Alain, soignant de l’extrême

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Infirmier dans le service des urgences de l’hôpital  de Coulommiers, Alain Gobin est aussi infirmier sapeur-pompier volontaire sur son temps libre. Il y a quelques années, cet ancien para a intégré l’unité très sélective du GRIMP. Entraînements intensifs, tests d’aptitude multiples et actes infirmiers dans des conditions improbables ponctuent son quotidien.

Infirmier dans le service des urgences de l’hôpital  de Coulommiers, Alain Gobin est aussi infirmier sapeur-pompier volontaire sur son temps libre

Alain, infirmier au GRIMP - Groupe de Reconnaissance et d'Intervention en Milieu Périlleux – de Seine et Marne - © M. Surbled

Signe particulier : Pas le vertige

Ils sont rares les infirmiers du GRIMP. Dans certaines régions, ils n’existent même pas. En Seine et Marne , parmi les 1 300 000 habitants, on peut en recenser deux toujours en activité, dont Alain. Grand et athlétique, ses cheveux grisonnants révèlent sa quarantaine tout juste passée.

Au premier abord, Alain est aimable et poli. Après quelques heures d’entretien, il s’avère être un vrai « gentil ». Disponible et courtois, Alain partage avec plaisir son expérience au sein du GRIMP.

Cette activité, annexe à sa profession d’infirmier hospitalier, se pratique dans des conditions difficiles. « Lorsque les victimes sont inaccessibles par moyen conventionnel ou lorsque l’extraction est impossible, le GRIMP est sollicité. En qualité d’infirmier, j’effectue la médicalisation sur protocole, je conditionne et j’accompagne les blessés. Par exemple, récemment, je suis intervenu sur un silo de 22 mètres, où un ouvrier s’était fracturé le radius. Il a fallu soulager la douleur puis hélitreuiller cette personne ».

Pour parvenir à cette compétence, Alain a passé différents tests d’aptitudes. Autonomie sur corde, traversée entre deux immeubles de grande hauteur, test de vertige ou encore descente dans des puits sont pour lui des exercices fréquents pour se maintenir à niveau.

Pour avoir le droit d’exercer, il doit d’ailleurs participer à cent heures d’entraînement annuel. « Cela demande une implication énorme. Il faut savoir qu’il y a bien plus d’entraînements que d’intervention réelles » explique Alain.

Un parcours à rebondissements

Avant, Alain était plutôt attiré par l’environnement et se voyait évoluer vers un métier où il serait en symbiose avec la nature. L’hôpital, les soins et le sang ne représentaient pas grand-chose pour lui. D’autant que les informations véhiculées sur les professions paramédicales ne lui semblaient pas très aguichantes. « On parlait toujours des mauvaises conditions de travail des infirmières, des bas salaires, des batailles menées par la profession. À 20 ans, même si je me cherchais un peu, je ne pensais vraiment pas me destiner vers cette voie ».

Le destin a changé la donne. Appelé par l’armée pour son service militaire, Alain est vite remarqué pour ses aptitudes physiques et son bon niveau de culture générale. Il devient parachutiste, puis travaille au service de santé des armées où il est auxiliaire sanitaire. Quelques formations plus tard, il assiste les médecins, suture les plaies, brancarde et soigne les parachutistes avec lesquels il évolue un peu partout dans le monde.

« J’ai eu comme une révélation. Pour moi, il devenait clair qu’il fallait que j’en fasse mon métier ». Titulaire du CCA, Alain devient ambulancier SMUR. Il découvre alors l’urgence pré-hospitalière et veut aller plus loin. L’hôpital de Lagny dont il dépend lui propose la formation d’infirmier, en contrepartie d’un contrat de 5 ans. Alain accepte, conscient de n’être plus être tout à fait maître de ses futures affectations.

Après une première année en IFSI, il devient pompier secouriste volontaire. Il part au feu, effectue des désincarcérations et effectue du secours aux victimes. « La semaine, je faisais mes études et le week-end j’étais pompier. Je n’ai jamais pu décrocher et c’est pour cela que même diplômé, j’ai poursuivi ces deux activités. C’est un peu comme si je menais une double vie » explique Alain en souriant.

Infirmier  dans un service de réanimation polyvalente pendant 10 ans, Alain continue ses gardes sur son temps libre. Il devient infirmier pompier et gère seul la plupart des interventions. « Je suis seul en Véhicule léger de secours médical, et j’agis sur protocole en attente d’un SMUR », explique Alain.

À présent il fait partie du GRIMP. Titulaire de l’IMP1 – intervention en milieu périlleux de niveau 1-, il s’apprête à suivre une formation en sauvetage et déblaiement pour aller plus loin. Cela pourrait lui servir en cas de séisme ou d’éboulement par exemple. Un ultime challenge physique pour Alain qui mène de front « ses » métiers et sa vie de famille.

Malika Surbled

Alain Gobin en 7 dates :

1991 : Effectue son service militaire chez les paras et devient auxiliaire sanitaire

1992 : Brevet de parachutiste, pratique aussi le parapente

1993 : Entre au SMUR de Lagny en qualité d’ambulancier

2001 : Obtient son D.E puis commence un double cursus infirmier hospitalier / infirmier pompier

2005 : Intègre le GRIMP

2011 : S’apprête à suivre une formation de sauvetage/ déblaiement.

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Réactions

7 réponses pour “Alain, soignant de l’extrême”

  1. anneide11 dit :

    je suis super fière de toi « mon Aline »… ;))) j’ai eu la chance de travailler 2 ans avec lui et c’est un mec GENIAL !!! très pro !

  2. Anonyme dit :

    ça leur prend beaucoup de temps quand même.

  3. Anonyme dit :

    Dans notre promo on a pas mal de pompier volontaire qui sont maintenatn de futurs IDE.

  4. Julian dit :

    C’est son hobbie c’est tout !! Salut collègue moi je vais passer les tests l’année prochaine ! Merci actusoins de parler des infirmiers pompiers!!

  5. Stephane dit :

    Je suis admiratif toutefois j’ai une question à t il aussi du temps libre pour sa famille et pour sa vie personnelle loisirs hobbies etc …. ?

  6. Fan dit :

    C est clair!! Chapeau!

  7. Natacha dit :

    tout simplement…bravo!

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