ne peut pas le soigner ou s’ils n’ont pas de places disponibles.

L’équipe de l’UMD est composée de médecins, d’infirmiers, de psychologues, de psychomotriciens, d’ergothérapeutes, d’aides-soignants, d’agents des services hospitaliers, de cadres de santé ou encore de secrétaires. « Il y a plus de 100 professionnels de santé pour une file active de 69 patients, indique Sandrine. Et nous prenons toujours en charge un patient à deux. » L’UMD reste un milieu difficile car fermé. Les patients peuvent être dangereux physiquement et psychologiquement. « Ils peuvent parfois être agressifs notamment dans des moments de délire où ils ne voient plus le soignant en face d’eux mais quelqu’un qui leur veut du mal », souligne Sandrine.

La prise en charge

A l’UMD, les patients sont encadrés par des professionnels de santé 24h/24. « Mon travail consiste à accompagner les patients pendant leur hospitalisation avec des entretiens et des activités », rapporte l’infirmière. Et d’ajouter : « Quand ils arrivent à l’UMD, ce n’est pas facile de les stimuler. Mais progressivement, ils vont mieux dans leur maladie et nous pouvons les solliciter. »

Les activités proposées aux patients sur prescriptions médicales et le plus souvent sur la base du volontariat sont variées : ergothérapie, sculpture, peinture, travail sur la représentation des mots, relaxation, gymnastique douce, cuisine, jardinage, esthétique, jeux vidéo ou encore aquariophilie. « Nous leur proposons également de la remédiation cognitive pour les aider à se recentrer sur eux-mêmes car avec leurs maladies, ils sont ?éclatés?, poursuit-elle. Il faut qu’ils se recentrent sur eux, sur leur corps et leur esprit. » Ces activités sont intégrées à leur journée très ritualisée. « Ils ont besoin de cette stabilité », note Sandrine.

Les relations que Sandrine tisse avec ses patients sont basées sur le respect, l’écoute et l’empathie. « J’essaye d’échanger avec eux et de ne pas imposer mon point de vue pour faire en sorte qu’ils se posent des questions et qu’ils trouvent des réponses, soutient-elle. J’aime pouvoir communiquer, aider par la parole et pas uniquement avec les soins techniques. »

L’infirmière n’a pas bénéficié de formation spécifique pour travailler à l’UMD. « J’ai appris sur le terrain, souligne-t-elle. La meilleure formation est celle dispensée par nos pairs et la pratique. Il faut savoir se remettre en question et travailler en collaboration. La psychiatrie, c’est du travail d’équipe. Les échanges sont utiles pour évoluer. Nous avons une réelle cohésion d’équipe qui n’existe peut-être pas dans un secteur où il y a beaucoup plus d’intérimaires. »

La sortie des patients de l’UMD est décidée par une commission de suivi médical composée de médecins experts, de médecins de la DDASS et des médecins de l’UMD qui n’ont pas de pouvoir de décision. Les patients sont vus par la commission au minimum tous les six mois. « Mais certains patients ne veulent pas partir de l’UMD car ici il y a toujours quelqu’un pour eux, ils sont rassurés », conclut Sandrine.

Laure Martin

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Réactions

10 réponses pour “Etre infirmière en Unité pour Malades Difficiles”

  1. marina86 dit :

    Bonjour, je suis infirmière en chirurgie
    J’aurais aimé savoir combien d’année avez vous faite en psy « courante » avant d’intégrer une Umd ?
    Qu’est ce qui vous a motivez à y entrer ?

    Je suis curieuse et surtout je vous tire mon chapeau

  2. Mathieu dit :

    c’est une autre façon de le dire ^^

  3. Mary dit :

    https://www.youtube.com/watch?v=C7furOivN10 reveillez vous , on vous fait manger du cancer!

  4. Magalie dit :

     » d’autres hopitaux qui n’en peuvent plus » ne me plait pas trop. j’ai eu pas mal de patients transférés à Sarreguemines et je dois dire que les prises en charges ont toujours été un petit miracle.
    non que nous n’en pouvions plus mais nous ne savions plus ni quoi ni comment faire face à ces patients.

  5. ridfa69 dit :

    la prime aussi est intéressante!!!!!
    les patients difficile dans certain service sont plus calme en umd grâce à la contention qu’apporte le nombre important de personnel.
    Payons mieux les ide, plus de personnel et un cadre plus strict et tous les service marcherons mieux

  6. Severine dit :

    Je bosse en UHR mais j’ai des patients qui seraient mieux pris en charge en UMD …. ( personnel , patient, famille en difficulté ) que faire contre les mauvaises orientations ?

  7. Franck dit :

    moi je dis respect.!

  8. Mathieu dit :

    Je me retrouve assez dans ce témoignage, juste une chose, pour moi ce n’est pas forcément que des patients issus des SMPR, ils viennent aussi d’autres hopitaux psychiatriques qui n’en peuvent plus avec le patient.

  9. Morgane dit :

    Les UMD : vraiment treeees interessantes !

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